L’Actualité bataille de prérogatives autour de la gestion des groupes industriels publics

Cafouillage paralysant

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Ali BOUKHLEF Publié 27 Janvier 2021 à 01:06

Ferhat Aït Ali, ministre de l’Industrie. © D. R.
Ferhat Aït Ali, ministre de l’Industrie. © D. R.

Alors que l’économie nationale peine à sortir la tête de l’eau, nombre d’entreprises  publiques  connaissent  des  impasses  managériales.  La guerre des prérogatives rend ardus les arbitrages entre différents secteurs.

Confronté aux graves difficultés que  vivent  les  grands groupes industriels publics, le premier responsable du  département  de  l’Industrie, Ferhat Aït Ali, serait en butte à des résistances  au  niveau  de  certaines  sociétés et serait prisonnier de certaines lois héritées du temps  où Ahmed Ouyahia était à la tête du gouvernement. Cela fait des  semaines que le ministre de l’Industrie tente de  changer  certains  dirigeants   de  groupes  publics.  Mais  selon nos informations, la tâche est ardue. Parfois même délicate.

L’exemple du président du groupe Élec El-Djazaïr est éloquent. Sur décision du ministre, une réunion du conseil d’administration avait décidé de remplacer Kinane Djaouadi Djilali par Mustapha Ferfer à la tête du groupe en question. Pendant des semaines, ce groupe public, qui compte dans son portefeuille l’Eniem, l’Enie ou encore Électro-industrie, était “géré” par deux responsables.

La raison ? En l’absence de l’aval du représentant du Premier ministre, le procès-verbal de la réunion du conseil d’administration n’a pas été validé. Le groupe s’est donc retrouvé avec un P-DG démis de ses fonctions et un nouveau qui n’était pas officiellement installé.Il a fallu l’urgence de régler le cas de l’Entreprise des industries de l’électroménager (Eniem) de Tizi Ouzou pour que Mustapha Ferfer soit installé dans ses fonctions, la désignation des P-DG des filiales devant être officiellement installés par les présidents des groupes.

Le cas d’Élec El-Djazaïr n’est pas isolé. La situation du groupe Algerian Chimical Society (ACS) est encore plus  problématique. Un conseil d’administration réuni il y a quelques semaines a décidé de remplacer l’actuel P-DG, Abdelghani Benbetka, à la tête de ce groupe qui englobe entre autres l’industrie chimique (peintures, industries plastiques, détergents…) et pharmaceutique, dont les groupes Saidal et Socothyd. Mais le représentant du Premier ministre a refusé de parapher le document pour des raisons inexpliquées.

Un  nouveau  responsable  a  été  formellement  désigné  par  le  ministère. Abdelghani Benbetka aurait cependant refusé de quitter ses fonctions tant que le PV d’installation du nouveau P-DG n’est pas encore validé par les services du Premier ministère.

Ce dernier s’appuie, dans cette démarche, sur une circulaire signée en 2018 par  l’ancien  Premier  ministre  Ahmed  Ouyahia  obligeant  les  ministres  de l’Industrie  à  demander  l’aval  du  Premier  ministre  avant  d’opérer  un quelconque changement à la tête des holdings.

Il  s’agissait,  pour  l’ancien  responsable,  d’éviter  les  changements  qui s’opéraient à la tête de ces groupes publics selon le bon vouloir des ministres qui  semblaient  avoir  tendance  à  changer  les  responsables  sans  motifs économiques.  Mais  cette note  est  devenue  une  source  de  blocage  pour l’actuel ministre.

Ainsi, à l’occasion de la crise qu’a connue récemment l’entreprise de Matériel de gerbage et de manutention de Constantine  (German),  le député  du  FJD, Lakhdar  Benkhellaf,  a  révélé  au  quotidien  El Watan  que  le  ministre  de l’Industrie avait des difficultés avec les P-DG des groupes publics.

“Le ministre nous a affirmé qu’il demande depuis une année au holding de lui fournir des rapports de situation sur l’entreprise German, mais il n’a rien reçu”, a révélé le député de Constantine, citant le  ministre  avec  qui il avait eu des entretiens quelques jours auparavant. “Ces groupes ont été créés durant une certaine période avec une mission bien définie au profit de la îssaba ; ils n’en font  qu’à  leur  tête”, a  indiqué  le  parlementaire  qui  précise  même  que “malheureusement, il n’a rien pu  faire  à  cause  d’une vieille note d’Ouyahia”, qui   a  désigné  ces chefs  de  holdings  en  les  protégeant, selon  lui, par des textes de loi les rendant comptables seulement devant le Premier ministre.

Des éléments probants indiquent que le ministre connaît des difficultés avec d’autres dirigeants d’entreprises ou de groupes publics. Mais en l’absence de communication officielle, on ignore les raisons qui ont poussé les services du Premier ministre à ne pas valider les décisions du ministre de l’Industrie qui, indique-t-on, a pourtant écrit des courriers destinés à Abdelaziz Djerad. Mais point de réponse. Tout comme nos tentatives de joindre certains des groupes concernés et les services du ministre de l’Industrie qui n’ont pas abouti.
 

Ali BOUKHLEF

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