L’Actualité Farid Farah, consultant en technologies digitales

“Il n’existe aucune politique digitale transversale”

  • Placeholder

Nabila SAIDOUN Publié 27 Janvier 2021 à 00:51

© D. R.
© D. R.

La digitalisation de l’économie algérienne nécessite la mise “sous réseau” de l’ensemble du pays. Pour Farid Farah, cette opération ne pourra se réaliser sans un partenariat technologique étranger. Malheureusement, le gouvernement n’a toujours pas fait l’effort stratégique nécessaire pour créer l’écosystème adéquat aux entités IT qui veulent externaliser leurs activités vers l’Algérie.

Liberté :  Le  monde  connaît  aujourd’hui  une  révolution  en  termes  de numérisation,  d'intelligence  artificielle,  de  robotique,  de  villes intelligentes… Où en est l’Algérie dans ce domaine ? 
Farid Farah : Lorsque vous me parlez d'intelligence artificielle, de robotique, de villes intelligentes, je pense immédiatement à l’Algérie 4.0 où, malheureusement, la tendance est encore loin de s’accélérer ! Pour y parvenir, le pays doit se doter d’une politique technologique. En clair, les technologies du numérique doivent s’imposer dans le sillage des structures de prise de décisions stratégiques.

Avec l’adoption massive qu’ont connue de telles technologies ces dernières années dans le monde, la frontière entre les nouvelles méthodologies digitales et le paysage politique des pays tend à s’atténuer. Malheureusement, la tendance est à l’inverse concernant l’Algérie. La relation entre les acteurs du digital, quand ils existent, et les organes du gouvernement devrait a priori enregistrer de grands changements. 

Une question se pose alors : de quelle manière ces entités peuvent-elles servir au mieux la population, afin de faire du digital un élément stimulateur du développement du pays ?  Les réponses à cette question peuvent servir de réflexion pour les décideurs à adopter la politique technologique dans les prises de décision dans le secteur du numérique.

Plusieurs rapports d’étude ont indiqué l’existence d’une corrélation entre les pays qui ont intégré la politique technologique dans leur société et ceux qui ont  enregistré  des  pourcentages  de  croissance élevés.  Ce  lien entre la politique et les technologies digitales a provoqué  un impact sur l’attractivité d’un pays lorsqu’il  s’agit de faire appel  aux  investisseurs  pour favoriser la croissance économique. 

Une  chose  est  sûre, cette  tendance  doit  aller  avec la  technologie  quant à l’accélération  de  son  rythme  d’évolution.  Par  le  passé, de  nombreux ministères  n’étaient  pas  en  mesure d’offrir  une  panoplie  de  services numériques, car les responsables ne regardaient pas à la “loupe digitale” ce que le digital allait leur offrir comme moyens pour se rapprocher plus de la population. 

Qu’est ce qui fait que l’on accuse autant de retard à votre avis ? 
Aujourd’hui, la stratégie de la  politique du numérique de l’Algérie a besoin de beaucoup d’atouts supplémentaires et surtout d’un partenariat technologique étranger. La digitalisation de l’Algérie nécessite la mise “sous réseau” de l’ensemble du pays. Cette opération ne pourra se réaliser sans un partenariat technologique étranger. 

Malheureusement, le  gouvernement n’a toujours pas fait l’effort stratégique nécessaire  pour  créer  l’écosystème  adéquat  aux  entités  IT  qui  veulent externaliser leurs  activités  vers  l’Algérie.  Certes, le  numérique  a  arraché plusieurs départements  ministériels  dans  le  gouvernement, mais à ce jour, nous n’avons relevé aucune politique digitale transversale qui pourrait mener le pays vers une transformation globale de la société.

La  technologie  doit  trouver  sa  place  dans  la  mise  en œuvre  des  projets stratégiques comme ceux destinés à l’amélioration des modèles de la santé et de l’enseignement primaire, et  à  la réduction  de  la  pauvreté, de  la  fracture sociale et de la corruption.

Que préconisez-vous comme solutions ?
L’investissement  dans  la  formation  à  travers  la  création  d’espaces d’enseignement digital s’avère être plus que jamais nécessaire ; l’accès facile et multicanal au haut débit devra être généralisé à tous les foyers résidentiels et les efforts utiles à  la  facilitation  de  la  mise  en  œuvre  d’une authentique société d’information  doivent  être élargis  aux  plans  administratif, financier, juridique et universitaire : dossier administratif informatisé et éventuellement dématérialisé,  écoles  en  ligne, société  intelligente  connectée,  paiement mobile, banques virtuelles en ligne, etc.  Le débat sur l’Algérie digitale devra donc être engagé avec les représentants de l’ensemble des couches sociales de la société.

Trouvez-vous qu’aller vers la création des start-up, à profusion, dans le contexte  actuel  est  à  même  de  faire  accélérer  le processus de numérisation ?
Pour devenir terre de la médecine connectée, du crédit en ligne et des circuits de distribution digitalisée, l’Algérie doit réussir son virage numérique. Les efforts déployés par le gouvernement pour doter le pays d’une “FinTech” sont à saluer, puisqu’ils visent à apporter des réponses technologiques aux défis de développement du pays. Mais attention, ces efforts peuvent être ralentis par des facteurs techniques et organisationnels.
 

Entretien réalisé par : N. SAIDOUN

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00