L’Actualité Bachir Tadjeddine, Président du GAAN

“L’Algérie ne dispose d’aucune stratégie sur le numérique”

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Nabila SAIDOUN Publié 22 Janvier 2021 à 22:29

© D. R.
© D. R.

Liberté : Le Gaan bouclera bientôt une année d’existence. En quoi consiste sa mission ? 
Bachir Tadjeddine : Le Groupement algérien des acteurs du numérique (Gaan) est un ensemble d’entreprises qui œuvrent dans le numérique et qui se sont réunies pour fédérer et changer les lois actuelles, afin de s’adapter aux besoins des entreprises. Nous visons aussi la création d’un écosystème favorable au developpement de l’entreprise algérienne dans le secteur du numérique.

Le Gaan compte parmi ses rangs 500 entreprises adhérentes, plus de 5 000 personnes  qui  nous  suivent  sur  les  réseaux  sociaux  et  dispose  de  25 commissions dont 9 sont très actives.  Ces  dernières  ont  déjà  élaboré des documents remis au ministre et autres responsables chargés du secteur et, pour certains, communiqués même au Premier ministre. 

L’Algérie accuse un grand  retard  dans le  domaine  du  numérique  et chacun y va de sa propre argumentation pour l’expliquer. Quelle est la vôtre ? 
Avant d’aller vers quelque chose, il  faut  bâtir  des  fondements.  Il  faut  une vision et une stratégie qui doivent découler d’un plan d’action, et ce n’est pas le cas. Pis encore, en Algérie, chacun fait ce qu’il veut, et c’est inadmissible. Nous avons, d’ailleurs, directement cherché à savoir comment numériser en faisant fi de la question “pourquoi numériser ?”.

Il est indispensable  d’accorder  nos violons quant aux objectifs définis et la manière  d’y  parvenir.  Sachez  qu’il  n’existe  aucune  stratégie  nationale concernant le numérique en Algérie, raison pour laquelle nous nous sommes penchés sur la question et nous nous en sommes sortis avec un document que nous avons envoyé au Premier ministre.  

Que préconisez-vous comme solutions ? 
C’est justement  le contenu  du  document  dont  j’évoque  l’existence et qui regroupe  un  ensemble  de  propositions.  Il  se  résume  en  quatre  axes principaux : il faut d’abord assurer une infrastructure adéquate et solide (une connexion  internet  haut  débit, la  sécurité, etc.).   On  parle  aussi  de  l’e-gouvernement  (dématérialisation  des  services  administratifs  offerts  aux citoyens, de la ressource humaine et de la difficulté d’accéder aux terminaux (micro-ordinateurs) pour diverses raisons.

Cela a amené les Algériens à se rabattre sur les  smartphones et uniquement les smartphones. Et pour maturer tout cela et l’appliquer, il nous faut créer une structure liée directement au Premier ministre chargé  de  l’informatisation du pays, tout comme l’a fait l’Inde, à titre  d’exemple, et  qui  a  réalisé  le  succès que l’on connaît.

Avec 20 millions d’Algériens  qui  accèdent  à  internet  et  aux  transactions bancaires, pour  ne  citer  que  celles-là, qui  ont  quadruplé  lors  de  cette pandémie, nous pouvons dire, aisément, que les Algériens sont fin prêts pour la numérisation.  Il suffit, juste, de leur donner  les  moyens  et  la  possibilité d’utiliser internet comme il  se  doit  pour  régler  leurs problèmes. Aujourd’hui, pour créer une entreprise, c’est la croix et la bannière, et c’est aberrant. Il faut libérer les initiatives.

Pouvez-vous être plus explicite ? 
Savez-vous que pour créer une entreprise, il nous faut huit numéros ? Le numéro du registre du commerce, celui de l’article d’imposition, le numéro du matricule fiscal, le numéro d’identifiant statistique, le numéro de l’employeur, celui de l’inscription à l’Anem, celui de la Casnos. Et pour obtenir chacun de ces numéros, il faut déposer un dossier, des statuts, etc. Le plus judicieux est de réunir tout ce beau monde et s’entendre sur un numéro commun, et régler ainsi le problème de la bureaucratie qui s’avère être un grand frein.

La numérisation est seule à même de nous permettre d’avancer plus vite avec plus de transparence et nous aurons un nombre beaucoup plus important d’entreprises qui exercent et de facto beaucoup plus de postes d’emploi. La réglementation, telle que conçue actuellement, bloque l’entrepreneuriat. Il faut une plus grande cohérence dans la démarche pour garantir la réussite du processus de numérisation perçue comme un véritable levier de performances pour relancer l’économie et augmenter la croissance.
 

Propos recueillis par : N. SAÏDOUN

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