L’Actualité Mohamed Tadjadit a quitté la prison ce jeudi

Le boy-scout révolté

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Imène AMOKRANE Publié 22 Janvier 2021 à 22:57

© D. R.
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Les trois militants du Hirak dont le “poète du mouvement” Mohamed Tadjadit  (27 ans),  Noureddine  Khimoud  (25 ans)  et  Abdelhak  Ben Rahmani (38 ans) ont quitté, ce jeudi, la  prison  d’El-Harrach  après avoir purgé leurs peines. 

Arrêté le dimanche 23 août 2020 par des agents en civil, à Aïn Taya, côte est d’Alger,  avant  d’être  mis  quelques  jours  plus  tard  en  détention préventive, le natif de La Casbah, Mohamed Tadjadit, s’est retrouvé en compagnie de Ben Rahmani Abdelhak (surnommé Merouane), placé sous mandat de dépôt en octobre 2019, et de Noureddine Khimoud (Nadjib Miliano), en prison depuis le 27 août dernier.

Le poète du Hirak a été condamné par le juge du tribunal de Bab El-Oued à six mois de prison, dont quatre ferme. Ils étaient jugés, notamment, pour atteinte à l’unité nationale.

Une accusation dure  à  avaler  pour  Mohamed :  “Que  veulent-ils  dire  par ‘atteinte à l’unité et à la sécurité nationales’ ? ça veut dire que je suis un harki moi ? Je préfère mourir que d’accepter une accusation pareille ! Le pouvoir est en train de nous jeter la pierre”, s’est-il exclamé. Habitant à Heuraoua une commune d’Aïn Taya (est de la capitale), où il nous a reçus, le jeune de 27 ans rumine encore “son chef d’inculpation”.

D’une voix  légèrement  tremblante, il  révèle  qu’il  ne  va  pas  leur  donner l’occasion de l’arrêter encore une fois, “cela ne veut pas dire que je resterai caché, les bras croisés, mais je vais  continuer  à  militer, mais  de  manière légale”.

Au lendemain de sa sortie de prison où il a passé six  mois  de  détention, le poète savoure ses premiers jours de liberté : “Je suis libre dans mon pays, à la vie à la mort !” L’activiste, qui s’est révélé par ses poèmes contestataires dénonçant le régime, est revenu sur les jours  et  les  semaines  passés  à la prison d’El-Harrach. “Derrière les barreaux, les prisonniers vivent  dans des conditions inhumaines”, s’est-il désolé.

Il a, par la même occasion,  lancé  un  appel  aux  autorités : “Laissez leurs familles leur préparer à manger et leur  faire  entrer  el-qofa  (le panier).  La situation est insupportable, en plus de l’insalubrité, les conditions matérielles de la détention et l’alimentation sont catastrophiques.” Et d’ajouter : “Parfois, on nous ramène des marmites remplies d’eau, ils sont en train de les tuer.

C’est une atteinte à la dignité, alors qu’en principe, en prison, on nous prive de liberté seulement.” Interrogé sur le secret de sa popularité, il a révélé que c’était grâce à son “optimisme”. “J’ai un discours rassembleur, je n’ai pas de couleur politique, je suis un chaâbi (enfant du peuple)” Il nous a révélé qu’il était louveteaux à 7 ans chez les Scouts musulmans, et c’est pendant cette période qu’il a appris à faire de la poésie.

Sourire aux lèvres, l’ancien détenu a voulu rendre hommage  à tous ceux qui l’on soutenu et au personnel en charge de l’établissement pénitentiaire, à qui il témoigne toute sa  sympathie. “Ils sont presque dans  la  même situation que nous. Ils sont prisonniers eux aussi.  Je  les  ai  encouragés  à  constituer un syndicat”, dit-il encore en martelant : “Je parie même que si je demandais aux gardiens de prison de retirer leurs casquettes et de rejoindre le Hirak, ils n’hésiteraient pas une minute.”

Ce même personnel qui a tenté de le dissuader d’arrêter la grève de la faim qu’il avait entamée le 27 décembre pour protester contre la décision du juge d’instruction du tribunal de Bab El-Oued de prolonger sa détention préventive. 

Il est également revenu sur les tentatives  de  manipulation qu’il a su déjouer. Tadjadit a ainsi indiqué que pendant l’enquête : “On a tenté de me manipuler et de me faire plusieurs propositions, dont celle de devenir responsable d’une association ou de créer un comité de quartier.

Je n’ai pas besoin de tout cela pour nettoyer mon quartier.” Des manœuvres qui n’ont point déteint sur sa détermination ni alteré son amour pour l’Algérie. “C’est mon pays, il faut comprendre le sens profond de la terre patrie, et moi, je n’ai pas un autre pays de rechange, c’est ici que je veux vivre.  Le  peuple cherche la liberté.”  Ce qui l’amène  à  évoquer  sa  tentation  pour  la  harga (émigration clandestine) en Turquie.“Il y a deux ans, je voulais encore partir, et c’est le Hirak qui m’a retenu”, a-t-il indiqué. 

Il a également ajouté que “dans son quartier, plus  de 7 jeunes ont quitté le pays il y a quelques jours”. Ainsi, il a lancé un appel aux jeunes qui veulent partir : “Restez, militez, construisez votre pays, c’est à eux de partir.”

 

Imène AMOKRANE

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