L’Actualité En détention provisoire depuis le 4 décembre 2019

Rachid Nekkaz aura enfin un procès

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Karim BENAMAR Publié 31 Janvier 2021 à 22:00

“La Cour suprême a rejeté ce matin (hier, ndlr) le pourvoi en cassation introduit par Rachid Nekkaz contre l’arrêt de la chambre d’accusation et son renvoi devant le tribunal criminel. Son affaire sera enrôlée lors de la prochaine session du tribunal criminel de première instance de Dar El-Beïda”, a affirmé, hier, l’avocate de Rachid Nekkaz, en détention provisoire depuis décembre 2019. Pour protester contre les conditions de son incarcération, Nekkaz a publié plusieurs lettres, via ses avocats, dont la dernière en lien avec son transfert de sa prison de Koléa (Tipasa) vers la prison d’El-Abiodh Sidi Cheikh (El-Bayadh), à 600 km d’Alger.

Un transfert, incompréhensible, selon la défense qui rappelle que tant que son client est sous le coup d’une détention provisoire, on n’a pas le droit de transférer un prisonnier. “C’est une déportation, un acharnement du ministère de la Justice contre le militant politique”, estime Me Zoubida Assoul. Dans sa lettre, Rachid Nekkaz raconte les dures conditions dans lesquelles il a été transféré. “J’ai été transféré de la prison de Koléa à la prison d’El-Abiodh Sidi Cheikh dans un fourgon escorté par 8 (huit) véhicules 4X4 de la gendarmerie. Le trajet a duré plus de 9 heures pendant lesquelles, j’étais menotté. Il  faisait un froid glacial dans le fourgon”, écrit-il,  ajoutant qu’il a été mis à l’isolement total dès son arrivée à la prison d’El-Abiodh Sidi Cheikh.

Dans sa lettre, le détenu n’hésite pas à comparer sa nouvelle prison à la “sinistre prison de Tazmamart, au Maroc, qui était une prison secrète située dans une zone désertique”. “Un mouroir pour les opposants politiques de l’ancien roi Hassan II et dont les conditions d'incarcération étaient très difficiles voire inhumaines. Beaucoup de ces prisonniers sont morts”, écrit Rachid Nekkaz. Il s’agit ni plus ni moins que d’un acharnement, soutient encore la défense. Le ministère de la Justice, affirme Zoubida Assoul, est le premier responsable dans cette affaire de transfert “honteux”, vu les conditions du détenu qui souffre d’un début de cancer. 

M. Nekkaz est, en effet, atteint d’“hypertrophie prononcée de la prostate”, selon ses avocats. “La responsabilité incombe directement au ministre de la Justice. C’est lui le responsable de toute la politique pénale et de la politique carcérale à travers le pays. Il faut rappeler que Rachid Nekkaz n’a pas encore été jugé et est toujours en détention provisoire. Il a été arrêté pour des déclarations purement politiques.

Et même s’il s’est exprimé de manière excessive, cela ne peut en aucun cas constituer une volonté criminelle de sa part”, estime Me Assoul qui affirme, par ailleurs, que cette “déportation”, en plus d’être une atteinte au droit de la personne de Nekkaz, est également une atteinte aux droits de la défense. Pour rappel, Nekkaz a été arrêté le 4 décembre 2019 pour “incitation à porter des armes contre des représentants de l’État”, “incitation à attroupement non armé” et “publication sur Facebook pouvant porter atteinte à l’intérêt national”. Pour dénoncer ses conditions d’incarcération, le détenu a confié à ses avocats sa volonté d’entamer une grève de la faim d’un mois, à partir du 19 février prochain. 

K. Benamar

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