L’Actualité Commémoration du 5e anniversaire du décès d’Abdelhafid Yaha

Takhlidjth Ath Atsou se souvient de son maquisard

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Samir LESLOUS Publié 24 Janvier 2021 à 09:03

Le regretté Abdelhafid Yaha, dit Si l’Hafid. © D.R
Le regretté Abdelhafid Yaha, dit Si l’Hafid. © D.R

En dépit du contexte sanitaire et de la morosité ambiante, les habitants du village de Takhlidjth Ath Atsou, dans la région d’Iferhounène, ont tenu à rendre un vibrant hommage à une des figures emblématiques de la Révolution algérienne, Abdelhafid Yaha, dit Si l’Hafid, à l’occasion du 5e anniversaire de son décès.  

Initiée par le comité de village, la cérémonie commémorative avait programmé un recueillement au monument des martyrs du village et un dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de cet officier de l’ALN et cofondateur du FFS, décédé le 23 janvier 2016 à Paris, à l’âge de 83 ans. Des centaines de personnes venues des quatre coins de la Kabylie ont pris part à cette commémoration qui a été également une occasion pour plusieurs anciennes connaissances du défunt d’apporter leurs témoignages sur le combat sans répit mené par ce résistant qui, à l’instar de plusieurs de ses anciens compagnons de la Révolution dont Hocine Aït Ahmed, Lakhdar Bouregâa et Ali Yahia Abdenour, ne s’est pas résigné à accepter, comme une fatalité, la dictature naissante en 62 et rentrer chez lui avec le sentiment du devoir accompli. 

Écorché vif, cet homme est unanimement qualifié par ses compagnons d’armes de “grand militant du mouvement national”, auquel il adhéra alors qu’il n’avait que 16 ans, et de “baroudeur” durant la Révolution où, malgré son jeune âge (21 ans), il a participé à de nombreux accrochages avec l’armée coloniale et accompli les missions les plus délicates que lui confiait le colonel Amirouche. Il a été aussi parmi les maquisards qui, à l’indépendance, se sont soulevés contre le détournement des idéaux de la Révolution.

C’est ainsi qu’en 1963, il participe à la création du FFS. À l’instar de son compagnon Hocine Aït Ahmed, Si l’Hafid finit, lui aussi, par prendre le chemin de l’exil en 1965, mais sans, toutefois, abandonner la lutte qu’il poursuivra dans la clandestinité depuis la France et le Maroc. Il était, selon les témoignages de ses anciens compagnons, de “ceux qui estimaient que l’Algérie a gagné la guerre, mais pas la Révolution, tant les valeurs de la Soummam ont été foulées aux pieds par ceux qui ont confisqué la volonté du peuple à l’indépendance”. 

Ce n’est qu’à l’ouverture de la parenthèse démocratique, en 1989, que Si l’Hafid regagne le pays sans renoncer aucunement à son combat politique qu’il poursuivra en faveur du recouvrement de la souveraineté du peuple. Même à son âge avancé, en 2001, Abdelhafid Yaha n’a pas hésité à s’impliquer corps et âme dans le mouvement citoyen de Kabylie.

Son combat permanent sur le terrain ne l’a, néanmoins, pas empêché d’écrire ses mémoires, puisqu’il est aussi l’auteur de deux ouvrages, à savoir Ma guerre d’Algérie, au cœur des maquis de Kabylie 1954-1962 et FFS contre dictature, de la résistance armée à l’opposition politique. 

Mais au-delà du guerrier intrépide de la Révolution, du farouche opposant au régime dictatorial post-indépendance et du militant de toutes les causes justes, ceux qui ont connu Abdelhafid Yaha retiennent aussi l’image d’un homme du peuple, humble, vertueux et altruiste.

Ses anciens compagnons disaient de lui qu’à l’indépendance, il avait aussi fait du sort des enfants des martyrs de la Révolution son autre combat. Aujourd’hui encore, son nom est, sans doute, parmi ceux qui incarnent le combat pour la dignité humaine. 

 

 


Samir LESLOUS 

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