Résumé : Anissa n’a pas dormi de toute la nuit. Le matin, elle se lève la première, vite rejointe des autres qui se préparent à aller travailler comme s’il ne s’était rien passé la veille. Elle joint Nedjmeddine. Il a perdu un agent et deux autres sont blessés. Il est très éprouvé. Anissa est incapable de vivre dans ce climat de terreur, elle ne souhaite plus rester à Chlef.
Anissa est décidée à en parler à Nedjmeddine. Elle espère qu’il comprendra ses peurs. Elle lui en parlera à la première occasion. Elle est en train de ranger ses affaires quand le téléphone sonne, elle hésite à répondre. La sonnerie s’arrête, puis reprend de plus belle. Cette fois, elle va décrocher, pensant que l’appel n’est pas pour elle, mais c’est Nedjmeddine.
-J’envoie quelqu’un t’emmener à l’académie. Apparemment, c’est bon, tu pourras commencer dans trois semaines.
-Écoute. Je crois… Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, dit-elle. Est-ce qu’on peut remettre ça à plus tard ?
-Mais mon ami t’attend. Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi as-tu changé d’avis ?
-Hier, j’ai eu la peur de ma vie, je n’en ai pas dormi. Je ne me vois pas vivre ici, avoue-t-elle. Nedjmeddine, j’ai peur pour toi, pour moi…
-C’est partout pareil, répond-il. Aucune région n’est épargnée. Quant à la peur que tu éprouves, elle finira par passer. On vit avec, au point de l’oublier et de ne plus la sentir. Allez, prépare-toi, un jeune clandestin va passer t’emmener à l’académie. Tu dois signer des papiers. Après, on se voit. On doit discuter à tête reposée. Le chauffeur t’amènera ici.
-D’accord. Il sera là dans combien de temps ?
-Dans un quart d’heure. Il a une clio rouge. Il klaxonnera à son arrivée. Bonne chance.
Anissa se prépare rapidement, elle sort au premier coup de klaxon.
Le jeune ouvre la portière et démarre après l’avoir brièvement saluée.
-Moi, c’est Hamid, se présente-t-il.
-Anissa. Vous travaillez ensemble ?
-Oui, je suis un agent civil, lui confie-t-il. Vous n’avez rien à craindre avec moi.
Anissa n’est pas du tout rassurée, mais elle ne le lui dit pas. Elle sait qu’ils bravent le danger et donneraient leur vie pour les autres.
-On y sera dans cinq minutes.
L’académie n’est pas loin du quartier, elle aurait pu s’y rendre à pied, si elle connaissait le chemin. Il la dépose devant l’entrée.
-Je vous attends ici.
Anissa le remercie, elle retrouve facilement le bureau de Sid Ahmed. La secrétaire sourit en la voyant.
-Bonjour.
-Bonjour, il vous attend.
Elle le prévient au téléphone de son arrivée, puis l’introduit dans son bureau. Son accueil est chaleureux. Il est heureux pour elle.
-Le poste est pour vous. Vous avez de la chance.
-Vous croyez ?
-Vous n’êtes plus aussi enthousiaste, remarque-t-il. Je peux savoir pourquoi ?
Elle décide d’ouvrir son cœur.
-Je ne crois pas être capable de supporter cette tension. Je me demande comment font les femmes pour sortir. Même les hommes… Personne n’est en sécurité. Est-ce qu’il y a des attaques terroristes chaque soir ?
-C’est vrai qu’il y en a, mais pas tous les soirs. Je vois que votre première nuit s’est mal passée, en déduit-il. Mais vous n’avez rien à craindre. Ils ne s’en prendront pas à vous. Vous allez voir, les collèges et les lycées grouillent de jeunes professeurs. Nedjmeddine prendra les dispositions nécessaires pour que vous soyez en sécurité.
-Mais lui ? Est-ce qu’il sera en sécurité ? Est-ce qu’il ne s’expose pas au danger ? Je ne pense pas qu’à moi !
(À SUIVRE)
T. M.
[email protected]
VOS RÉACTIONS ET VOS TÉMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS