Des Gens et des Faits 21e partie

L’ éternelle blessure

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Taos M’HAND Publié 08 Janvier 2021 à 19:02

Résumé :  Anissa est dans tous ses états. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui parle de porter le voile. Elle commence à regretter d’avoir accepté ce poste. En plus d’avoir peur pour lui, elle doit apporter des changements dans ses tenues. Nedjmeddine refuse d’abandonner sa carrière. Elle se sent si oppressée qu’elle décide de rentrer à Oran. Ils se quittent malgré tout l’amour qu’ils se portent.

-On ne t’attendait pas. Je suis surpris par ton retour et même inquiet. Pourquoi es-tu revenue ? Pourquoi Nedjmeddine ne t’a pas ramenée ? Que s’est-il passé ? 
Anissa a laissé ses affaires dans le couloir et suit son oncle dans le salon. 
-Ils ont attaqué un poste de police. Je n’ai pas dormi de toute la nuit. Comme si ce n’était pas assez, on m’a parlé de porter le voile, de porter des vêtements amples, d’arrêter de me maquiller. En plus d’avoir à vivre dans ce climat de terreur, je dois renoncer à être moi.
-Mais… Ne me dis pas que vous vous êtes séparés.
Anissa secoue la tête et le rassure.
-J’avais besoin de rentrer dans le seul endroit où je me sens en sécurité, répond-elle. Nedjmeddine ne veut pas changer de métier. Il ne m’aide pas, je découvre qu’il est têtu, borné. 
-Ce n’est pas parce qu’il tient à toi que tu dois lui mettre la pression. C’est un homme responsable, il tient à ces engagements, le défend l’oncle Hamid. Je m’inquièterais s’il se laissait manipuler. C’est rassurant. 
-Mon oncle, je m’attendais à ce que tu sois avec moi et je comptais même te demander de lui parler. Il s’expose au danger et moi avec.
-Tu savais tout ça, lui rappelle-t-il. Et puis, vous êtes mariés, il ne reste plus qu’à célébrer votre union. C’est un homme sur qui on pourra compter en temps de crise. Il ne prendra pas ces jambes à son cou au moindre danger ou au moindre problème. Je peux comprendre tes peurs, mais j’imagine la déception de Nedjmeddine. Le pauvre croyait avoir trouvé la femme avec qui il partagerait tout. Il comptait sur ton soutien et certainement pas à ce que tu partes. Est-ce que tu regrettes ?
-Non, j’avais peur, c’est tout.
-Est-ce que tu es sûre de vouloir te marier ? Tu sais, si tu as le moindre doute ma fille, il n’est pas trop tard, insiste l’oncle Hamid. Vous divorcez et on n’en parle plus. La crise sécuritaire que traverse le pays, personne ne sait quand on en sortira. 
-Je t’en prie, parle-lui, dis-lui de venir vivre ici, dit-elle, au bord des larmes. 
-Voyons ! S’il doit se rapprocher d’une région, c’est bien de la sienne. Et puis, cela ne dépendra pas de lui. Les mouvements dans les corps de la police ou autre ne dépendent pas d’eux. Alors, calme-toi et réfléchis à ce que tu veux vraiment avant qu’il ne soit trop tard. Je ne t’ai jamais rien refusé, mais je ne cautionnerais pas que tu te gâches la vie, tu entends ? Penses-y.
Anissa croise le regard de ses cousines. Elles vont à la chambre vite rejointes par sa tante qui demande à ses filles de les laisser. 
-Alors comme ça, tu as peur ? Pourtant, depuis le début, la situation était claire et la même qu’aujourd’hui, lui dit-elle. Nedjmeddine était déjà dans la sécurité quand vous vous êtes connus. Tu n’as pas hésité à te rendre à Chlef, à deux reprises. Tu as suivi ton cœur. Tu t’es mariée et même engagée à travailler là-bas. Anissa, je ne te comprends pas.
-Je ne me vois pas vivre là-bas.
-Sans Nedjmeddine ? Tu vas rompre et divorcer ?
-Non, non. Je ne me vois pas vivre sans lui, confie Anissa. Je me vois avec lui, mais ailleurs. Dans une région où les nuits sont calmes. J’ai décidé de rentrer pour bousculer les choses. Il va tout faire pour me satisfaire, s’il tient vraiment à moi.
-Et s’il ne fait rien ?
Anissa secoue la tête, tout en se mordant la lèvre. Elle risque de le regretter amèrement…

(À SUIVRE)
 T. M. 

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