Des Gens et des Faits 33e partie

L’ éternelle blessure

  • Placeholder

Taos M’HAND Publié 22 Janvier 2021 à 20:16

Résumé : Au grand bonheur des mariés, la fête a enfin eu lieu. Ne sont présents que leurs familles et leurs meilleurs amis. En fin de journée, Djalil les emmène dans un club de vacances. Nedjmeddine lui demande d’attendre le lendemain pour ramener la famille au village et d’être prudent en route.

Une soirée dansante est donnée au sein de l’hôtel. Nedjmeddine et Anissa en profitent pour danser jusqu’à l’aube. Lorsqu’ils retournent à leur suite, ils sont surpris par l’appel de la réception. 
-Je m’excuse, mais vous avez raté plusieurs appels, dit-il à Nedjmeddine. 
-Est-ce que la personne a laissé un message ?
-Oui, une certaine Sarah. Elle a laissé un numéro où la joindre si vous avez de quoi noter.
Nedjmeddine cherche un stylo, puis prend note. Quand le réceptionniste raccroche, il rapporte à Anissa que son amie a tenté de les joindre.
-Comment a-t-elle fait pour nous retrouver ? Personne ne sait qu’on est ici.
-Djalil a dû lui donner le numéro de l’hôtel, en conclut-elle. Appelle-la, c’est peut-être urgent ?
-Elle doit être couchée, attendons le matin…
Mais Anissa refuse. 
-Passe-moi le téléphone, c’est moi qui vais l’appeler.
Il lui compose le numéro, puis lui tend le combiné. Sarah décroche à la première sonnerie. Anissa la sent bouleversée au ton de sa voix. 
-Je suis désolée de vous déranger en pleine lune de miel, lui dit-elle. Mais je ne pouvais pas patienter jusqu’au matin. Je crois que je vais devenir folle.
-Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ? 
-Djalil est parti à Chlef, il n’a pas appelé. J’ai peur qu’il lui soit arrivé malheur.
-Tu exagères, il a certainement trouvé les taxiphones fermés. Je suis sûre qu’il t’appellera dans la journée, arrête de penser au pire. 
-Je sais, mais il a promis d’appeler dès qu’il serait arrivé. Cela fait des heures, il devait passer la nuit chez vous et ramasser ses affaires. 
-Je l’ignorais. Nedjmeddine ne m’en a pas parlé. Écoute, je lui dis de l’appeler.
-Je t’en prie Anissa, je ne pourrais pas dormir sans avoir eu de ses nouvelles. J’ai vraiment peur qu’il ait eu un accident en route, ou qu’il soit mal tombé ? Vous dites qu’il y a eu souvent des faux barrages ?
-Arrête de penser au pire. 
Anissa soupire. Elle promet de revenir à elle, dès qu’elle en saura plus sur Djalil. Nedjmeddine qui a tout entendu peste contre son ami. 
-Qu’est-ce qu’il lui a pris de rentrer à Chlef ce soir ? Ton oncle a bien réservé des chambres à l’hôtel pour deux nuits de suite, n’est-ce pas ? 
-Oui, bien sûr, la maison ne pouvait pas tous les accueillir.
-C’est complètement fou de sa part de partir en fin de journée ou en soirée. Mais qu’est-ce qui lui a pris ?
Nedjmeddine appelle chez lui, mais personne ne répond. Il joint ses collègues au commissariat. Anissa le voit pâlir et lever les yeux vers le plafond. Il râle.
-Vous en êtes sûrs ? À quelle heure est-ce arrivé ? 
Cette fois, il ferme les yeux, puis repose le combiné à sa place. 
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Il y a eu un attentat, dit-il. Djalil n’est pas rentré à la maison. Personne ne sait où il est, je vais m’assurer qu’il n’est pas passé par là-bas.
-Je suis sûre qu’il va bien, dit-elle en priant pour que ce soit le cas. Tu devrais attendre le lever du jour, pour partir. C’est risqué d’emprunter ces routes la nuit. Toi-même tu disais que…
Mais il ne veut rien entendre, il prend ses papiers, l’embrasse, désolé de l’abandonner si vite. 
-Écoute, je ne peux pas attendre. Je dois y aller, prie qu’il n’ait pas emprunté cette route. Inchallah que je reviendrais avec de bonnes nouvelles. Je t’appellerais. 
Anissa veut l’accompagner, mais il refuse. Il ne veut pas la mettre en danger. Il aurait aimé finir la nuit en beauté comme il l’a commencée avec elle, mais il y a plus urgent. Il la quitte le cœur serré, la vue brouillée par les larmes…

 


(À SUIVRE)
 T. M. 

[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00