Résumé : Nazim et Feriel déjeunaient dans un restaurant. Ils s’étaient retrouvés pour discuter de leur mariage proche. La jeune femme n’admet pas le fait de devoir vivre sous le même toit que sa belle-famille. Mais Nazim ne veut pas en démordre. Il veut construire leur avenir lui-même et par ses propre moyens. Elle tourne les tal
Elle tourne les talons et se dirige vers la sortie.
Nazim la suit et tente de reprendre la conversation :
- Feriel, ne me déçois pas, s’il te plaît.
Elle lève une main et, sans se retourner, lance :
- Assez parler, Nazim. Je suis fatiguée. Dans un mois tout au plus nous serons mari et femme. D’ici là, je ne veux plus entendre parler ni de tes projets ni d’autre chose. Je vais tout juste rajouter que jusqu’à présent je n’ai jamais eu à affronter une telle situation. Mon père a toujours su me tirer d’affaire à chaque fois que j’en ressentais le besoin. Mais, cette fois-ci, je crois qu’il s’est heurté à une véritable forteresse.
Ils arrivent au parking, et Feriel se dirige vers le véhicule de Nazim, garé pas trop loin.
Elle ouvre la portière avant et s’y installe. Nazim met le moteur en marche et démarre. La jeune femme regarde défiler le paysage printanier. Elle n’est pas très à l’aise aujourd’hui. Elle appréhende le futur. Certes, elle aime Nazim, cet architecte qui travaille dans l’entreprise de son père et que toutes les filles veulent accrocher. Elle, elle n’avait pas eu besoin de trop d’effort pour lui taper dans l’œil. Au début de leur idylle, elle n’avait vu que le bel homme et l’artisan à l’avenir radieux qui ferait à coup sur son bonheur. Mais au moment où les choses sérieuses commencèrent, elle sut qu’elle aurait à affronter une autre réalité.
Feriel n’admettait pas cette réalité. Elle n’admettait pas de devoir partager Nazim avec sa famille et, de surcroît, vivre sous le même toit que les autres. Elle est la fille unique d’un riche entrepreneur et a de tout temps été choyée et dorlotée.
Elle a toujours eu ce qu’elle désirait sans trop de mal, et sa vie jusque-là a été un fleuve tranquille.
Pourquoi voulait-elle changer ? Ou plutôt pourquoi devrait-elle changer ?
Elle jette un coup d’œil à Nazim à côté d’elle qui conduisait d’une main sûre. Ah ! Si seulement il voulait l’écouter, les choses seraient bien plus simples.
Elle ferme les yeux un moment et imagine le grand bonheur qu’elle pourrait vivre avec l’homme de ses rêves. Il suffirait que Nazim accepte. Il suffirait qu’il adhère à ses désirs, et le tout sera parfait.
Bien sûr, elle n’ira pas jusqu’à renier les siens. Mais tout de même, sa vie sera plus sereine, s’il ne s’entête pas à “couver” sa mère et ses sœurs.
Elle sait qu’il était l’homme de la famille et que tout son monde se résume à son travail et à son entourage immédiat.
Il l’avait déjà prévenue. Il lui avait certifié aussi qu’il était prêt à sacrifier sa vie et son avenir pour que sa mère retrouve un peu de bonheur et de sérénité. Elle avait été pour eux la mère et le père. Ce père dont il se souvenait à peine et qui était mort dans un terrible accident de la circulation alors qu’il rentrait d’une mission de travail.
Feriel met une main sur le bras de son fiancé, et ce dernier lui jette un regard interrogateur.
- Je n’aime pas te voir triste, Nazim. Je veux seulement que tu comprennes que changer de vie et de milieu signifie pour moi une nouvelle naissance. Je ne sais pas si je pourrai tenir. Je ne sais pas si ce bonheur qu’on recherche tous les deux ne sera pas de courte durée.
Nazim ébauche un sourire :
- Tu es si pessimiste que je ne retrouve plus la jeune fille insouciante que j’ai connue.
Elle fait la moue :
- J’ai changé tant que ça ?
- Non, mais parfois tu m’intrigues.
- Je ne vais tout de même pas sauter de joie à la perspective de devoir te partager avec ta famille. J’estime que lorsqu’un couple se marie, c’est pour fonder ses propres bases et entamer une nouvelle vie.
(À SUIVRE)
Y. H.
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