Des Gens et des Faits 5e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 09 Janvier 2021 à 19:44

Résumé : Feriel est de plus en plus inquiète. Que lui cache-t-on donc au sujet de Nazim ? Avait-il succombé à ses blessures ? Son père lui avait suggéré d’accepter son sort et de s’en remettre à son destin. Des propos qui n’étaient pas pour la rassurer.

Nazim se réveille avec un goût amer dans la bouche. Il tente d’ouvrir les yeux, mais ses paupières refusent de se soulever. 
Il porte une main à son visage et constate que de nombreux bandages l’enveloppent. Son esprit refuse de répondre. Au fait, où était-il ? Les souvenirs le fuyent. Il sent des douleurs tout au long de son corps. Ses jambes et sa colonne vertébrale le font énormément souffrir. Il a une atroce migraine, et sa langue est pâteuse.
Une voix tente de percer ses oreilles. Quelqu’un s’adresse à lui :
- Alors Nazim, on reprend pied ? Cela nous rassure. Mais pour le moment tu ne dois pas t’agiter. Tes blessures sont encore trop vives.
Une main apaisante vient se poser sur son bras :
- Je suis le docteur Nabil. Je peux t’assurer que maintenant tu es hors de danger. Je vais t’injecter un sédatif et tu vas te rendormir. Le sommeil est le grand réparateur de tous les maux. 
Il sent une piqûre sur son bras, puis un brouillard l’emporte loin des rivages de la réalité. 
Feriel se tient au seuil de la porte. Elle a suivi le docteur Nabil, qui lui a révélé l’atroce vérité sur l’état de son fiancé.
La jeune femme se poste à son chevet et passe une main sur les nombreux bandages de son visage.
- Va-t-il perdre la vue docteur ?
- Non, ses yeux sont intacts, mais le reste du visage est totalement brûlé.
- Vous voulez dire que Nazim est totalement défiguré ?
- Hélas, oui ! Contrairement à vous, il n’a pas pu s’extirper du véhicule au moment de l’explosion. C’est son visage qui est le plus endommagé. Pour le reste, je veux dire les fractures et les multiples contusions, nous pensons que dans un mois, tout au plus, tout rentrera dans l’ordre. Peut-être qu’une petite rééducation s’imposera, mais là n’est pas le véritable drame. Feriel sent des larmes ruisseler sur son visage :
- Il n’y aura donc plus rien à faire, docteur ?
- Je ne pense pas. La chirurgie esthétique a fait de grands progrès de nos jours, mais dans le cas de Nazim, je ne pense pas qu’elle nous serait d’un grand secours. Heureux encore qu’il n’ait pas perdu la vue !
Feriel passe une main caressante sur le visage de son fiancé. Nazim est si gracieux. Il avait de très beaux traits et dégageait un charme fou. Comment sera-t-il lorsqu’on lui aura enlevé tous ces bandages qui couvrent son visage ? 
Comme s’il lisait dans ses pensées, le docteur Nabil poursuit :
- Il sera couvert de cicatrices, que le temps finira par effacer, mais ne retrouvera plus jamais son visage. Il aura un orifice à la place du nez et un reste de joues froissées. Le front, le menton, une partie de son cou et le pourtour du visage sont totalement brûlés. Mais les lèvres, les dents et la bouche sont indemnes. Nazim pourra parler sans difficulté. Il a pu sauver ses yeux qui pourront plus ou moins refléter ses états d’âme. Et j’en passe. Car ce jeune homme ne sait pas encore ce qui l’attend. Lorsqu’il apprendra la triste réalité, Dieu seul sait comment il réagira.
- J’aurais préféré le savoir mort et enterré, s’écrie Feriel entre deux sanglots.
- La mort et la vie sont entre les mains de Dieu. Nous n’y pouvons rien. Dieu nous fait passer par des épreuves dans ce bas monde, et chacun de nous paie la rançon qui lui est due.
Feriel essuie ses larmes :
- Tel que je le connais, Nazim n’aimerait pas susciter la pitié. Il est si fier et si confiant en l’avenir. Je ne sais pas comment il va réagir lorsqu’il sera affronté à la triste réalité.     
Le médecin soupire :
- J’appréhende aussi sa réaction. Je ferai de mon mieux pour le préparer psychologiquement à cette rude épreuve. Mais le jeu ne sera pas facile. Ni pour nous ni pour lui. Il est si jeune et je suis certain qu’il était très motivé et prêt à mordre la vie à pleines dents.
- Oui docteur, nous nous apprêtions à nous marier dans les prochains jours. Nous discutions justement de notre projet.
Feriel se mord les lèvres. Cela lui paraissait si loin. Et puis maintenant elle se rend compte que leur conversation était totalement absurde. Nazim l’aimait et ne voulait que son bonheur. Et elle, elle avait voulu jouer aux grandes dames. Tout cela, parce qu’elle ne voulait pas partager Nazim avec les autres. Elle le voulait à elle seule, alors que lui ne cessait de lui réitérer les multiples raisons qui l’obligeaient à vivre encore sous le même toit que sa famille.
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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