Des Gens et des Faits 9e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 13 Janvier 2021 à 18:12

Résumé : Nazim reprend connaissance. Il a du mal à ouvrir les yeux et sent la douleur se réveiller dans tout son corps. La présence de sa mère à ses côtés l’émeut profondément. Il comprend qu’il est mal en point. Le médecin tente de le rassurer. Mais le jeune homme n’est pas dupe. Il sent qu’on ne fait que reculer l’heure de vérité.  

Nazim porte une main à sa tête et le médecin, comprenant son geste, poursuit :
- Je sais, les douleurs vont durer encore quelque temps, mais tu es jeune, tu vas vite récupérer. Ne t’inquiète donc pas. Tes fractures vont se ressouder, et d’ici un mois tout au plus tu pourras remarcher normalement. Bien sûr, une petite rééducation s’imposera et tout rentrera dans l’ordre au bout de quelques séances.
Voulant éviter les questions les plus embarrassantes, le médecin préfère se retirer. Nazim se retrouve seul avec sa mère.
Cette dernière a les yeux rouges et les traits tirés. Nazim lui serre la main, et elle laisse encore couler quelques larmes :
- Oh mon fils ! Je n’ai pas vécu pareil cauchemar depuis longtemps. J’ai cru revivre ces moments terribles de l’accident qui avait emporté ton père. Je n’ai pas cru les médecins et j’ai passé de longues heures dans cet hôpital à me demander si je te reverrai encore vivant. Quand le docteur Nabil m’a dit que tu étais hors de danger, j’ai pleuré de soulagement. Tu es en vie, et le reste m’importe peu.
Nazim tente de parler :
- Je… Heu... Je…
- Ne te fatigue donc pas, mon fils. Je te parle, et tu m’écoutes. Cela suffit. Nous pourrons nous parler dans les jours à venir. Il se fait tard, et je dois rentrer. Je reviendrai demain.
Elle passe une main caressante sur les bandages de son visage :
- Tout ira bien, mon fils. Dieu nous soutiendra dans cette terrible épreuve. Détends-toi donc  et tâche de dormir sans ces “poisons” qu’on t’injecte à tout bout de champ. Demain, si le médecin le permettra, je te préparerai une tisane apaisante qui t’aidera à te relaxer.  
Epuisé, Nazim referme les paupières. Sa mère le contemple un moment et laisse couler de longues larmes d’amertume sur son visage. Son fils saura bientôt qu’il n’a plus de visage et que sa vie ne sera plus jamais comme avant. Elle quitte la chambre sur la pointe des pieds. Mais Nazim ne dort pas. Il sent qu’on lui cache quelque chose. Ses blessures doivent être bien plus graves, se dit-il.
Il se rappelle les paroles rassurantes du médecin. Mais quelque chose sonnait faux dans la voix de ce dernier. Il relève son bras droit, puis grimace de douleur. La lourdeur du plâtre ajoutée aux fractures le rendait presque invalide. Il sent ses jambes inertes et douloureuses. Pourra-t-il remarcher  normalement un jour ? Ou bien va-t-il devoir s’aider d’une canne ? Est-ce là l’énigme ? Ne voulait-on pas le brusquer en lui certifiant que ses jambes ne pourront plus jamais le porter aussi allègrement qu’avant l’accident ?
Il referme les paupières, puis passe une main sur son visage pour la énième fois. Il sent des milliers d’aiguilles piquer sa peau sous les bandages. Une brûlure… On dirait des brûlures.  Soudain, il sursaute et une onde de choc traverse son corps. Feriel ! Il se rappelle qu’elle était avec lui. Est-elle aussi mal en point qu’il  l’est, ou a-t-elle trépassé ?
Dans un élan, il tente de se relever et pousse un long cri de douleur. L’infirmier de garde accourt :
- Que se passe-t-il ? 
Il comprend tout de suite les intentions de Nazim.
- Ne bougez pas, vous êtes encore trop faible, et vos multiples blessures saignent encore. Vous avez les deux jambes emplâtrées, et vous ne pourrez pas quitter votre lit avant un bon bout de temps.
Il l’aide à se rallonger et lui tend un verre d’eau surmonté d’une paille :
- Cela ne sert à rien de s’agiter. Détendez-vous. Voulez-vous un calmant ?
Nazim fait un signe de négation, puis tente de parler :
- Je… Feriel… Est-elle… ? 
Sa voix se casse, mais l’infirmier a saisi le sens de ses paroles. 
- Feriel ? Vous voulez parler de la jeune fille qui était avec vous ? Elle a quitté l’hôpital aujourd’hui même, ses blessures étaient superficielles. À peine quelques égratignures.
Nazim soupire de soulagement et se détend. Enfin une bonne nouvelle !  
Il se laisse aller sur son oreiller. Des images lui reviennent en mémoire. Ils étaient ensemble, discutaient de leur mariage et faisaient des projets. Feriel n’était pas très chaude à l’idée de vivre sous le même toit que sa famille.
Il revoyait son visage crispé et ressentait encore la froideur de ses paroles. Cela s’était passé quand déjà ?
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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