Éditorial

Déliquescence

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Akli REZOUALI Publié 12 Janvier 2021 à 10:04

L’histoire pour le moins ahurissante des lingots d’or d’Ouyahia va sans doute avoir des prolongements et des implications très lourdes sur le devenir institutionnel de l’Algérie. Que l’on ne s’y trompe surtout pas ! Il ne s’agit point d’un simple fait de corruption anodin ; de confessions d’un ancien dirigeant déjà en prison, et qui aura avoué tout simplement avoir reçu un gros pot-de-vin. 

Comme cela peut d’ailleurs arriver, y compris dans les plus grandes démocraties de la planète, dont des responsables politiques s’aventurent parfois dans des liaisons fatales avec de riches émirs de pétromonarchies du Golfe. Que des corrupteurs d’ailleurs aient arrosé à volonté, des années durant, des corrompus d’ici pour obtenir foncier, marchés et projets d’investissement, cela ne peut surprendre le commun des Algériens et qui n’attendaient pas l’emballement politique de la machine judiciaire pour prendre la mesure de la corruption qui gangrène l’État et même la société. Mais qu’un ancien Premier ministre assume avoir écoulé tant d’or mal acquis au marché noir, cela doit nécessairement interpeller sur le degré de déliquescence qu’ont atteint les hautes sphères du pouvoir durant cette dernière décennie. 

L’histoire triste et cynique des lingots d’or d’Ouyahia ne fait pourtant que commencer… Le danger et l’inquiétude viennent non pas du fait de ne pas encore connaître qui parmi les responsables et hommes politiques sont impliqués ou non, mais de ne pas pouvoir mesurer à quel point de telles pratiques ont contribué à fragiliser et corrompre profondément les institutions de l’État, tenues qu’elles sont de survivre aux hommes et aux régimes en toutes circonstances. 

L’histoire des lingots écoulés au marché noir rend surtout compte de l’ampleur dangereuse et inquiétante qu’a désormais prise l’économie souterraine et de prédation en Algérie. Et le fait que ces circuits parallèles soient d’abord entretenus et alimentés par la grande corruption, comme le révèlent les confessions d’Ouyahia, laissent craindre une mise en danger fatidique des institutions de l’État. Un danger qui rend désormais urgent d’indispensables changements de gouvernance. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00