Éditorial

Délit de conscience

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Akli REZOUALI Publié 06 Janvier 2021 à 00:06

La condamnation à trois ans de prison ferme de Walid Kechida, blogueur, faiseur de mèmes, de simples dessins tout à fait inoffensifs et drôles qui rendent humoristiquement compte du malaise général que nous vivons tous dénote de la gravité de la dérive sociétale, institutionnelle et judiciaire qui marque actuellement le contexte national.

Libérer les consciences, l’opinion, l’individu, la créativité, la parole, l’initiative et tous ceux qui peuvent porter ces valeurs est aujourd’hui chose incontourbable pour l’édification d’une nation, d’un pays, d’une Algérie réellement nouvelle et réellement indépendante. “Il n'y a pas de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice”, disait un grand philosophe.

L’esprit des lois, qui doit transcender jusqu’à la rigueur même des législations pour tendre à une justice, la plus équitable possible, devrait interdire, en premier lieu, toute sentence de privation de liberté qui pourrait être prononcée à l’encontre de citoyens ne faisant qu’exprimer leur opinion et leur différence. Par quelque biais que ce soit.

La Justice ne peut être laissée à la discrétion absolue de quelques magistrats, à leur sensibilité religieuse, ni aux besoins politiques et populistes qui peuvent pousser à épouser le vacarme confus qui tonne sur Facebook et autres réseaux sociaux dès qu’il est question de libre-arbitre, de croyances personnelles, de libre pensée et de l’exercice du droit naturel à la différence.

Les condamnations de militants, d’artistes, de journalistes, de blogueurs et autres citoyens pacifiques pour de simples faits d’opinion, qualifiés absurdement de délits, rendent compte de tout le chemin qui reste encore à parcourir pour construire effectivement une réelle démocratie saine et pluraliste en Algérie.

 Une démocratie libérée des radicalités et libérant l’opinion et l’individu dans le cadre d’un État de droit qui ne peut laisser place aux improvisations et aux pouvoirs discrétionnaires ou supposés des uns et des autres. Un État de droit qui ne peut se construire ni par la répression et le musellement ni par le déni et le rejet d’opinions et de courants contraires…

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00