La perspective de la tenue d’élections anticipées se précise de plus en plus. À peine rentré au pays après une longue hospitalisation, puis une tout aussi longue convalescence en terre germanique des suites de sa contamination par la Covid-19, le président Tebboune semble décidé à mettre en pratique une de ses promesses électorales et, du coup, en finir avec l’un des vestiges les plus honnis du système Bouteflika : l’Assemblée populaire nationale (APN) issue des législatives de 2017.
Après les instructions données mi-décembre 2020 à la commission Laraba pour finaliser dans un délai de “10 à 15 jours” le projet de révision de la loi organique relative au régime électoral, le chef de l’État revient à la charge, en réunissant, jeudi, le président de cette commission et le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie), Mohamed Charfi, en leur enjoignant quatre nouvelles instructions (finalisation “dans les plus brefs délais” de l'élaboration du nouveau projet de loi, sa distribution aux partis politiques pour enrichissement, etc.).
Sans préjuger des intentions du chef de l’État qui peuvent sous-tendre son souhait de se débarrasser avec une telle célérité d’une institution dont le mandat arrive à son terme dans moins de deux ans, on peut tout de même se poser la question de savoir si une loi électorale, aussi bonne soit-elle, peut, à elle seule, impulser une nouvelle dynamique à une scène politique sclérosée et bannir des pratiques malsaines dont, notamment, la fraude électorale et l’achat des sièges, des pratiques vieilles de plusieurs décennies. Pas sûr.
Certes, les bons textes sont une condition nécessaire pour aider au changement et créer du mouvement dans le statu quo, pour reprendre la fameuse phrase du défunt Hocine Aït Ahmed, mais bien insuffisante. Ils doivent être portés par une réelle volonté politique à opérer une rupture avec les errements passés, à en finir avec les institutions croupion et autres compétitions politiques factices ayant beaucoup plus servi comme façade démocratique qu’autre chose.
Il est donc grand temps de laisser le jeu démocratique reprendre ses pleins droits et laisser la volonté populaire s’exprimer en toute liberté pour que les Algériens puissent enfin avoir une vraie représentation et, par ricochet, doter le pays d’institutions fortes, démocratiques et surtout légitimes.