Éditorial

Goumeziane et le mal algérien

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Hassane OUALI Publié 07 Janvier 2021 à 09:45

La disparition de Smaïl Goumeziane, éminent économiste et intellectuel de renommée – loin de son pays, lui le “Fils de Novembre” – vient rappeler tristement toute l’étendue du “Mal algérien”. Il est l’une des figures emblématiques d’une génération intelligente et compétente, mais surtout intègre, dont le pays a peu bénéficié. Non pas par manque de volonté et d’enthousiasme. Mais par la méfiance des pouvoirs nourrie à l’égard de l’intelligentsia nationale, lui préférant une “élite” docile, non seulement incapable d’apporter des réponses, mais encore peu audacieuse pour poser les vraies questions. 

Il y avait manifestement, et ce, dès le départ,  une incompatibilité entre ces compétences nationales et la doxa rentière et autoritaire. Par cette broyeuse mécanique, la gouvernance du pays a fini par se vider et créer les conditions d’un exil forcé de son éminence grise. Du coup, la haute administration nationale s’est appauvrie considérablement. Toute la technostructure formée et préparée pour conduire les affaires du pays s’est retrouvée phagocytée.

Ce travail de casse n’est pas un fait du hasard. Mais un processus de destruction soigneusement échafaudé. Le système de cooptation politique ne pouvait s’accommoder des élites qui, par nature, sont dans une logique de questionnement et une dynamique de remise en cause permanente. Il s’est installé alors un rapport d’exclusion qui allait être théorisé dans un discours idéologique et social visant à disqualifier les savants et les sachants. Nous sommes l’un des rares pays où les intellectuels sont traités de “lâches”. À ce mode de “pensée”, fondé sur la persécution, s’est superposée une double guerre à mort contre cette catégorie sociale. 

C’est en plein terrorisme qui avait pour cible privilégiée la sève de la société, que des milliers de cadres gestionnaires étaient jetés en prison d’une scandaleuse opération “mains propres” orchestrée par des “mains sales”. Cet épisode a été un signal fort envoyé en direction des compétences nationales. Indésirables. C’est cet exécrable état d’esprit dominant qui pousse aujourd’hui des milliers d’étudiants algériens à fuir le pays.

Et au lieu et place de s’interroger sérieusement sur les raisons de ces départs massifs, les gouvernants s’indignent – faussement – des conditions d’accueil de l’autre côté de la Méditerranée, alors que leur devoir est de réunir les conditions pour les garder ici.  Il est impossible de bien préserver son pays, lorsque l’on est incapable de garder ses meilleurs enfants. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00