Éditorial

Le prix de la confiance

  • Placeholder

Karim KEBIR Publié 05 Janvier 2021 à 09:23

La justice a eu la main lourde : le jeune internaute Walid Kechida, en détention depuis huit mois, a été condamné hier à trois ans de prison ferme assortie d’une amende. Son tort ? Publication des “mèmes”, ces images qu’on détourne de façon humoristique sur les réseaux sociaux, et avec lesquelles, il se moquait de nombreux responsables, y compris le chef de l’État. 

Et comme certains autres jeunes de son âge qui pensaient naïvement sans doute avoir trouvé la liberté sur les réseaux sociaux faute de l’exercer, il est accusé d’“offense au Président”, “aux préceptes de l'islam” et d'“outrage à corps constitués”. Ce verdict, pour le moins que l’on puisse dire est sévère, intervient alors que d’autres jeunes croupissent en prison en attente d’un hypothétique procès, tandis que d’autres encore attendent leur libération après leur condamnation.

Comme pour contester la prolongation de leur détention, certains, à l’image du “poète”,  Mohamed Tadjadit, sont en grève de la faim depuis plus d’une semaine, selon leur famille et leur avocat, mais sans que cela émeuve outre mesure. Si des jeunes avaient eu à subir les affres de la prison du temps du défunt chef d’état-major, force est d’admettre que d’autres ont eu maille à partir avec la justice depuis la révision de l’arsenal juridique adopté en pleine pandémie au printemps dernier. En d’autres termes : depuis que les autorités ont décidé de renforcer la surveillance des contenus publiés sur les réseaux sociaux. 

En conséquence, même les sites d’information n’ont pas échappé au “tour de vis” dont certains ont été censurés. En maintenant des jeunes en prison ou en les traquant pour avoir exprimé différemment une opinion, les autorités ne peuvent sans doute pas aspirer à gagner la confiance de cette catégorie, qui compose l’essentiel du pays. Elles ne peuvent les convaincre de rester dans leur pays, eux qui, justement dès février 2019, n’avaient cessé de réclamer plus de liberté et un changement de paradigmes dans la gouvernance. 

Elles ne peuvent, enfin, les convaincre pour toute contribution à quelque entreprise de redressement. Et parce que la clémence a touché des responsables qui, il n’y a pas si longtemps, ont été accablés de tous les maux qu’elles sont appelées à des gestes d’apaisement, faute de quoi, la justice, mais aussi leur crédit, prendront un sérieux coup… supplémentaire. Le prix de la confiance, c’est assurément de libérer ces jeunes, gage de l’avenir du pays, dont le rêve est de s’accomplir dans leur pays. (Tout) Simplement. 

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00