L’Actualité PR FERYEL CHAOUKI, PNEUMOLOGUE À L’EPH DE BATNA

“Aplatir la courbe des contaminations doit être le challenge des prochaines semaines”

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Faouzi SENOUSSAOUI Publié 22 Décembre 2021 à 22:24

© D. R.
© D. R.

Liberté : Les chiffres  de  la  contamination  par  la  Covid-19 vont crescendo. Outre l’abandon des mesures barrières, qu’est-ce qui explique cette reprise inquiétante de la pandémie ?
Pr Feryel Chaouki : Tout à fait ! Les chiffres relatifs aux contaminations par la Covid-19 vont crescendo, au point de devenir inquiétants d’autant plus que nous constatons un relâchement dans les gestes barrières. C’est une attitude incompréhensible au point que les personnes portant un masque sont vues comme des extraterrestres. Les gestes barrières – à savoir le port du masque, la distanciation physique et sociale ainsi que le lavage fréquent des mains et la désinfection en utilisant des solutions et du gel hydroalcoolique – ne sont plus de mise. Je ne vous cache rien, en tant que praticienne, j’appréhende une quatrième vague qui pourrait être aussi virulente que la précédente. 
Il faut rappeler que pas un seul foyer n’a été épargné par les complications de la Covid-19 durant la troisième vague, qui a été très meurtrière. Sincèrement, je ne peux renvoyer cette hausse à une autre cause. Notre comportement est seul responsable de cette hausse.  

Avec un variant Delta très dangereux et Omicron qui se propage à grande vitesse, le tout combiné à un taux de vaccination très bas, doit-on s’attendre à une crise comme celle de l’été dernier ?
Nous ne pouvons pas nous prononcer avec exactitude sur les complications et la virulence de la vague actuelle, cependant, nous pouvons, d’ores et déjà, avancer que les mêmes causes produisent les mêmes effets. 
Cela fait plusieurs semaines que les scientifiques alertent sur une éventuelle quatrième vague, mais nous continuons à négliger les gestes barrières et nous constatons que le relâchement devient effrayant. Nous devons tirer la sonnette d’alarme pour sauver ce qui peut encore l’être et, du coup, éviter une vague qui risque d’être intense. 
Nous devons également dire que nous pouvons inverser la donne car nous disposons d’importantes quantités de vaccins et nous avons tous les moyens pour nous protéger. Aplatir la courbe des contaminations doit être le challenge des prochaines semaines.

Les autorités sanitaires se préparent depuis des semaines à cette quatrième vague qui s’installe progressivement. Cela suffit-il à y faire face ? Que suggérez-vous ?
La troisième vague nous a surpris et nous n’étions pas assez préparés pour l’affronter. Nous nous rappelons tous le manque d’oxygène au niveau des hôpitaux car la spécificité du variant Delta était sa demande accrue en oxygène. Dès le début de la décrue, les autorités ainsi que les bienfaiteurs ont mis la main à la poche pour l’acquisition d’équipements. 
C’est ainsi que des générateurs et des concentrateurs d’oxygène ont été installés dans différentes structures hospitalières, notamment les CHU et les EPH dédiés à la Covid-19. C’est une bonne chose certes, mais nous ne pouvons pas être affirmatifs quant à la capacité de ces équipements de répondre à la demande, qui pourrait dépasser l’offre. 
Tout dépendra de l’intensité de la vague, de la virulence du variant, de la gravité des lésions et du nombre de patients exigeant une oxygénothérapie. 
Pour ce qui est des médicaments, je pense que les quantités disponibles dans les pharmacies des différentes structures sont suffisantes et nous continuons à nous approvisionner en médicaments. 
Il est à noter aussi qu’il est impératif de revoir la répartition des personnels, notamment dans les services dédiés à la Covid-19, car nous constatons un épuisement des médecins et des paramédicaux, toutes spécialités confondues, qui ont fait face au coronavirus pendant presque deux ans sans relâche.

D’après  vous, faut-il  imposer  le  pass  sanitaire  pour  relancer  la vaccination ?
Oui ! Personnellement, je suis pour l’imposition du pass sanitaire, notamment pour accéder à certaines administrations, dont les collectivités locales, à l’instar des mairies, des bureaux de poste, des caisses d’assurance et des établissements dédiés au grand public. Nous ne dirons jamais assez que la vaccination est le meilleur moyen de nous prémunir et d’éviter les complications, les formes graves de la maladie et les décès. 
Aux personnes qui ont enlevé le masque parce qu’elles ont eu leurs doses de vaccin, je dirais que même si l’on a reçu les trois doses, le risque d’être contaminé de nouveau est toujours là. En parallèle, il est impératif de redoubler d’efforts quant à la sensibilisation et de prévoir des équipes itinérantes pour la vaccination des personnes âgées, des patients souffrant de maladies chroniques et des citoyens habitant loin des centres urbains. Je conseille aussi la double vaccination (vaccin anti-Covid et vaccin antigrippal), notamment pour les personnes âgées.

De plus en plus d’enfants sont touchés par la Covid-19. À quoi cela est-il dû ?
Je ne peux me prononcer sur l’atteinte de la population pédiatrique par le nouveau coronavirus car je gère un service Covid-19, une structure qui était pendant deux ans consacrée aux adultes atteints de ce maudit virus. 
Pour les enfants, je pense que cela est dû à des atteintes par le virus respiratoire syncytial (VRS) ou la bronchiolite. Cela nécessite de faire de la recherche, des études et des examens, dont des PCR, des tests antigéniques et autres pour se prononcer.
 

Entretien réalisé par : FAOUZI SENOUSSAOUI

 

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