L’Actualité LOI PORTANT ORIENTATION ET ENSEIGNEMENT DE TAMAZIGHT

Assad pointe “un total déphasage avec la Constitution”

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Farid BELGACEM Publié 02 Janvier 2022 à 23:28

Si El-Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA). © D. R.
Si El-Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA). © D. R.

“Il est plus que  jamais  nécessaire  de relancer  la commission mixte HCA-ministère de l’Éducation nationale”, a recommandé le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité.

Le secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, considère qu’il est temps de réviser de fond en comble le statut de la langue amazighe en Algérie. Lors d’une conférence de presse organisée hier au siège de la Télévision nationale à l’occasion de la fête de Yennayer 2972, M. Assad estime qu’il est inconcevable que l’enseignement de tamazight dans les écoles algériennes soit toujours “facultatif” en 2022. 

“Nous sommes sur le point de faire des propositions avec notre partenaire, à savoir le ministère de l’Éducation nationale, pour la révision des textes de loi et l’ensemble des circulaires qui ont émané dudit ministère. La circulaire liée à l’enseignement de tamazight n’a jamais été actualisée”, a révélé le conférencier qui, par ailleurs, s’est félicité des évolutions sur le plan quantitatif. 

Aux yeux de M. Assad, les 3 750 enseignants qui dispensent cette langue dans les écoles ont besoin du soutien du HCA, car, a-t-il souligné, ils font face à des problèmes d’ordre réglementaire et juridique. 

“La loi portant sur l’orientation et l’enseignement de tamazight est en total déphasage avec la Constitution. Il est plus que jamais nécessaire de relancer la commission mixte HCA-ministère de l’Éducation nationale, car les enseignants font face à beaucoup de problèmes sur le terrain”, a encore déploré le conférencier, qui estime que les pouvoirs publics doivent déployer urgemment des plans de recrutement, d’autant que, observe M. Assad, “il y a beaucoup de diplômés, de licenciés, de masters et de doctorants qui sont capables d’assurer l’enseignement de tamazight. Il y a même la sortie d’une promotion à l’École supérieure de Bouzaréah. Il faut généraliser l’enseignement de cette langue, graduellement, certes, mais je constate qu’il n’y a pas de plan pour sa généralisation. Et cela relève de la responsabilité du ministère de l’Éducation nationale”.

Même si M. Assad ne l’a pas souligné, la création de l’académie de tamazight est forcément assujettie à une volonté politique quant à la révision du statut de cette langue et à la relance de la commission mixte censée insuffler une dynamique dans son enseignement et sa généralisation. 

Abordant le déploiement de tamazight dans les médias, M. Assad a indiqué qu’il existe déjà un protocole-cadre qui lie le HCA et le ministère de la Communication. Invitant les médias privés à s’investir dans ce créneau, le conférencier a révélé qu’une nouvelle plateforme sera lancée le 15 janvier prochain par le HCA et la Radio nationale et sera exclusivement dédiée aux journalistes qui exercent leur métier dans la langue amazighe.

Cette plateforme réunira le lexique journalistique commun et sera réalisée par des journalistes professionnels. Pour le moment, souligne M. Assad, sur les 55 radios régionales, 28 stations proposent des contenus en tamazight. Il citera, entre autres, la radio Saoura qui réalise des contenus dans la variante tachelhit, car, explique-t-il, ils sont inondés par les programmes du voisin de l’Ouest.

“Aujourd’hui, il est urgent de déployer des outils technologiques pour digitaliser tous les services afin de mieux promouvoir tamazight dans toutes ses variantes. C’est pour vous dire que le secteur de la communication est très impliqué dans la généralisation de tamazight à tous les niveaux pour traduire la dimension nationale et la cohésion sociale de cette langue”, a estimé M. Assad.

Grandiose fête de Yennayer dans l’Ahaggar
Abordant les festivités de Yennayer 2972 qui se dérouleront du 9 au 12 janvier prochain à Tamanrasset, M. Assad a indiqué qu’un vaste programme est prévu pour la circonstance. L’événement, placé sous le thème “Tumast d-tamuqast” (identité et rencontres), verra la participation de grands auteurs et écrivains, de chercheurs universitaires, d’artisans et de formateurs.

Ces festivités, marquées par la présence de la ministre de la Culture et des Arts, Wafa Challal, seront suivies de huit conférences, d’ateliers de formation, de parades et d’expositions au centre-ville de Tamanrasset, de travaux académiques, de ventes-dédicaces et d’un circuit touristique qui mènera la délégation à l’Assekrem, au sommet de l’Ahaggar.

Pour l’occasion, le HCA a invité 34 enseignants du Grand-Sud et des associations culturelles locales pour donner le coup d’envoi d’un cours en tamazight dans toutes les écoles de la wilaya et assister à la transcription de toutes les plaques des institutions locales en tamazight. 

Par ailleurs, un colloque scientifique sur le calendrier agricole berbère sera organisé à l’université de Tamanrasset, alors qu’un autre colloque sera consacré à l’habitat traditionnel en Algérie et à son rôle dans le développement durable.

En outre, le HCA annonce l’inauguration au centre-ville de Tamanrasset d’une instance chargée de traduire les documents en tamazight. En marge de ces festivités, deux accords d’engagement seront respectivement signés entre le HCA et l’université de Tamanrasset et le HCA et le ministère de la Culture pour promouvoir l’enseignement de tamazight.

Concernant la deuxième édition du Prix du président de la République, parrainé par Abdelmadjid Tebboune, le HCA décernera cette année 12 distinctions aux lauréats qui ont concouru dans les quatre thématiques dédiées, à savoir la linguistique, la littérature, la recherche dans le domaine du patrimoine matériel et immatériel et la digitalisation.

En ce sens, M. Assad a indiqué que “le HCA a déployé, en 2021, une plateforme numérique pour les candidats pour que ce prix se déroule dans la transparence. Les dix membres du jury, présidé par le chercheur Youcef Necib, ne connaissent aucun de ces candidats”.

À noter que l’année 2022 sera notamment consacrée au lancement de plusieurs applications intelligentes pour vulgariser toutes les variantes de tamazight et leur généralisation.
 

FARID BELGACEM

 

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