L’Actualité Kaspersky pointe une activité marocaine malveillante sur la Toile

Au royaume de la cyberpiraterie

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Farid BELGACEM Publié 06 Octobre 2021 à 10:35

Le pic d’activité malveillante dans le monde a eu lieu en juin, lorsque les solutions de Kaspersky ont bloqué plus de 12 millions de pièces jointes.© D.R
Le pic d’activité malveillante dans le monde a eu lieu en juin, lorsque les solutions de Kaspersky ont bloqué plus de 12 millions de pièces jointes.© D.R

Le rapport de Securelist de Kaspersky est sans appel : le Maroc est un pays non seulement pourvoyeur de courriers indésirables, mais aussi connu pour ses hackers et ses hameçonneurs qui volent des données pourtant chiffrées dans les pays du Maghreb.

L’Algérie continue de faire l’objet de sévères attaques cybernétiques. Si le pays constitue une “source de spams” avec un taux infinitésimal de 0,04 sur l’ensemble des objets malveillants qui atterrissent dans les boîtes mails dans le monde, le dernier rapport de Securelist de Kaspersky a révélé que l’Algérie a été une “cible de spams” à hauteur de 4% durant le deuxième semestre de l’année en cours. Et si la Tunisie n’envoie que 0,46% de spams et est ciblée par un taux de 4,54% de pourriels sur l’ensemble des spams reçus, le Maroc, lui, excelle dans les envois d’objets dangereux sur les boîtes mails, indique le même rapport. En effet, ciblé avec un faible taux de 1,07% de pourriels expédiés par les spammeurs, le Maroc détient le record au Maghreb avec un taux de 0,27%. 

Idem pour les chiffres liés à l’hameçonnage, le Maroc reste le dernier pays du Maghreb à être ciblé par les procédés du Phishing avec un taux de 3,96%, suivi de l’Algérie avec 4% et la Tunisie avec 4,54%. Le rapport de Securelist de Kaspersky est sans appel. Ce n’est un secret pour personne, le Maroc est non seulement un pays pourvoyeur de courriers indésirables, mais aussi un pays connu pour ses hackers et ses hameçonneurs qui volent des données pourtant chiffrées dans les pays du Maghreb. Les récentes attaques qu’ont subies les sites internet en Algérie renseignent, on ne peut mieux, que notre voisin de l’Ouest est le “royaume des courriers indésirables” par excellence.

Cela étant dit, ces statistiques sont loin de refléter la réalité, car le Maroc, faut-il le souligner, a, de tout temps, tenté de gagner sur le terrain du tourisme de séminaires en abritant des rencontres régionales sur la sécurité informatique, le développement du logiciel ou sur encore le lancement de pseudo-start-up, notamment dans le secteur des assurances. Le pic d’activité malveillante dans le monde a eu lieu en juin, lorsque les solutions de Kaspersky ont bloqué plus de 12 millions de pièces jointes, tandis que le mois de mai a été le plus silencieux avec seulement 10,4 millions. C’est le cas dans les pays du Maghreb, notamment en Algérie.

En effet, c’est durant cette période que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui, dans une instruction signée le 25 avril dernier, a ordonné aux entreprises publiques de résilier tous les contrats avec les entreprises d’origine marocaine, soulignant que “ces relations, engagées sans concertation, se traduisent par la mise à la disposition d’entités étrangères de données et d’informations sensibles qui peuvent porter atteinte aux intérêts vitaux du pays et à sa sécurité”, d’une part, et que “ces contrats génèrent des sorties de devises vers l’étranger pour des prestations à peine moyennes que des entreprises algériennes peuvent prendre en charge aisément”, d’autre part. 

Un coup dur pour les Marocains qui n’ont pas tardé à réagir pour trouver des “tunnels noirs”, afin de mieux espionner l’Algérie, ses cadres et ses médias. L’affaire du logiciel Pegasus marquera une escalade dans les multiples tentatives d’intrusion et de hacking. Car, deux mois après la résiliation desdits contrats, le royaume chérifien se trahit en recourant au logiciel israélien Pegasus. Le scandale fait le buzz sur la Toile. 

Le ministère des Affaires étrangères réagit. “L’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations (…) faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé Pegasus contre des responsables et citoyens algériens”, affirme le ministère des Affaires étrangères. Sachant que le mail reste le principal vecteur de la cyber-provocation, le Maroc ne lâche pas prise. Securelist de Kaspersky prédit, pour le troisième trimestre de l’année en cours, une stabilité des cyberattaques, notamment dans le secteur des entreprises.

Certes, 76% des spams envoyés dans le monde proviennent de dix pays, principalement l’Allemagne (14,4%), les États-Unis (12,1%), la Chine (7,6%), la France (3,6%) et les Pays-Bas (4,4%), mais au plan régional, certains pays, dont fait partie le Maroc, continuent d’envahir les boîtes mails et les autres plateformes de messagerie pour tenter de voler les données, les analyser et les exploiter pour mieux opérer. Là aussi, les hautes autorités du pays ont anticipé pour bloquer les sites d’information propagandistes marocains, à commencer par le site en ligne Le Desk racheté, en 2015, par l’actuel ministre marocain de Affaires étrangères, Nasser Bourita. 

Pour rappel, les quotidiens français Libération et Le Parisien avaient révélé, respectivement en 2017 et en 2020, que des ministres algériens avaient été espionnés, en 2015 et en 2016, à l’aéroport d’Orly à Paris, en France, par un capitaine de la Police des frontières (PAF), d’origine marocaine, qui, à chaque passage d’une personnalité VIP, transmettait entre 100 et 200 “fiches S” aux services secrets marocains. 

Une “affaire d’État” révélée au grand jour par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) dans l’Hexagone, que même les juges qui ont eu à l’instruire s’en sont étonnés, estimant dans leurs conclusions qu’il est “rarissime qu’un dossier relevant du secret étatique soit ainsi judiciarisé”.

 


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