L’Actualité Iddir Abderrazak, professeur en psychologie à l’université de Tizi Ouzou

“C’est un facteur aggravant de la violence qui ronge notre société”

  • Placeholder

Samir LESLOUS Publié 23 Mai 2021 à 09:54

“Ce qui vient de se passer à Bordj Badji-Mokhtar, ou encore à Biskra, est d’une gravité sans précédent, mais il est symptomatique de la violence sociale qui existe déjà. Ces agressions peuvent être considérées comme un facteur aggravant ou déclencheur d’une violence qui ronge déjà notre société en profondeur. La prédisposition à la violence est déjà là et on l’observe à travers les comportements quotidiens.

Et quand c’est la femme qui est visée, il ne faut pas se leurrer, elle est la plus vulnérable dans notre société et lorsqu’elle se retrouve sans aucune protection, comme ce fut d’ailleurs le cas des femmes de Bordj Badji-Mokhtar qui se trouvaient dans un logement de fonction isolé et sans protection, elle devient une proie facile à toutes sortes de violence et d’agression”, a commenté le professeur Iddir qui considère que cette violence contre les femmes n’est pas une simple conséquence d’une situation socioéconomique difficile mais relève d’une question profonde qui remonte jusqu’au statut de la femme en Algérie. 

Pour lui, le confinement pourrait constituer une partie du problème parce que, dit-il, “il ne faut pas oublier que le confinement génère beaucoup de refoulement, de privations et surtout de vulnérabilité socioéconomique” mais, s’est-il interrogé, “est-ce là un élément qui suffit à lui seul à expliquer ce phénomène de violence ?”. “Moi je n’y crois pas. Car ce n’est pas la première fois que ce genre d’agression se produit. On se souvient tous de l’affaire des femmes de Hassi Messaoud et peut être d’autres dont on n’a pas entendu parler.

Donc c’est un phénomène récurrent qui a existé même avant la crise sanitaire. Cela nous amène à dire qu’il n’y a pas forcément de relation de cause à effet entre la crise sanitaire et ces agressions contre les femmes. Cela pose un problème plus profond, qui remonte jusqu’au statut de la femme qui fait d’elle une mineure à vie, une proie facile notamment quand on sait qu’elle est isolée et qu’elle peut être atteinte facilement”, a-t-il argumenté. 

Pour un spécialiste d’ordre sentimental qui a requis l’anonymat, la précarité sociale est pour quelque chose mais ce n’est pas tout. “C’est un problème sociologique profond”, estime-t-il. “Il est encore tôt, vu la fréquence, pour parler de phénomène de société mais ce sont les symptômes d’une société qui souffre d’un sous-développement intellectuel, culturel… donc c’est avant tout une affaire de l’école qui doit agir sur le volet éducatif et préventif en enseignant, notamment, l’égalité des sexes, puis aussi répressif et c’est l’affaire des autorités, puis encore de sensibilisation et c’est le rôle des médias et des imams entre autres. C’est la conjugaison de ces volets qui peut porter ses fruits”. 

 


Samir LESLOUS

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00