L’efficacité dans la prévention et la lutte contre les incendies de forêt a été, hier, au menu d’une rencontre régionale qui a regroupé différents acteurs des wilayas de Tizi Ouzou, de Bouira, de Béjaïa, de Boumerdès et d’Alger, en présence d’une représentante de la Direction générale des forêts, avec comme objectif d’améliorer, à l’avenir, les plans de lutte pour éviter au couvert végétal et aux populations les catastrophes telles que celle vécue tout récemment dans la wilaya de Khenchela.
Intitulée “Incendies de forêt en Algérie : rétrospective, causes et mesures de riposte”, la rencontre en question se voulait un espace pour recueillir les avis, les propositions et les recommandations des acteurs du terrain pour servir de base à l’élaboration de stratégies plus efficaces en termes de prévention, d’intervention, d’organisation et de mobilisation des moyens.
“Sur instruction du ministre, nous avons organisé quatre ateliers sur le territoire national, et à l’issue de cet atelier de Tizi Ouzou, région que nous avons choisie pour avoir toujours été une des wilayas les plus touchées par les incendies, nous devons sortir avec une feuille de route spéciale qui permettra d’améliorer les plan d’urgence de sorte à éviter ce qui s’est passé à Khenchela”, a expliqué Mme Fertas, directrice du barrage vert et de la lutte contre la désertification à la Direction générale des forêts.
Le wali de Tizi Ouzou, Mahmoud Djamaa, qui a donné le coup d’envoi de la rencontre, a d’emblée rappelé, dans son allocution, qu’en plus des inondations et des glissements de terrain, les incendies de forêt constituent une des plus grandes menaces qui guettent l’Algérie et encore davantage la wilaya de Tizi Ouzou, dont le couvert végétal occupe 38% du territoire, mais le dispositif de protection est demeuré le même depuis les années 1980 ou même avant. “Ce n’est pas normal ! Parfois, il y a des défaillances dans l’organisation adoptée jusque-là et il faut y remédier. La priorité doit être celle de l’adaptation des moyens en fonction des dangers, d’une organisation efficiente, de l’implication de la société civile et aussi de la gestion de l’alerte et comment maîtriser les incendies à leur début, avant qu’ils ne deviennent incontrôlables”, a-t-il plaidé.
En ce sens, la représentante de la DGF, Mme Fertas, a expliqué qu’outre la poursuite du programme d’ouverture de pistes, de la mise en place des points d’eau et de l’entretien des accotements, il y a lieu, aussi, d’axer les efforts sur l’amélioration de la coordination intersectorielle, la multiplication des actions de sensibilisation, l’adaptation des moyens. Pour leur part, les différents acteurs du terrain présents, à savoir la Conservation des forêts, la Protection civile, les associations de chasseurs, etc., ont longuement insisté, notamment, sur la nécessité de mobiliser à chaque fois tous les moyens, y compris les colonnes mobiles et les moyens aériens possibles dès le départ d’un incendie de forêt pour éviter qu’il ne devienne incontrôlable.
“On ne doit plus attendre qu’un incendie se propage sur 400 à 500 ha pour mobiliser les gros moyens”, a recommandé un des présents. D’autres encore ont plaidé pour le recrutement des saisonniers qui jouent un rôle important dans l’alerte et les premières interventions, le retour aux maisons forestières, le renforcement de la surveillance pour l’alerte précoce en impliquant les associations de chasseurs, les comités de village, les scouts et autres associations.
Certains ont également mis l’accent sur la nécessité d’une sensibilisation à longueur d’année et pas seulement à l’approche de la saison estivale, l’éradication des décharges sauvages qui sont à l’origine de près de 70% des incendies, l’importance des rondes de la gendarmerie pour dissuader les pyromanes et aussi la médiatisation des arrestations de personnes impliquées dans des incendies volontaires pour servir d’exemple.
Sur ce dernier point, un des représentants du secteur des forêts a plaidé pour l’interdiction de tout allumage de feu durant la saison estivale. “Sans cette interdiction, toutes les personnes poursuivies en justice dans le cadre des incendies le sont pour incendie involontaire”, a-t-il argumenté.
Samir LESLOUS
