L’Actualité L’Exécutif fixe un objectif de 4 milliards de dollars hors hydrocarbures

Débureaucratiser l’exportation

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Badreddine KHRIS Publié 07 Février 2021 à 09:18

© Archives Liberté
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L’Association nationale des exportateurs algériens estime que les exportations hors hydrocarbures pourraient avoisiner les 3,5 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année. 

Même si l’objectif des 4 milliards de dollars à atteindre avant la fin de l’exercice 2021, tel que tracé par le président de la République, est difficilement réalisable, les exportations hors hydrocarbures (EHH) connaîtront une nette amélioration pour cette échéance, estiment les acteurs activant dans ce créneau. Ils s’accordent à dire que le chiffre des EHH pour l’année en cours va augmenter par rapport à 2020. Mieux, ils n’écartent pas la possibilité qu’il se rapproche du montant fixé par le chef de l’État.

L’Association nationale des exportateurs algériens (Anexal) reste convaincue — une fois n’est pas coutume— que les EHH avoisineront les 3,5 milliards de dollars d’ici à la fin de l’année 2021. En hausse comparé à l’année écoulée où le chiffre n’a pas dépassé les 2,3 milliards de dollars.

En dehors des dérivés du pétrole, des autres produits agricoles et agroalimentaires, les pouvoirs publics peuvent compter pour l’exercice actuel, sur l’apport des exportations de ciment et du rond à béton qui, selon le président de l’Anexal, Ali Bey Nasri, sera évalué à 200 millions de dollars chacun. Il y a lieu de tenir compte également, ajoute Ali Bey Nasri, des exportations du groupe Cevital estimées à 300 millions de dollars pour le sucre et plus de 50 millions de dollars du verre plat de sa filiale MFG (Mediterranean Float Glass).

Les exportations de tous ces produits, cités par le premier responsable de l’Anexal, pourront atteindre les 800 millions de dollars. “Je suis convaincu que le montant des EHH pour l’année 2021 avoisinera les 3,5 milliards de dollars”, soutient Ali Bey Nasri. Mais, nuance-t-il, il est impératif de lever au préalable un certain nombre de contraintes qui freinent cette dynamique naissante à l’export.

À commencer par la lancinante question de la réglementation des changes, notamment dans son règlement 07/01, article 29 relatif à la domiciliation, qui, selon les propositions de l’Anexal, doit être préalable à tout transfert, engagement et dédouanement pour les exportations des biens. Le seuil de la valeur des importations/exportations, pour que celles-ci soient dispensées de la domiciliation bancaire, doit être revu à la hausse, soit égal ou inférieur à 150 000 DA au lieu de 100 000 DA actuellement, propose l’Anexal.

L’Association suggère aussi le réexamen du règlement 14-04 régissant les investissements et I'ouverture de bureaux de représentations. Pour elle, l’investissement et/ou la représentation à partir du compte devises exportateur doit être libre et non soumise à ce règlement. L’organisation des exportateurs plaide pour l’abrogation de la note de la Banque d'Algérie n°06194 du 05 avril 1994 et souhaite que “l’exportateur bénéficie de la rétrocession devises au fur et à mesure de leurs rapatriements”.

C’est de permettre, en outre, le “rapatriement en espèces par l'exportateur ou son client sous condition d'une déclaration d'importation de devises délivrée par les services des Douanes aux frontières”. L’Anexal revendique l’autorisation de manière implicite de l’exportateur à financer les opérations et prestations de service à l'étranger, à savoir le transit, le transport, le dédouanement, la promotion médicale, la publicité, le marketing études, les formations à partir de son compte devises.

Dans le cadre de la dépénalisation de l’acte d'exportation, l’Anexal propose d’adapter I'ordonnance 96-22 relative à la répression des fraudes et au flux de capitaux de et vers l'étranger au dispositif de I'ordonnance 96-06 relative à l'assurance-crédit à l’exportation. “La modification portera, uniquement, sur l’alinéa relatif au défaut de rapatriement des capitaux de l’article premier”, précise-t-elle. Ainsi, l’on ne peut parler de défaut de rapatriement de devises si la créance en question est garantie par un contrat d'assurance.

L’Association estime aussi que l'exportateur doit disposer librement de son compte devises sans aucune restriction de la Banque d'Algérie. Ces écueils sont évoqués aussi par de nombreux exportateurs affiliés à la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa). Son président, Abdelwahab Ziani, avoue que l’objectif présidentiel des 4 milliards de dollars d’EHH est faisable et que l’Algérie peut même aller au-delà. Mais encore, faut-il “assainir l’environnement de l’entreprise”. 

Création de zones franches
Pour lui, “nous ne disposons pas d’une culture d’exportation”. La Cipa affirme faire sien l’intérêt des plus hautes autorités du pays pour l’exportation. Cette organisation a commencé par identifier tous les exportateurs en activité et ceux à même d’investir ce créneau. “L’outil et le savoir-faire existent pour peu que les lenteurs bureaucratiques qui brident toute initiative des investisseurs soient levées”, argue-t-elle.

La Confédération a tenu plusieurs réunions avec la tutelle du Commerce, ainsi que tous les intervenants dans le volet exportation dont les opérateurs, les experts, la société Tassdir, filiale de la Safex dédiée à l’export, et Logistrans, spécialisée dans le transport terrestre et la logistique. “Nous avons choisi de partir de l’existant, puis de nous agrandir. Avec tous ces acteurs, nous avons parlé des moyens existants”, affirme Abdelwahab Ziani. Ainsi, des zones franches devront être créées pour accompagner l’exportateur qui est, en fait, un producteur qui sait produire, mais qui n’est pas doté d’une culture à l’export.

La société Tassdir sera ainsi classée zone sous-douanes et deviendra une vitrine permanente à longueur d’année pour tous les produits exportables à Alger. Les salons traditionnels au sud du pays seront, de ce fait, considérés comme des zones franches. À Tamanrasset, l’Assihar sera une autre vitrine permanente d’exportation au Sud. Idem pour le Mouggar dans la wilaya de Tindouf, ainsi que Debdeb à Illizi. Des espaces de stockage et un guichet unique (douanes, banques, services phytosanitaires, chambre de commerce…) sont prévus pour ce type d’opérations.

“Le producteur désireux d’exporter pourra se contenter d’emmener sa marchandise vers ces zones et le reste sera effectué par d’autres personnes au niveau de ces zones franches, et le transport vers le pays de destination sera assuré par Logistrans”, explique notre interlcuteur. Dans une première étape, trois pays voisins de la Cedeao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest) sont ciblés avec une population globale de 350 millions d’habitants. Ces pays importent près de 400 milliards de dollars.

L’Algérie ne détient même pas 1% de ces chiffres. “Notre but dans un premier temps, c’est de réaliser au moins 5 à 10% de ces statistiques au sein de la Cedeao. Une part de 5% représente un montant de 20 milliards de dollars”, précise le président de la Cipa. Ces zones franches au Sud peuvent attirer les clients de ces pays comme le Mali, le Tchad, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, la Libye… qui veulent travailler avec l’Algérie.

La proximité de ces espaces commerciaux constitue un atout pour susciter l’intérêt de ces pays. Logistrans est prête à mobiliser plus de 170 camions dont 50 réfrigérés pour le transport des marchandises vers ces régions. Ce qui équivaut à plus de 20 000 tonnes de produits qui peuvent sortir chaque mois. C’est l’équivalent de deux bateaux.

Toutes cette logistique doit, cependant, être accompagnée par le Fonds spécial pour la promotion des exportations (Fspe). Ainsi, l’exportateur payera le transport à raison de 50%. Le reste sera récupéré par Logistrans au niveau du Fspe puisque c’est l’État qui assure la moitié des frais. 

 


Badreddine KHRIS

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