Le corps médical vient encore d’être endeuillé avec le décès, dimanche, à Batna, du professeur Saïda Brahimi, médecin-chef du service de pédiatrie du CHU Touhami-Benflis, des suites de la Covid-19. La défunte, âgée de 49 ans, était maman d’un garçon de douze ans. Tous ceux qui l’ont connue, sont unanimes pour dire que c’était une femme brave et loyale, dévouée, toujours prête à venir en aide et qui s’est constamment bien occupée de ses patients. Reconnue comme une sommité médicale à l’échelle nationale, elle a plusieurs fois honoré l’Algérie par sa participation à des congrès internationaux.
La énième victime de ce maudit virus, qui a aussi formé des centaines de praticiens de la région est du pays, a contribué à l’enrichissement de la recherche scientifique dans sa spécialité. Née en 1973 à Barika, dans la wilaya de Batna, Saïda Brahimi a eu son bac avec une moyenne de 17,03/20 et a choisi de suivre des études de médecine à Constantine, tout en déclinant une offre d’études à l’étranger. Diplômée en pédiatrie en 2007, elle a exercé sa profession au service pédiatrie du CHU de Batna jusqu’à accéder au grade de professeur en médecine, en 2019, puis au poste de médecin-chef la même année, un poste qu’elle a occupé jusqu’à ses derniers jours.
Toutes ses consœurs et tous ses confrères attestent qu’elle a géré son service avec ferveur, abnégation et dans le strict respect de l’éthique médicale. Ils témoignent de son dévouement, tout en citant de nombreuses qualités qui ont fait d’elle un ange. “Elle a aidé tous les étudiants, de la première année jusqu’au rang magistral. Personnellement, je lui dois beaucoup car, à l’instar d’autres confrères, elle m’a aidée durant mon cursus, puis pour ma thèse. Elle a assuré le suivi de mon travail de près et elle m’a assistée à l’affiner jusqu’à obtenir le grade de professeur en pédiatrie. Elle m’a aidée à ouvrir et à gérer un nouveau service de pédiatrie. Cela montre combien elle était bienveillante”, nous confie le professeur Fadila Bendaoud, chef du service de pédiatrie de l’établissement hospitalier spécialisé mère et enfant Meriem-Bouattoura de Batna et amie de la défunte.
Et d’ajouter : “Saïda Brahimi a toujours été proche des malades. Elle s’est portée volontaire pour gérer la Covid-19 pédiatrique à Batna. Elle connaissait parfaitement tous les patients qui ont été admis depuis le début de la pandémie. C’est un engagement sans faille. Elle mérite une médaille !” Notre interlocutrice, les larmes aux yeux, énumère les qualités de la victime tout en mettant l’accent sur sa gestion du service et des personnels qui travaillaient sous son autorité. “Elle était à l’écoute de chacun de nous. Elle pardonnait beaucoup tout en assurant une rigueur au service. À la faculté, elle dispensait des cours d’un rang magistral. Elle avait peur de la Covid-19 et craignait toujours de contaminer sa mère et sa petite famille. Sa mère qui était malade durant la même période, a échappé au virus. C’est une grande perte pour la pédiatrie en particulier et pour la médecine en général à l’est du pays et à Batna”, conclut le Pr Bendaoud, qui ajoute en substance que “parler du Pr Brahimi au passé est très difficile”.
Faouzi SENOUSSAOUI
