L’Actualité Wahiba Hadjoudj, DG de la Pharmacie au ministère de la Santé

“ DEUX MILLIONS DE DOSES LIVRÉES D’ICI À JUIN”

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Hanafi HATTOU Publié 23 Février 2021 à 23:56

© Liberté
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Dans  cet  entretien,  le  Pr  Wahiba Hadjoudj,  directrice  de  la pharmacie  au  ministère  de  la  Santé,  revient  sur  le  calendrier  national d’approvisionnement en vaccin anti-Covid. Elle expliquera, également, la démarche adoptée pour accélérer la vaccination, en annonçant l’arrivée de nouveaux lots dont 200 000 doses d’origine chinoise, aujourd’hui mercredi.

Liberté :   Jusque-là,  l’Algérie  n’a  réceptionné  que  100 000  doses  du vaccin anti-Covid  du  centre  russe  Gamaleïa  et  du  laboratoire britannique AstraZeneca. À quand la prochaine livraison ? 
Pr Wahiba Hadjoudj : La prochaine livraison du vaccin anti-Covid est programmée pour demain (aujourd’hui, ndlr). Nous allons réceptionner une quantité de 200 000 doses d’origine chinoise. Il s’agit d’un don accordé par la compagnie pharmaceutique chinoise Sinopharm. C’est un vaccin inactivé. On recevra, également, dans le cadre du mécanisme onusien Covax, un quota qui oscille entre 770 000 et 850 000 doses d’AstraZeneca. 

Cette nouvelle cargaison sera livrée vers la fin du mois en cours. L’Algérie s’est acquittée de toutes les procédures y afférentes. Il reste juste à valider les contrats d’indemnisation et l’obtention de l’autorisation d’utilisation. On a d’ailleurs écrit, ce lundi 22 février, au ministère de l’Industrie pharmaceutique, pour lui demander l’autorisation d’utilisation sur dossier.

Ce sérum d’immunisation a été déjà préqualifié par l’OMS en date de 15 février. Le producteur ne peut pas livrer un vaccin avant la préqualification. Pour le vaccin chinois, il faut savoir qu’il a déjà été enregistré dans le pays d’origine, à savoir qu’il a été utilisé. 

Quel  est  le  pays  d’origine  de  fabrication  des  800 000  doses d’AstraZeneca livrées dans le  cadre  du  dispositif  Covax  dont l’arrivage est confirmé pour le 28 février ? 
Effectivement, cette quantité a été confirmée pour le 28 février, mais ça peut déborder sur le mois de mars, soit la première semaine de mars. Ce produit d’AstraZeneca est  fabriqué  en  Corée  du  Sud, mais  sous  le  contrôle  du laboratoire britannique AstraZeneca.

Nous allons ainsi demander son enregistrement, même si nous avons déjà enregistré les 50 000 doses reçues d’AstraZeneca fabriqué par Serum Institut of India. Néanmoins, on doit faire une nouvelle demande d’autorisation d’utilisation. Cette procédure qui s’impose n’exige pas beaucoup de temps. Cela étant, cette opération n’a pas été de tout repos.   

À  défaut  d’une  homologation  définitive, la  préqualification  d’un  vaccin restera-t-elle une condition pour son utilisation ? 
À ce propos, il y a lieu de savoir que dans le cadre du dispositif Covax, l’OMS est partie prenante. Alors, pour distribuer un vaccin à travers le dispositif Covax, ce traitement doit préalablement et obligatoirement faire l’objet d’une préqualification délivrée par l’Organisation mondiale de la santé. Cependant, lorsqu’un produit vaccinal a été enregistré dans son pays d’origine, cela suppose que ce produit a déjà été utilisé. Autrement dit, nous avons cette sécurité et une garantie quant à son utilisation, dans le cadre du dispositif Covax à travers la préqualification de l’OMS.

Ce qui n’est pas le cas dans le cadre bilatéral. Nous avons demandé officiellement la demande d’autorisation d’utilisation, faute de quoi, nous ne pourrons pas le distribuer à la population. Toutefois, il y a eu dernièrement la promulgation de textes qui définissent les conditions de l’enregistrement, en général, et de l’enregistrement d’urgence, en particulier. Vu que nous sommes face à une situation d’urgence, nous avons eu l’autorisation d’utilisation comme cela a été le cas pour le Sputnik V et le vaccin d’AstraZeneca. La cargaison chinoise, qui sera réceptionnée demain (aujourd’hui, ndlr), sera utilisée le lendemain, soit jeudi, dans les polycliniques.

Qu’en  est-il  du  reste  du  programme  d’approvisionnement ? 
L’Algérie est en train de diversifier les possibilités d’approvisionnement en vaccin. Nous avons ainsi adhéré, au même titre que 54 pays africains, au programme africain appelé Avatt. C’est un peu l’équivalent du mécanisme Covax. Un achat groupé sous le contrôle de l’Organisation africaine. Nous avons déjà fait une précommande et nous avons saisi le ministère des Finances pour entamer les démarches auprès de la Banque africaine.

Ce mécanisme africain garantit déjà une disponibilité de 270 millions de doses. Le mécanisme africain a alloué un programme de 15% de la population algérienne, soit une quantité de 8,9 millions de doses. Cette quantité sera livrée par les laboratoires AstraZeneca, Pfizer et Johnson and Johnson. Par conséquent, si l’on additionne les quantités assurées par le programme Avatt à celui de Covax, l’Algérie disposera de millions de doses, soit de quoi vacciner 35% de la population algérienne.

Autant dire qu’il est question de 35% des 70% de la population : ce qui veut dire 50% de la population à vacciner. Cela fait un total de 20 millions de doses avec ces deux mécanismes. Les 20 autres millions de doses seront acquises dans le cadre d’achats bilatéraux, en négociations directes avec les fabricants. C’est ce que l’Institut Pasteur est en train de faire.

Cela veut-il dire que les livraisons s’étaleront sur toute l’année 2021 ? 
En  fait, nous  avons  de  bonnes  perspectives.   Nous  réceptionnerons  de manière  régulière,  durant  ces  deux  trimestres, des  quantités  de  doses jusqu’au 30 juin où l’on atteindra un quota de 2,2 millions de doses, voire plus. La première allocation dans le cadre du dispositif  africain  est  programmée pour la fin mars.

D’autres quotas seront réceptionnés durant le mois d’avril avec le programme signé avec l’Union africaine.  D’autres seront livrés  dans  le  cadre du Covax durant les mois de mai et juin. S’agissant du produit russe, le Sputnik V, il faut savoir que nous avons passé  une commande signée et validée le 13 janvier, qui est d’un million de doses.  La première livraison, soit  50 000 doses, a été faite le 29 janvier dernier.

Nous attendons un prochain quota  promis  pour  la  troisième  semaine de février, mais nous n’avons encore rien reçu, on nous a dit  que cele se fera dans la quatrième semaine, alors nous attendons. Cela n’a pas été du tout facile. Nous avons mené des négociations pendant des mois par visioconférence avec le laboratoire fabricant et avec l’ambassadeur de Russie qui a été reçu 4 à 5 fois au ministère de la Santé. 

C’était donc une course contre la montre pour lancer la campagne de vaccination durant le mois de janvier...  
Effectivement. L’Algérie n’a négligé aucune piste pour garantir le maximum de chances  d’acquérir  le  vaccin.  Après  avoir  mis  en  place  les  critères d’acquisition, nous avons avancé avec nos partenaires russes, parce que le Sputnik V a été déjà enregistré, soit le 11 août 2020.

Le  deuxième vaccin  homologué  a  été  celui  de  Pfizer  en  décembre, en Angleterre,  avant  que  l’OMS  ne  procède  à  l’homologation  du  vaccin d’AstraZeneca. Nous avions, donc, fait toutes les démarches nécessaires avant l’instruction du président de la République. Nous avons juste accéléré la démarche après l’instruction du Président, puisque tout avait déjà été fait en amont. Nous étions partis pour des livraisons à partir du mois de février, au plus tard, mars. 

Malgré  toutes  les  difficultés  des  fournisseurs  à  honorer  leurs engagements, la deuxième dose est-elle garantie pour les personnes ayant reçu la première ? 
Nous commencerons ces jours-ci l’innoculation de la deuxième dose. Les autorités sanitaires l’ont déjà réservée. Il y a tout un tableau de traçabilité électronique sur la distribution des vaccins à travers les polycliniques. Les flacons bleus contiennent la première dose et les rouges la deuxième.

Quel  est  le  nombre  de  doses  que  nous  devons  acquérir  pour atteindre le niveau  de  l’immunité  collective,  qui  est  de  70%  selon  le  Comité scientifique ? 
L’Organisation mondiale de la santé recommande aux pays membres de vacciner 50% de la population. L’organisation africaine préconise un taux de 60% de la population globale. En Algérie, on a pensé vacciner 70% de la population, soit 20 millions d’Algériens.

La plupart des vaccins sont administrés en  deux rendez-vous pour les deux doses, à l’exception du produit fabriqué par le laboratoire américain Johnson and Johnson qui exige une seule injection. Nous avons prévu au maximum 40 millions de doses, et ce, pour être en conformité  avec la  stratégie vaccinale arrêtée.

Grâce au mécanisme Covax, nous  avons  une garantie  d’acquisition d’une quantité de vaccins qui couvrira la demande de 20% de la population, soit le 5e de  la  population  algérienne estimée à 44 millions, soit 6 à 8 millions de personnes.  Nous avons  besoin  entre 12 et 16 millions  de doses pour leur assurer l’immunisation.  

Les prix pratiqués dans le cadre de Covax sont-ils plus intéressants que ceux appliqués dans le bilatéral avec le fournisseur ? 
Lorsqu’il s’agit d’un programme d’approvisionnement dans le cadre de Covax, les vaccins sont totalement  subventionnés, l’Algérie  ne payera rien, à l’instar des 180 pays qui ont adhéré au mécanisme onusien.

La cargaison est assurée jusqu’au port d’entrée du pays demandeur, alors que le transport, dans le cadre de la formule bilatérale, est à notre charge. Nous avons signé un mémorandum en novembre dernier avec l’Unicef qui doit prendre en charge tous les aspects logistiques jusqu’à l’aéroport Houari-Boumediene. Après quoi, l’Institut Pasteur prendra le relais pour stocker les vaccins.    

Le  croisement  de  doses  de  vaccination  entre  la  première  et  la  seconde est-il envisageable ? 
Il y a une réflexion autour de la question  de  mélange  de doses, mais jusqu’à présent, il n’y a rien de concret. Les experts n’excluent pas cette possibilité de croisement de doses entre  la  première  et  la  seconde  lorsqu’il  s’agit  de  la même plateforme technologique.

À  titre  d’exemple, les  vaccins  Sputnik V, AstraZeneca  et  Johnson  and Johnsons  ont  fabriqués  à  partir  d’un  virus  inactivé,  l’adénovirus.  Les scientifiques sont en train d’étudier l’interchangeabilité entre les vaccins de même plateforme technologique.
 

Entretien réalisé par : HANAFI HATTOU

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