L’Actualité Un pied au pouvoir, un autre dans l’opposition

Doux leurre du MSP

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Karim KEBIR Publié 01 Juillet 2021 à 09:17

Abderrezak Makri, président du MSP. © Louiza Ammi/Liberté
Abderrezak Makri, président du MSP. © Louiza Ammi/Liberté

L’option ne déroge pas à la ligne stratégique fixée par le défunt Mahfoud Nahnah :  “Le juste milieu.”

Après avoir entretenu un pseudo-suspense sur une éventuelle participation, le MSP a finalement renoncé à faire partie de la nouvelle équipe gouvernementale dont la mise en place devrait intervenir dans les prochains jours. Arguments avancés par son président, Abderrezak Makri : “Ce qui nous a été proposé ne permet pas d’influer sur la démarche politique.” 

Selon lui, la présidence de la République a proposé à son parti quatre portefeuilles ministériels, cinq tout au plus, dont les titulaires seront choisis parmi une liste de 27 noms que le MSP est convié à soumettre. 

“On veut être au pouvoir et non pas être sa façade (…) On n’a pas trouvé de disponibilité pour débattre du sujet”, a déploré Makri qui évoque, également, des “divergences” sur les mécanismes de “dialogue” sur les programmes. Aux yeux de ce responsable, connu pour incarner la ligne dure du parti, un adepte de la doctrine politique d’Ennahda tunisienne et de l’AKP turc, non seulement l’offre du pouvoir n’est pas à la hauteur des ambitions de sa formation, compte tenu de son présumé poids politique sur l’échiquier, mais il n’a pas aussi réussi à “marquer son territoire”, c’est-à-dire porter sa vision politique au sein de l’Exécutif. 

D’autant, suggère-t-il en filigrane, que son parti a été victime de la fraude et donc spolié de sièges qui auraient pu lui conférer une majorité parlementaire et, par ricochet, conduire le gouvernement. En refusant de siéger dans l’Exécutif dans les termes qui lui ont été proposés, le MSP vient confirmer en tout cas une constante chez le pouvoir algérien : les partis politiques ne sont que des faire-valoir, au mieux pour accréditer des changements cosmétiques, au pire apporter la caution à un programme, dans le cas présent, celui d’Abdelmadjid Tebboune, et à une démarche arrêtée en amont. Seraient-ce les seules raisons du renoncement ? A priori, le MSP, qui, faut-il sans doute le rappeler, a déjà “séjourné” au sein de l’Exécutif sous le règne du président déchu, n’a pas réussi à obtenir ce qu’il nourrit en catimini depuis longtemps, comme, du reste, tous les partis de la mouvance islamiste qui ont accepté le jeu politique : hériter de certains portefeuilles perçus comme stratégiques et vitaux pour leur idéologie, comme celui de l’Éducation ou encore des Affaires religieuses. 

Mais au-delà, en évoquant les “évolutions et circonstances” qui ont contraint le parti à ne pas intégrer le gouvernement, le MSP semble redouter de se “mouiller” et de s’associer à la gestion des affaires dans une conjoncture assez critique marquée par une crise politique profonde, une économie en berne et une défiance populaire du pouvoir, comme l’a prouvé l’abstention record, et dont l’éventuel échec ne manquera pas d’avoir des conséquences désastreuses sur le parti, particulièrement en perspective des élections locales prévues dans quelques mois. Aussi, en enfilant de nouveau les oripeaux d’un “opposant” à l’intérieur du pouvoir, il escompte jouer l’interface entre le pouvoir et l’opposition pour construire son “consensus”, d’où cette posture de “soutenir quelques aspects du programme de Tebboune” et de “décréter que le Hirak n’a pas atteint ses objectifs”. Réussira-t-il son pari ? Pas si sûr, d’autant que ni le pouvoir ni l’opposition ne font confiance à un parti habitué à des volte-face. Même assis entre deux chaises, lui en tout cas, ne cache pas ses ambitions : “On arrivera sans aucun doute au pouvoir et notre position dans l’opposition nous qualifie pour ça.” 

Karim K. 

 

 

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