L’Actualité Louisa Hanoune à propos de la répression des marches du Hirak

“La crise politique s’accentue”

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Kamel GHIMOUZE Publié 23 Mai 2021 à 09:45

© Louiza Ammi/Liberté
© Louiza Ammi/Liberté

La secrétaire générale du Parti des travailleurs estime que la crise politique que vit le pays “est une résultante de la stratégie de fuite en avant du pouvoir qui veut imposer le sauvetage du système politique déliquescent”.

Intervenant, hier à l’ouverture de la réunion du bureau politique de son parti, Louisa Hanoune n’y est pas allée avec le dos de la cuillère pour dresser un tableau noir de la situation politique et socioéconomique du pays. La secrétaire générale du PT qui s’est longuement attardée sur ce qui se passe en Palestine a fini par lâcher que ce “peuple frère n’ignore pas que la situation politique imposée au peuple algérien l’a privé de manifester sa solidarité avec le peuple palestinien dans des marches populaires”.

Pour elle, tous les voyants sont au rouge. “La crise politique s’accentue et est une résultante de la stratégie de fuite en avant du pouvoir qui veut imposer le sauvetage du système politique déliquescent hérité du modèle du parti unique. En même temps, la crise politique et sociale s’aggrave et s’exprime à travers des manifestations sociales multiformes, violentes, propres au climat d’étouffement et d’effritement du tissu social pour cause d’absence d’horizons et de perspectives tangibles.”

Un état des lieux préoccupant qui s’est confirmé, selon l’oratrice, durant le mois de ramadan qui, selon elle, a révélé “l’ampleur de la paupérisation, le recul de la consommation, la dégradation, chaque jour davantage, du pouvoir d’achat au moment où la majorité du peuple algérien connaît, actuellement, une vie marquée par des privations tous azimuts”. Abordant les interdictions des marches populaires et interpellations des manifestants, elle dira : “Nous sommes très inquiets devant la répression des marches populaires et celles des étudiants, les arrestations de centaines de manifestants et les condamnations à la prison de dizaines d’activistes comme ce fut le cas la semaine dernière quand 44 peines à la prison ferme ont été prononcées en une seule journée à travers plusieurs wilayas comme si la justice était devenue une machine de répression et de persécution.” Elle estime que ce sont autant de faits gravissimes qui caractérisent l’actualité nationale.

“Hier, vendredi 21 mai, nous avons assisté à des scènes dignes d’un pays en guerre ou en état de siège. Les interpellations se comptabilisaient par centaines dont des femmes comme par exemple une dizaine dans la seule wilaya de Jijel et bien d’autres dans différentes wilayas. Cette folle expédition punitive vise également des journalistes à l’effet de dissimuler la vérité sur ces dérives.

Elle cible aussi des responsables et des militants de partis politiques, des activistes et des citoyens anonymes qui n’étaient même pas concernés par ces marches et ont été arrêtés sur la voie publique, dans des cafés et des abribus”, poursuivra-t-elle. “Cela dénote, selon elle, l’existence de listes de personnes ciblées et rappelle la chasse aux sorcières du maccarthysme qui visait les sympathisants du communisme aux USA, le siècle dernier.”

Considérant que la répression touche tous les soutiens de la dynamique révolutionnaire en Algérie, elle s’interrogera sur “la violence policière horrible qui a atteint des proportions effrayantes parce qu’elle traduit une panique dangereuse chez le pouvoir qui peut engendrer une situation incontrôlable.

La criminalisation et la judiciarisation de l’activité politique et de la profession de journaliste sont érigées en mode de fonctionnement de la chose politique. Est-ce que le pouvoir en place pense qu’à travers cette répression de plus en plus féroce, il serait à même de se doter d’une base politique et résoudre le problème de l’illégitimité des institutions ?”

Sa réponse est “non ! Au contraire, ce pouvoir pousse la majorité dans ses derniers retranchements en dénigrant les droits politiques et socioéconomiques fondamentaux et, partant, il prépare une double rupture sur les plans politique et socioéconomique”. Et de poursuivre : “Il est certain à présent, à travers les rapports du Haut-Commissariat des droits de l’Homme de l’ONU et des ONG internationales que ce processus dangereux constitue un péril pour la souveraineté nationale et fait encourir au pays le spectre des spoliations économiques, diplomatiques et même militaires.”

À ces dérives, enjoint-elle, “s’ajoute l’instrumentalisation des médias publics à l’effet de diaboliser toute doctrine politique opposée aux positions officielles du pouvoir et pour déverser une propagande éhontée et grotesque. Les médias publics sont devenus le monopole exclusif du pouvoir et de ses relais”. Louisa Hanoune n’omettra pas à ce titre de dénoncer le parti pris de la radio algérienne qui autorise, selon ses dires, les attaques en règle contre les partis qui ont choisi de boycotter les législatives du 12 juin.

“Je leur dis que rien n’est éternel et qu’ils n’ont qu’à regarder dans leurs rétroviseurs et de se remémorer la situation qui prévalait dans le pays il y a deux ans”, commente-t-elle. Et Louisa Hanoune d’enchaîner : “Le Parti des travailleurs a décidé de manière souveraine de ne pas prendre part à ces élections et s’est assigné d’autres priorités qui sont le soutien des luttes des travailleurs et des larges couches populaires, des étudiants, des chômeurs et de la classe moyenne, le respect des libertés et des droits, l’arrêt de la répression et la libération des détenus d’opinion.” 

 


Kamel Ghimouze

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