L’Actualité ÉCOLE ALGÉRIENNE

La mauvaise leçon

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Kamel GHIMOUZE Publié 10 Mai 2021 à 23:23

© D. R.
© D. R.

Sinistrée,  fabrique  de  l’ignorance,  suridéologisée  et  laboratoire d’expérimentations  ratées,  détournée  de  sa  vocation,  l’école algérienne ne cesse de sombrer dans les abîmes. Enfermée dans une double crise d’identité  et  de  structure,  elle   est  le  soubassement  d’une  impasse sociétale. 

La récurrence des tensions qui affectent l’école algérienne avec en prime, des mouvements de grève incessants qui prennent parfois des allures de sédition intramuros aussi imprudente que compromettante pour la scolarité de centaines de milliers d’écoliers tire-t-elle son essence uniquement du marasme social éprouvé par les fonctionnaires du secteur de l’éducation nationale ? 

Un secteur qui s’est toujours retrouvé au centre d’enjeux politiques, idéologiquement aux antipodes, mais qui arrive paradoxalement à fédérer des partenaires sociaux d’obédiences diverses autour d’aspirations légitimes, lorsque celles-ci ont trait au volet purement social.

Les débrayages à répétition enclenchés ces derniers jours par les différentes catégories d’employés du secteur de l’éducation, puisqu’on on y trouve aussi bien les enseignants que les directeurs d’établissement et les agents administratifs ou d’entretien, prouvent que le mal est bien profond. 

Une situation symptomatique de la réalité du malaise que vit l’école algérienne en termes de moyens très insuffisants, sinon désuets, et des conditions de travail et/ou de scolarité proprement dites, décriées désormais par tous les intervenants. 

L’effort de l’Etat qui a choisi de reconduire depuis l’indépendance l’option de la démocratisation de l’éducation, considérable au demeurant, reste, aux yeux des partenaires sociaux, insuffisant et  mal  ordonné  tant il  est  vrai  que les revendications des travailleurs remettent  en  cause y  compris les statuts et tutelles  organiques  des  établissements  scolaires  au-delà  des  régimes indemnitaires. 

Aussi plaident-ils une émancipation de la régence de la fonction publique ou encore la mise sous tutelle du ministère  de l’éducation nationale des écoles primaires, mission dévolue jusqu’ici aux collectivités locales.

Le volet pédagogique des enseignements  n’est pas  en  reste des demandes avancées par les représentants syndicaux des travailleurs de l’éducation. Et à ce  titre, ce  ne  sont  pas  les  chantiers  mis  en  œuvre  par  les  différents gouvernements pour une refonte ou  du moins  une  révision  significative du système éducatif qui ont manqué. 

Depuis Ahmed Taleb Ibrahimi jusqu’à l’actuel ministre de  l’éducation nationale Mohamed Oudjaout en passant par Z’hour Ounissi, Aboubakr Benbouzid, dont la longévité  à  la  tête  de  ce  ministère  fait  encore  jaser, et tout  récemment Nouria Benghabrit qui a déclenché une véritable levée de boucliers contre elle de par l’approche  réformatrice  dont  elle  était  porteuse, jamais  le secteur le secteur de  l’éducation  nationale  n’a  connu  de  répit  en  termes  de  conflits sociaux.

Le malaise qui couvait  sous  le  règne  du  parti  unique  jusqu’au  milieu des années 1980 avait fini par mettre à nu les carences d’un système éducatif qui était déjà livré à la double appétence d’une école cantonnée dans la tradition et le conservatisme et l’aspiration à la modernité et à l’universalité.

Il y a lieu, à ce titre, de rappeler  que  ce sont  bien  les  présumées réformes annoncées par Mme Z’hor Ounissi en 1986 qui ont provoqué les évènements de novembre 1986 dans  plusieurs  villes du pays. Trois décennies plus tard, l’on est  toujours  presque  à  cette  ambivalence  “sécularité-historicité”  que l’école algérienne est appelée à dépasser. 

En proie à des enjeux politiques majeurs  avec en toile  de  fond le projet de société à adopter, le système éducatif ou l’école, plus particulièrement, était devenu l’arène de fixation des représentations sociales foncièrement opposées.

La crise économique et sociale aidant, le système éducatif  se retrouve encore une fois au  cœur  de  l’expression  d’un  marasme  qui  n’a  que  trop  duré et auquel les politiques successives  ne  sont  pas  parvenus  à  lui  prodiguer de thérapie.

Otage des oppositions des idéologies et discours politiques, l’école demeure victime de l’échec  consommé  de  toute  les  “réformettes”  sans  lendemain administrées à un corps malade. Et dire  que  tous  les  pourfendeurs  de  ce même système éducatifs ne sont autres que ses propres produits. 
 

Kamel GHIMOUZE

 

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