L’Actualité LE CHIFFRE D’AFFAIRES DE SONATRACH A CONNU UNE BAISSE DE 35% EN 2020

LA MAUVAISE PASSE

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Youcef SALAMI Publié 29 Juin 2021 à 23:08

© D. R.
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Le  P-DG  de  la  compagnie  nationale, Toufik  Hakkar,   s’est  montré  hier pessimiste  concernant  les investissements  dans le secteur des hydrocarbures.  “Le contexte n’est pas favorable” et  “beaucoup de compagnies sont en train de réduire” leurs investissements, consent le patron de Sonatrach.

L’année 2020 a été  difficile  pour  Sonatrach, avec  un  chiffre  d’affaires à l’exportation estimé à seulement 20 milliards de dollars, contre 32 milliards de dollars en 2019, soit une baisse de 35%. Pour 2021, les perspectives semblent plutôt encourageantes, avec un léger redressement des cours du pétrole et une reprise de la demande. 

Ces signaux positifs ont permis à Sonatrach  d’améliorer  ses revenus sur les cinq premiers mois de 2021  où  les  exportations  ont  bondi  de 45%, atteignant, en  valeur, 12,6  milliards  dollars.  Si  la  tendance  actuelle se maintenait, la  compagnie  nationale  des  hydrocarbures pourrait voir son chiffre d’affaires progresser de manière considérable et atteindre, à la fin de l’année en cours, 30 milliards de dollars, selon son P-dg, Toufik Hakkar, qui s’exprimait hier lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’entreprise. 

La compagnie nationale a exporté “41 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) à fin mai 2021 contre 33 Mtep à fin mai 2020”, a indiqué, de son côté, Boutaleb Mohamed Rachedi, directeur gestion de la performance à Sonatrach.

Hakkar a également souligné que la production d’hydrocarbures a augmenté de 4% au cours des cinq premiers mois de 2021. La croissance de la production a concerné le pétrole brut (22%), le gaz naturel (68%), le GPL (5%) et le condensat (5%). 

La production a ainsi grimpé à 78 millions Mtep sur les premiers mois de 2021 contre 75 Mtep à la même période de l’année écoulée. Il reste, toutefois, qu’une amélioration durable de la production dépendra en grande partie des investissements à consentir dans l’amont pétro-gazier.

Le P-dg de Sonatrach ne semble, toutefois, pas optimiste, déclarant que “le contexte n’est pas favorable aux investissements et que beaucoup de compagnies sont en train de réduire les leurs, en s’orientant vers l’industrie du renouvelable”. 

En 2020, Sonatrach a, elle, réduit son budget d’investissement de 32%. Elle a, par ailleurs, arrêté les importations de gasoil en mars 2020 et de l’essence en août de la même année.

Sur la question du dessalement de l’eau de mer, Toufik Hakkar a affirmé que Sonatrach est une entreprise citoyenne, et qu’à ce titre, elle ne pourra que répondre “positivement aux sollicitations des pouvoirs publics”. “Ceux-ci nous ont demandé de construire, en urgence, quatre nouvelles stations, et nous avons commencé à le faire”, a-t-il indiqué.

Le patron de Sonatrach a rappelé que l’entreprise qu’il dirige a déjà participé à la mise en place de douze unités de dessalement de l’eau de mer. Sur les douze stations, “neuf fonctionnent à plein régime, deux ne fonctionnent qu’à la moitié de leur potentiel et une unité est à l’arrêt en raison de la défaillance du partenaire”, a-t-il, relevé. Sonatrach achète l’eau dessalée à plus de 100 DA en moyenne le mètre cube et la revend à 25 DA en moyenne à l’ADE. 

BP s’apprête à se retirer d’In Salah
Le différentiel est supporté par l’État sous forme de subventions qu’il verse à la compagnie nationale. Certains y voient une contrainte, souhaitant que ce procédé soit revu. Le P-dg de Sonatrach se dit, lui, “ouvert à toute suggestion, y compris à l’ouverture du capital” des sociétés chargées du dessalement de l’eau de mer. Dans un autre registre, Toufik Hakkar a confirmé l’intention de British Petroleum (BP) de se retirer du site gazier d’In Aménas et de celui d’In Salah.

British Petroleum (BP) a déjà engagé des discussions avec l’Italien ENI pour lui vendre sa participation de 45,89% dans l’usine de gaz naturel d’In Aménas, ainsi que 33% de ses parts dans l’usine de gaz d’In Salah. Le patron de Sonatrach a précisé que “BP est en train de s’inscrire dans une nouvelle stratégie où les énergies renouvelables occuperont une place plus importante que le fossile”. 

Et de poursuivre : “Les contrats avec BP arriveront à échéance en 2027 et ENI sera prête à continuer à opérer sur ces sites au-delà de cette date.” Tout le monde aura compris que Sonatrach n’exercera pas son droit de préemption sur cette transaction. Il est bon de rappeler que British Petroleum s’est installé au début des années 1990, à In Aménas, sur un important site gazier constitué de sept champs exploités en association avec Sonatrach et Equinor (anciennement appelé Statoil). 

Le site a été la cible d’actes terroristes en 2013. Cela avait fait peser de sérieuses menaces sur les engagements contractuels de l’Algérie en matière d’exportation gazière vers l’Europe et avait jeté un froid sur les ambitions d’investissements de BP en Algérie.

Le P-dg de Sonatrach est, par ailleurs, revenu sur le contrat de transit lié au gazoduc Maghreb-Europe, un tube acheminant du gaz algérien à l’Espagne, mais qui passe par le territoire du royaume. “La compagnie nationale, a-t-il souligné, se prépare pour tous les scénarios.” Et d’expliquer : “Le contrat en question expirera le 31 octobre 2021. S’il n’est pas renouvelé, Sonatrach et ses partenaires espagnoles utiliseront le Medgaz, un deuxième gazoduc qui va de Béni-Saf (Algérie) à Almeria (Espagne), en passant sous la mer Méditerranée (ne traversant pas le territoire marocain) pour livrer du gaz à l’Espagne.” Medgaz est détenu à raison de 51% par Sonatrach et de 49% par Naturgy.

L’Algérie y a déjà opéré une extension de 197 km, allant d’El-Aricha à Béni Saf, dans l’objectif d’en augmenter les capacités d’exportation. Toufik Hakkar a également évoqué dans son intervention la raffinerie d’Augusta, indiquant que “pendant la première année d’exploitation, le site a enregistré des résultats négatifs”. “Au cours de la deuxième année, a-t-il poursuivi, l’entreprise a commencé à dégager des résultats positifs et à payer ses dettes.” Augusta avait suscité une grosse polémique. 

En effet, pour beaucoup, Sonatrach a fait une mauvaise affaire, en décaissant 700 millions de dollars pour racheter une raffinerie vieille de 70 ans. Ce site a été construit en 1949 et mis en service en 1950 sous le nom de Rasiom (Sicilian Refineries Oils Minerias). De plus, il était confronté à de gros problèmes d’ordre environnemental que Sonatrach devait régler à ses frais.

La compagnie nationale devait également y engager des travaux de maintenance. Elle a, d’ailleurs, contracté un prêt de 100 millions de dollars pour pouvoir les effectuer. Sonatrach avait ainsi fourni de l’argent supplémentaire bien au-delà du coût de l’acquisition de la raffinerie. 
 

Youcef SALAMI

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