L’Actualité FORUM DU RAJ SUR la situation des droits de l’Homme en Algérie

L’accablant constat

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Lyes MENACER Publié 11 Avril 2021 à 09:05

Des intervenants, hier, au forum du RAJ. © D.R
Des intervenants, hier, au forum du RAJ. © D.R

Les intervenants au forum du RAJ demandent l’ouverture d’un vrai débat sur le respect des droits des détenus et appellent à “mettre en place un cadre juridique et institutionnel qui permet leur garantie”.

Des avocats et militants des droits de l’Homme ont été unanimes à dire que “l’état des libertés en Algérie” connaît une régression inquiétante, dans ce contexte de forte mobilisation populaire qui dure depuis deux ans, lors de la 46e édition du Forum de l’association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), organisé hier à Alger.

“Deux ans après le 22 février 2019 et cet élan populaire, en tant que militants et défenseurs des droits humains, nous assistons à un recul des libertés”, a affirmé d’emblée Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (Laddh), estimant que “nous assistons à une tentative d’assassinat du rêve algérien, ce rêve suscité en 2019.

Nous assistons aujourd’hui, malheureusement, à une remise en cause des acquis, des libertés que nous avons arrachées, notamment la liberté de manifestation et de parole” que le pouvoir en place tente de museler à coups d’arrestations régulières des manifestants du Hirak, à travers tout le pays, les condamnant à de lourdes peines de prison et à des amendes, justifiant cela par la présumée “menace à l’unité nationale”.

Tout comme l’avocat Abdelghani Badi, Saïd Salhi dénonce cette volonté du régime à asseoir un contrôle total sur l’exercice politique et une société civile à contre-courant de ses ambitions politiques, figées depuis soixante ans. Évoquant cette “chape de plomb sur les militants et également la presse”, le vice-président de la Laddh note que “nous assistons carrément à une contre-révolution qui se manifeste à plusieurs niveaux : pressions permanentes sur les médias, sur les défenseurs des droits de l’Homme et sur les militants du Hirak”, dont plus de soixante personnes croupissent toujours en prison depuis le début de la révolution populaire pacifique.

“Nous constatons un recul inquiétant des libertés, y compris par rapport à la période du règne de Bouteflika”, a insisté Saïd Salhi, qui s’est longuement attardé sur les cas de tortures signalés par les détenus d’opinion lors de leurs arrestations et gardes à vue.

Maître Badi, qui partage ce constat, ne s’est pas contenté de dénoncer ces multiples violations des droits élémentaires garantis sous d’autres cieux, mais il a rappelé “l’urgence de mettre en place un cadre juridique et institutionnel qui permet à la fois la garantie des droits du détenu et à l’avocat de veiller au respect de ces droits”, notamment lors des gardes à vue, un point sur lequel l’avocat, membre du collectif de défense des détenus politique et d’opinion, a beaucoup disserté lors de son intervention.

“Nous militons encore pour la première génération en matière de droits de l’Homme. Nous sommes encore là à parler de la liberté d’expression. Nous sommes encore là à chercher après la liberté d’opinion et de pensée, le droit à manifester et la garde à vue. C’est malheureux et inadmissible”, a dit Me Badi, soulignant qu’“il est nécessaire et urgent aujourd’hui de mettre en place un cadre juridique protégeant les personnes placées en garde à vue”.

Si le contexte a imposé le débat sur les droits des détenus politiques et d’opinion, ceux des détenus des droits communs ne devraient pas être ignorés, a déclaré Abdelghani Badi, affirmant qu’“il ne s’agit pas seulement des détenus politiques ou d’opinion, mais aussi d’autres citoyens dont les droits ont été bafoués lors de leurs gardes à vue dans des affaires liées au droit commun”. Maître Fetta Sadat, avocate et cadre du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), estime, quant à elle, que “cette situation n’est pas nouvelle en Algérie”, plaidant pour le respect des textes et la “souveraineté du peuple algérien”.

Car, pour elle, “le changement ne réside pas seulement dans la modification des textes à l’infini, surtout que c’est ce pouvoir réel qui piétine et viole ces textes”, en référence surtout aux différentes Constitutions, maintes fois modifiées et violées par le régime en place, dans son entreprise de survie face à la volonté de changement exprimées par les Algériens.

“La solution réside dans le respect de ces textes et la garantie de la souveraineté du peuple algérien”, a ajouté Me Sadat, dénonçant le fait que “les véritables dirigeants du pays ne se rappellent le peuple algérien qu’à l’occasion des échéances électorales”.

 


Lyès Menacer

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