L’Actualité GOUVERNEMENT-SYNDICATS

Le face-à-face

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Nabila SAIDOUN Publié 01 Mai 2021 à 23:10

© D. R.
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Le contentieux entre travailleurs  de  l’éducation  nationale et leur tutelle vire carrément au bras de fer avec le gouvernement. Quatorze syndicats réunis annoncent une grève et des rassemblements pour les 9, 10 et 11 mai.

Mené avec succès, le débrayage décidé par le Satef, l’Unpef et le CLA a fini par convaincre  la  famille  de l’éducation  nationale  d’aller  en rangs unis et renforcés  vers  des  actions d’envergure. Réunie  mercredi, l’intersyndicale (regroupant  quatorze  syndicats)  a  opté  pour une démonstration de force en décidant de recourir à trois jours de grève et à des sit-in devant les directions de l’éducation les 9, 10 et 11 mai prochain au niveau national.

Visiblement contrarié, le gouvernement, par la voix du Premier ministre, a fini par réagir à cette cascade de protestations (santé, éducation, commerce, impôts, Protection Civile, etc.) observée, depuis plusieurs jours, dans de nombreuses wilayas du pays.

S’adressant aux protestataires, Abdelaziz Djerad a indiqué dans un communiqué “avoir observé, ces derniers temps, une augmentation des protestations syndicales, derrière lesquelles se trouvent parfois des organisations syndicales non agréées, soulevant certaines revendications, dont les demandeurs sont pertinemment conscients qu’elles ne sont pas réalisables, témoignant ainsi de l’état de négligence que de nombreux secteurs ont connu depuis plus de 15 ans”.

Rappelant que “l’exercice des libertés syndicales est un droit consacré par la Constitution et garanti par la loi”, le Premier ministre a averti contre “son exploitation abusive et arbitraire” qui, de son avis, “ne peut avoir qu’un effet contre-productif”. Il a même estimé que “l’obstination à suivre cette approche exagérée ne peut être considérée que comme une manœuvre visant à servir des objectifs clairs, même s’ils ne sont pas déclarés, visant à perturber le climat de changement que les pouvoirs publics ont initié”. Des propos qui n’ont fait qu’attiser la colère des syndicats de l’éducation nationale qui voient en cette sortie “une ultime provocation” et “un manque de respect” envers “la classe ouvrière”.

“Défaut de dialogue”
“Face à l’absence de dialogue, les problèmes se sont cumulés sans être résolus. Les protestations se sont alors multipliées à travers les wilayas exprimant un ras-le-bol généralisé”, a réagi, hier, dans une déclaration à Liberté, Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest).

“Le ministère a été incapable d’anticiper cela comme il est incapable de contenir la colère montante des travailleurs”, a-t-il expliqué. Selon lui, “c’est u faux-fuyant que parler de manipulation”. “Il faudrait que les responsables algériens comprennent que la classe ouvrière n’a pas besoin d’être manipulée pour revendiquer ses droits. Elle est majeure et mature pour cela. Nous réclamons, pour notre part, un salaire décent pour nourrir nos familles et mener une vie digne”, dit-il. “A-t-on pensé au smicard ? Comment peut-il répartir ses 18 000 DA pour répondre aux besoins quotidiens ?”, s’interroge-t-il, avant de pester : “C’est inacceptable !”

Le responsable du Snapest, qui fait part d’une situation sociale déjà difficile et accentuée par la dévaluation du dinar, ne manque pas d’ajouter : “Nous avons fait montre de patience durant la crise sanitaire, mais là, c’est plus que ce que nous pouvons supporter, surtout que notre tutelle nous ignore complètement.” Et de déplorer, lui qui revendique aussi un enseignement de qualité : “Nous nous attendions à des signes d’apaisement, et voilà que nous avons droit à des propos irrespectueux.”

Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), soutient, toutefois, de son côté, ne pas être d’accord avec l’option de l’intersyndicale et préfère lutter en solo. Il prévoit, cette semaine, une AG pour décider ensuite, au terme de la réunion du bureau national, de la démarche à suivre. Mais cela n’empêche pas pour autant le Cnapest de se montrer très critique vis-à-vis du Premier ministre, qualifiant ses propos de “provocateurs”. “Pour masquer son échec dans l’édification d’une politique économique efficiente susceptible d’améliorer le quotidien des travailleurs, le gouvernement passe aux menaces. Et si cette situation perdure, cela ne fera qu’exacerber les tensions et les syndicats refusent cet état de fait”, dit-il.

Des propos également qui ne sont pas du goût du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Il s’insurge, en effet, contre les propos de Djerad. “Nous réfutons toute déclaration qui jetterait le doute sur les intentions des protestataires et leur nationalisme”, affrime-t-il dans un communiqué, assurant que “les enseignants sur le terrain sont ceux qui dispensent aux générations montantes les leçons sur la dignité et l’honneur, et enracine en eux l’amour de la patrie et le sens du sacrifice”.
 

Nabila SAÏDOUN

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