L’Actualité Plongée dans le quotidien des sapeurs-pompiers

Le métier de tous les risques

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Lyes MENACER Publié 07 Mai 2021 à 23:42

© D. R.
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On  les  voit  partout  et  tout  le temps  pressés, avec  leurs  ambulances  et camions-citernes, pour évacuer des malades, éteindre un incendie en forêt ou dans nos villes aux immeubles parfois délabrés et difficiles d’accès. Mais on parle peu d’eux et ignorait quasiment presque tout de leur quotidien. Il s’agit, on le devine facilement, des agents de la Protection civile, que leur révolte, en cours depuis presque un mois pour des raisons socioprofessionnelles, a mis sur le devant de la scène.

Dimanche dernier, ils étaient des centaines à se donner rendez-vous à Alger, pour marcher de la place du 1er-Mai jusque devant le siège de leur direction générale, sise au cœur de Hydra, quartier diplomatique sur les hauteurs de la capitale.

Si certains sont à l’aube de leur carrière, beaucoup d’entre eux sont encore très jeunes et le lourd fardeau qu’ils portent, chaque jour, pour sauver des vies, se voyait sur leurs visages émaciés et leurs corps amaigris par la fatigue et le manque de sommeil.

Qui peut supporter un rythme de travail aussi infernal mais surtout mal rémunéré, car relevant du secteur public où les salaires sont bien faibles face à un pouvoir d’achat qui s’érode sans cesse ? “Nos unités sont dégradées”, a affirmé Hocine, qui a accepté de témoigner pour Liberté. “Parfois, on se cotise pour manger, à cause de la mauvaise gestion de l’ordinaire, y compris pendant cette période du mois de Ramadhan.

Les fournisseurs acheminent la marchandise en retard, et dans certains cas elle n’arrive même pas”, a enchaîné Sofiane, affecté dans l’une des unités de l’est du pays.

“Chaque matin, j’embrasse mes enfants et je les serre très fort contre moi, parce que je ne sais pas si je reviendrai le soir à la maison ou non”, a-t-il confié, lui qui a vu un de ses collègues mourir au milieu d’une autoroute, alors qu’ils essayaient de porter secours à des automobilistes grièvement blessés et coincés dans leur véhicule, complètement écrasé comme une boîte de sardine.

“Je travaille comme chauffeur de taxi pour survivre”, a lâché encore Hocine, la trentaine et père de trois enfants, qui traîne depuis des années le choc d’une intervention durant laquelle il ne savait pas qu’il se rendait chez lui pour évacuer son père tragiquement décédé dans sa menuiserie familiale.

“Nous vivons dans un stress permanent. Lorsque je suis de service, il m’est pratiquement impossible de fermer les yeux durant les 24 heures que je passe dans la caserne, alors qu’il ne se passe rien. Dans ma tête, je suis en intervention”, avoue Mounir en souriant, obsédé par la démission s’il venait à se marier.

Après avoir assouvi, au moins pour quelques instants, sa colère contre les dirigeants de ce corps constitué, qui relève directement du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Ahmed s’est joint volontairement à la discussion pour “vider” son sac : “Nous sommes tout le temps mobilisés : dès la relève à 8h30 et la levée des couleurs, nous enchaînons avec la corvée (nettoyage des sanitaires, de la cuisine et des dortoirs). Nous cuisinons à tour de rôle, peu importe si tu sais le faire ou non. Nous vivons comme j’ai vécu mon service national.”

Si en hiver les sapeurs-pompiers ont généralement droit à un petit répit, en été ils sont sollicités en permanence pour combattre l’enfer des incendies, loin de leur famille durant plusieurs jours. “L’an dernier, j’ai fait partie de la colonne mobile dans ma wilaya durant l’été.

Pendant huit jours, nous luttions contre un vaste incendie de forêt entre Tizi Ouzou et Béjaïa, au milieu des bombes artisanales qui explosaient sous l’effet de la chaleur”, se rappelle, pour sa part, Djalil, affirmant avoir enfilé sa tenue durant les huit jours qu’a duré sa mission et n’avoir dormi que quelques heures. 
 

L. M.

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