L’Actualité CONTRIBUTION

Le système éducatif algérien se libérera-t-il de l’antagonisme dogmatique ?

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Yazid HADDAR Publié 06 Septembre 2021 à 22:57

Par : YAZID HADDAR
(Neuropsychologue)

La rentrée scolaire est repoussée au 21 septembre, les élèves auront eu plus de trois mois de vacances. Quelle est la répercussion sur le rythme des élèves ? En effet, la question du rythme des élèves reste délicate, car entre les débats idéologiques sur les langues imposées aux élèves et les prérogatives d’apprentissage scolaire, la question du rythme est renvoyée aux calendes grecques ainsi que la question du respect du développement psychologique de l’enfant. En effet, le débat sur l’école en Algérie est toujours passionnant et sujet d’actualité. Chaque ministre vient avec ses convictions idéologiques et politiques. À l’image de notre société, qui est scindée entre la pensée moderniste, qui veut une école ouverte sur le monde et une pensée conservatiste (entre religion et identité) enfermée sur elle-même. Chaque idéal incarne une langue et une identité. L’ex-ministre de l’Éducation nationale, en l’occurrence Mme Benghabrit, a réussi à impulser un espoir pour sortir de cet antagonisme idéologique (moderniste/conservateur) pour introduire une démarche scientifique dans l’enseignement et son évaluation, comme le classement Pisa en mathématiques et en sciences. Cependant, depuis son départ nous n’avons eu aucune information sur ce classement. Comme tout débat passionnant, l’ex-ministre n’a pas été épargnée par les critiques des conservateurs, qui essayent malheureusement de lui imposer une feuille de route ! Bizarrement, avec l’actuel ministre, ce courant idéologique n’émet aucune contestation ! Que comprendre ? L’école est-elle sous leur contrôle ?  Dans une chronique, l’écrivain Amin Zaoui s’alarme du fait que la présidence de la commission de l’éducation au sein du Parlement algérien, l’Assemblée populaire, soit sous la tutelle du MSP, qui est le représentant “officieux” des Frères musulmans en Algérie, selon l’écrivain. A-t-il raison ? Ses inquiétudes sont légitimes, car la prise en main de cette commission va forcément formater, prédominer et renforcer la pensée conservatrice dans les apprentissages scolaires et surtout dans la culture pédagogique par la culture vestimentaire et subordonner la culture scolaire au pouvoir du religieux. Il est important de signaler que la pensée conservatrice est composée par deux courants politiques : les nationalistes (berbérophones, arabophones ou francophones) et les religieux (modérés, radicaux, pas de distinction linguistique). Cette nouvelle réorientation politique date depuis la prise en main des identitaires religieux (non-baâthistes) du parti unique, désormais, elle a été renforcée non pas uniquement par “la sacralité” de la langue de l’enseignement, mais également par la “légitimité” historique dans la constitution de l’identité nationale. Preuve en est, aujourd’hui,  l’“excommunication” de toute pensée et réflexion en dehors de la pensée “dominante”. Cependant, ce débat a occulté d’autres points cruciaux auxquels les parents et les élèves se heurtent au quotidien. On peut les résumer en quatre axes : structurel, pédagogique, formation et recherche. Au niveau structurel, à ce jour pour les enfants en situation de handicap, qu’il soit intellectuel (déficience intellectuelle), troubles du spectre autistique (TSA), troubles de l’apprentissage (les dys), troubles du langage, troubles praxiques, troubles moteurs, etc., l’éducation nationale n’a pas mis en place des dispositifs spécifiques pour les accompagner ni au niveau scolaire ni au niveau professionnel. Au niveau professionnel, à ce jour il n’y a pas de visibilité sur le parcours professionnel d’un jeune lycéen, par exemple quand celui-ci souhaite étudier la boulangerie, la pâtisserie, la restauration, la comptabilité-gestion, etc. Au niveau pédagogique, il existe des lacunes dans l’enseignement des arts, de la musique, de la lecture. La place accordée au spectacle et aux visites culturelles (musée, cinéma, exposition artistique, etc.). Quelques tentatives d’introduire des nouvelles méthodes pédagogiques dans l’enseignement des sciences, de la littérature..., cependant, elles restent limitées à quelques espaces géographiques. En outre la culture pédagogique ne doit pas être réduite aux nouvelles technologies, c’est-à-dire à l’introduction des ordinateurs, des tablettes, etc., qui peuvent être bénéfiques et néfastes, selon l’usage qu’on en fait, elle doit également introduire d’autres types d’intervention et de méthodologie de travail. 

L’exemple de l’histoire est important. Pourquoi ne pas faire venir une personne qui peut raconter comment nos aïeux vivaient avant, leur consommation, leur architecture, etc., ou visionner un film qui rapporte ces informations. Au niveau de la formation, la place des formateurs dans l’enseignement est prépondérante, avec la qualité et les outils proposés dans ce cadre. L’importance d’enseigner la psychologie du développement, ce qui permettra aux futur(e)s enseignant(e)s d’adapter les outils et les objectifs selon l’âge de développement. L’enseignement des troubles de l’apprentissage et à qui s’adresser pour poser le diagnostic (surtout l’après-diagnostic), peut aider les enseignants et les parents à comprendre les difficultés de l’enfant. Au niveau de la recherche, il existe peu de centres de recherche sur les apprentissages, la pédagogie, l’échec scolaire, etc., au niveau de la tutelle (ministère de l’Éducation nationale), au niveau des universités ou dans les instituts de recherche privés. En effet, sortir de ce clivage, nécessite une volonté politique et un engagement de la société civile, surtout au niveau des associations de parents d’élèves, des associations qui enrichissent le débat sur l’école (méthode d’enseignement, la pédagogie, la psychologie et/ou la neuropsychologie scolaire), les syndicats... Cependant, ce débat est souvent miné par des idéologies où la pensée moderniste cède, de plus en plus, sa place à la pensée conservatrice. 

 

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