L’Actualité MISE EN OEUVRE DES POLITIQUES ÉCONOMIQUES PUBLIQUES

L’épreuve du réel

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Ali TITOUCHE Publié 28 Septembre 2021 à 00:48

© D. R.
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Parce  qu’élaborées  sans  associer  les  véritables  acteurs  de  la  vie économique, les politiques publiques peinent à  se  réaliser  sur le terrain. Cette anomalie vient compliquer un climat des affaires déjà peu favorable au décollage de l’économie nationale.

Lors du discours de clôture de la rencontre gouvernement-walis, tenue samedi et dimanche derniers à Alger, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, a appelé les walis à “la mobilisation” pour relever le défi de réalisation des objectifs du programme d'action de son gouvernement, précisant que les recommandations issues de ladite rencontre sont incluses dans le plan d’action en question. 

Le Premier ministre a multiplié, à la même occasion, les annonces, tantôt en faveur des fonctionnaires, tantôt à l’adresse des investisseurs, pariant sur l’impératif de relancer une activité économique morne, gravement affaiblie par le choc pandémique lié à la Covid-19.

Il y a comme une course contre la montre dans laquelle s’est engagé le gouvernement, dont l’objectif est d’accélérer le rétablissement de l’économie algérienne et réduire ainsi le coût social de la crise, dont l’onde de choc s’était étendue au front social, alimentant alors une grogne qui s’était fait sentir sur plusieurs terrains.

Plusieurs propositions ont été faites par les cinq ateliers organisés lors de cette rencontre gouvernement-walis. Elles ont pour objectif de suggérer des pistes de travail pour rendre efficientes la gestion et les dépenses publiques au niveau local, redynamiser l’investissement et éliminer les lois toxiques entravant l’entrepreneuriat, etc. 

Lors de la remise des conclusions des ateliers, le Premier ministre s’était engagé à reprendre sans filtre les propositions des cinq ateliers, afin de les inclure dans le plan d’action de son Exécutif. Aïmene Benabderrahmane a enjoint les walis de traduire ses mesures en actes concrets, pariant ainsi sur leur “mobilisation” et celles de tous les fonctionnaires.  

Le Premier ministre sait pertinemment que la mère des batailles se jouera désormais sur le terrain et que l’exercice des travaux pratiques n’a pas été si simple pour les précédents gouvernements ; son prédécesseur Abdelaziz Djerad avait amèrement regretté que 80% des décisions du président de la République n’aient pas été exécutées dans un discours sanctionnant les travaux de la rencontre gouvernement-walis de 2020.

Il avait carrément accusé l’administration locale de laxisme, soulignant que les décisions consignées essentiellement dans le programme de développement des zones d’ombre n’ont pas été exécutées.

Le chef de l’État a rajouté une couche, samedi dernier, révélant que la rentrée scolaire de cette année s’était faite alors que 817 écoles n’avaient pas de cantines et 537 autres étaient privées de transport scolaire. 

C’est la question de la mise en œuvre des mesures qui finit par se poser très vite à l’issue de pareilles rencontres et/ou conférences, tant il est vrai que la concrétisation des décisions politiques n’était guère le sport favori des fonctionnaires de l’administration publique.

Preuve en est qu’une année après la tenue, à la mi-août 2020, de la conférence nationale sur le plan de relance, seulement le tiers des actions inscrites dans les recommandations a été réalisé, de l’avis du Conseil national économique, social et environnemental (Cnese). 

Dans un 2e rapport d’évaluation de la mise en œuvre des recommandations de ladite conférence, rendu public au mois de juin dernier, le Cnese avait jeté un grand pavé dans la mare, constatant qu’une année après la tenue de la conférence, “seulement 32% des actions à court terme ont été achevées et 9% des actions entamées, alors que le délai de réalisation a expiré”.

Pour faire face à cette crise que connaît la mise en œuvre des politiques publiques, le chef de l’État et le Premier ministre ont tenté chacun de dépassionner l’acte de gestion et de promettre des mesures concrètes, afin de libérer les fonctionnaires.

Les deux hommes tenaient à ce que les précédents écueils juridiques criminalisant les erreurs de gestion soient levés, afin d’en finir avec la crise de signature qui ralentissait l’investissement et la relance. 

Pour ainsi dire, passé le grand oral du binôme de l’Exécutif et des travaux théoriques des ateliers organisés lors de la conférence gouvernement-walis, la récurrente question de la mise en œuvre des décisions issues de cette rencontre se pose à nouveau.

Tout  comme  celle  des  réformes  contenues  dans  le  plan  d’action du gouvernement.  La  reprise  des  cours  pétroliers  mondiaux — le Brent caracolant à près de 80 dollars le baril — ne doit pas, encore une fois, faire oublier l’impératif des réformes structurelles, seule issue à la crise endémique que connaît le pays.   
 

Ali TITOUCHE

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