L’Actualité Déjà lourdement impactées par la crise sanitaire

Les entreprises redoutent le pire

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Ali TITOUCHE Publié 13 Juillet 2021 à 21:44

© Archives Liberté
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Les chefs d’entreprise s’inquiètent des conséquences d’une nouvelle vague de la pandémie sur le tissu productif, alors que les mesures de soutien bancaires et fiscales de l’année dernière n’ont été que faiblement appliquées.

Face à la recrudescence des cas Covid-19 - le nombre des nouvelles contaminations journalières étant supérieur au record des 800 cas de novembre 2020 - plane l’inquiétude d’une nouvelle vague qui pourrait submerger les entreprises, dont une bonne partie peine à se relever des conséquences de la première vague. Pour beaucoup d’entre elles, un nouvel épisode épidémique serait catastrophique surtout s’il venait à être accompagné d’un nouveau tour de vis sanitaire, semblable à celui du printemps et de l’été 2020. 

À l’issue d’un exercice chaotique, beaucoup d’entreprises y ont laissé des plumes, dont certaines ont carrément baissé rideau, à l’instar de centaines de PME du secteur du BTP, de l’hôtellerie et de la restauration. Selon les conclusions d’une enquête du Centre de recherche en économie appliquée (Cread)  communiquées récemment, des entreprises algériennes indiquent avoir perdu en moyenne 50% de leurs chiffres d’affaires en 2020 sous l’effet du choc pandémique, dont une majorité de PME. Le secteur du transport de marchandises a subi une perte sèche de 90% sur son chiffre d’affaires, suivi du secteur des services et de celui de l’industrie agroalimentaire.

Le choc pandémique a été ressenti de façon plus importante dans les secteurs des services et celui du BTP, note l’enquête du Cread. Les opérateurs économiques ont indiqué, à 21%, qu’ils envisageaient une reprise de l’activité, 12% la réduction de leur effectif, 10% présagent une tension sur la trésorerie, 11% envisagent la fermeture de leur entreprise et 10% prévoient le report de leurs investissements. 

Le coût social de la crise sanitaire s’est révélé pesant avec, au tableau, une hausse sensible du taux de chômage, une érosion accélérée du pouvoir d’achat et une fragilisation de plusieurs catégories sociales. Confrontées au risque d’une nouvelle vague, les entreprises craignent désormais l’avènement de nouvelles mesures destinées à contenir la nouvelle hausse des contaminations journalières. 

Même si un nouveau tour de vis sanitaire semble être improbable pour le moment, étant donné son coût et la difficulté de mobiliser les ressources financières nécessaires, “cette potentielle troisième vague met les chefs d'entreprise non seulement dans un état de fragilité extrême, mais aussi dans un brouillard psychologique. Ailleurs, cela est reflété par l'indice de confiance. Chez nous, cet indice est au plus bas”, estime Mohand Touazi, économiste et chef d’entreprise, contacté par Liberté. 

Mesures de sauvegarde 
Les chefs d’entreprise s’inquiètent légitimement des conséquences d’une nouvelle vague sur le tissu productif, alors que les mesures bancaires et fiscales de l’année dernière, censées aider les entreprises à se remettre du précédent choc pandémique, n’ont été que faiblement appliquées. “La courroie de transmission de ces mesures n’a pas bien fonctionné”, estime Adel Bensaci, président du Conseil national consultatif pour le développement des PME (CNCDPME). Selon certains témoignages de chefs d’entreprise, des banquiers sur la place d’Alger refusaient de prendre le risque de financer des entreprises fragilisées par l’impact de la Covid-19.

Celles-ci font face non seulement à la difficulté d’accéder aux crédits d’exploitation, mais aussi à la pression des banques pour le remboursement des crédits. “Les entreprises sont plutôt soumises, aujourd’hui, au choc de l'incertitude totale. Certains secteurs ont périclité (transport, tourisme, BTPH...). Cela pour la simple raison que le soutien de l'État n'est pas arrivé via un plan de sauvegarde, comme suggéré par le Cercle d’action et de réflexion pour l’entreprise en avril 2020. Pour celles qui restent encore en vie, elles doivent se débattre seules pour survivre. Leurs plans de charge sont en forte baisse par la conjonction de plusieurs facteurs, dont la hausse des prix et l’indisponibilité des matières premières au niveau mondial, une réglementation changeante et confuse, et une demande en forte baisse due au fort taux de chômage”, estime Mohand Touazi. 

Ces éléments, combinés à l'incertitude des effets de cette nouvelle vague, nourrissent chez les chefs d’entreprise un sentiment d’impuissance, alors que pointe à l’horizon la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre la recrudescence des cas de contamination. Plusieurs manifestations économiques et conférences sont reportées sine die. Le scénario d’une reprise de l’épidémie semble se confirmer avec la hausse des contaminations et des décès. Face au risque d’un second impact sur le tissu productif, l’économiste et chef d’entreprise, Mohand Touazi, pointe l’impératif d’une vision, d’une visibilité et de la concertation entre les parties prenantes.

“À partir de ce socle se déclineront les actions à entreprendre”, estime notre interlocuteur. Pour ainsi dire, même si un nouveau tour de vis sanitaire reste jusqu’ici peu probable, les entreprises redoutent sérieusement le scénario d’un nouvel épisode épidémique, lequel serait synonyme de faillite, en l’absence d’un véritable plan de sauvegarde.  

 


Ali Titouche

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