L’Actualité Le chef de l’état multiplie les critiques contre l’exécutif

Les jours du gouvernement sont-ils comptés ?

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Ali BOUKHLEF Publié 12 Janvier 2021 à 10:03

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Peu avant de s’envoler avant-hier pour l’Allemagne pour un nouveau séjour médical, Abdelmadjid Tebboune n’a pas caché son mécontentement concernant le travail du gouvernement dont il a relevé qu’il “y a du bon et du mauvais” dans son action.


Les jours du gouvernement d’Abdelaziz Djerrad, nommé il y a une année, sont-ils comptés ? S’il faut se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste que le chef de l’État ne manque pas de critiquer ouvertement certains de ses ministres. Peu avant de s’envoler avant-hier pour l’Allemagne pour un nouveau séjour médical, Abdelmadjid Tebboune n’a pas caché son mécontentement concernant le travail du gouvernement dont il a relevé qu’il “y a du bon et du mauvais” dans son action. C’est la seconde fois que le chef de l’État s’exprime ainsi sur son gouvernement en l’espace d’une semaine.

Lors du dernier Conseil des ministres, Abdelmadjid Tebboune a qualifié de “mitigé” le bilan de l’Exécutif qui vient de boucler une année. Une preuve supplémentaire que l’actuel gouvernement est en sursis. Entre le chef de l’État et une partie du gouvernement, le divorce semble bel et bien consommé. S’il ne cite pas nommément les membres du gouvernement dont le travail ne trouve pas grâce à ses yeux, Abdelmadjid Tebboune ne cache pas pour autant sa colère. 

Face au Premier ministre, Abdelaziz Djerad, venu le saluer dimanche à l’aéroport militaire de Boufarik avant son voyage en Allemagne pour des soins, il a résumé, dans une courte phrase, le sourire en coin, ce qu’il pense de l’équipe gouvernementale dont le travail alterne “le bon et le mauvais”. Le propos d’Abdelmadjid Tebboune laisse transparaître que d’autres têtes risquent de tomber. Cette décision conforte en tout cas les rumeurs persistantes sur un éventuel remaniement gouvernemental dans les prochaines semaines, d’autant que cela fait des mois que le chef de l’État multiplie des expressions de mécontentement vis-à-vis de l’équipe gouvernementale.

Signe de la défiance : il est allé jusqu’à mettre en avant certains de ses conseillers qui remplacent, sur le terrain, certains membres du gouvernement. C’est le cas du conseiller du président chargé des zones d’ombre, Brahim Meradi, qui sillonne le pays depuis plusieurs semaines pour “écouter” les citoyens et, fait inédit qu’il convient sans doute de souligner, formuler des promesses au nom de l’État. Pendant ce temps, le ministre de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, est relégué au second plan. Ce dernier a, certes, réuni à deux reprises, ces dernières semaines, les walis de la République, mais ses sorties publiques sont extrêmement rares. 

Il en est de même pour d’autres responsables du gouvernement qui sont totalement effacés, y compris depuis le retour du chef de l’État de son long séjour en Allemagne. Pourtant, il y a peu de temps, Abdelmadjid Tebboune ne se montrait pas sévère avec ses ministres. Lors d’une intervention médiatique, l’été dernier, il avait admis que le rendement de certains ministres n’était “pas celui qui était attendu”, mais il leur avait trouvé des circonstances atténuantes. 

Il avait expliqué alors que “certains ministres manquent d’expérience” et que s’ils avaient mal agi, c’était uniquement “par manque d’expérience”. Ces remarques avaient été suivies par des mises en garde. Abdelmadjid Tebboune avait, par exemple, sommé le ministre de la Poste et des Technologies de l’information, Brahim Boumzar, de trouver une solution au débit internet avant la fin de l’année écoulée. Les délais sont passés, et le ministre justifie l’absence de l’amélioration du débit internet par des problèmes techniques liés à la vétusté des câbles. 

La même mise en garde a été adressée au ministre de l’Intérieur, invité à régler le problème des “zones d’ombre” et à celui de l’Industrie à qui il a enjoint de “finaliser” les textes inhérents à la sous-traitance dans l’industrie automobile et de l’électroménager. Les deux textes ont été finalisés depuis. Ces mises en garde ont été appuyées, en guise de mécontentement, par l’impasse faite par le chef de l’État qui a évité, sciemment probablement, d’évoquer le gouvernement le 13 décembre dernier dans sa vidéo, quelques jours avant de quitter l’hôpital. Il avait, ce jour-là, loué le rôle de toutes les institutions, notamment l’ANP, mais pas le gouvernement.

Ce désaveu du chef de l’État envers l’Exécutif doit logiquement déboucher sur un changement, au moins partiel, de l’équipe d’Abdelaziz Djerad. Un changement qui ne pourrait, toutefois, pas intervenir avant le retour d’Abdelmadjid Tebboune d’Allemagne.

 


Ali Boukhlef

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