À une semaine de la fête de l’Aïd El-Adha, plusieurs points de vente de moutons ont vu le jour à Oran, où les prix affichés oscillent entre 35 000 DA et 80 000 DA la tête.
“Ce mouton a été vendu à 69 000 DA ; nous demandons 80 000 DA pour celui-ci”, explique un éleveur de Relizane, en désignant du doigt un bélier affalé contre la clôture du petit enclos improvisé à Belgaïd, dans la banlieue est d’Oran. “Regardez ! Nous enregistrons toutes nos ventes sur ce cahier”, ajoute-t-il, en exhibant à l’adresse d’un couple hésitant un cahier d’écolier où étaient gribouillées quelques notes.
“C’est pour que les gens ne croient pas que nous essayons de les voler ou de les arnaquer”, explique-t-il en guise de bonne foi. Depuis un peu moins d’une semaine, les Oranais vivent ainsi au rythme des préparatifs de la célébration de la fête religieuse.
Près de la cinquantaine de points de vente de moutons disséminés sur le territoire de la wilaya, les vendeurs de couteaux, de barbecues et de charbon se sont multipliés dans les quartiers populaires et au bord des routes secondaires.
Malgré l’effondrement du pouvoir d’achat, la progression fulgurante du coronavirus et une situation socioéconomique de plus en plus compliquée, l’attachement à l’Aïd El-Kebir demeure intact pour une partie de la population, qui court les marchés de bétail à la recherche de la bonne occasion.
Un “sacrifice” que beaucoup sont prêts à consentir, ne serait-ce que pour faire plaisir aux enfants. “Il y a quelques années que nous n’avons pas pu acheter un mouton. Ce serait bien de pouvoir le faire cette fois-ci pour donner un peu de joie aux enfants”, souhaite cette femme – sans bavette, comme la majorité des Oranais – qui n’est pourtant pas sûre d’y parvenir, malgré son salaire d’employée et celui de son époux.
“Même à 35 000 DA pour le petit mouton là-bas, je n’en suis pas certaine. On verra dans les prochains jours”, admet-elle, en désignant un troupeau en train de traverser la double voie de Belgaïd, dont le propriétaire a assuré qu’il était prêt à faire lui aussi un “sacrifice” pour vendre ses agneaux.
D’autres citoyens, en revanche, ont décidé de ne pas acquérir de mouton cette année en raison notamment de l’augmentation des prix des produits de large consommation enregistrée ces derniers mois et des incertitudes qui pèsent sur l’avenir. De fait, les clients ne se bousculent pas dans les marchés de bétail, contrairement aux années précédentes (exception faite de 2020).
Dans tous les marchés, les maquignons attendent, sous la chaleur lourde de ces jours de juillet, que de potentiels acheteurs se présentent. C’est le cas à Belgaïd, au douar Boudjemâa, mais aussi au marché de Hassi-Benokba, faubourg situé sur la route entre Oran et Hassi-Bounif, où des maquignons en provenance de Tiaret ont implanté plusieurs enclos sur un terrain vague pour proposer des moutons de différents gabarits à des prix allant de 25 000 pour le petit mouton à 85 000 DA pour l’imposant bélier.
S. OULD ALI