L’Actualité EFFET DES ÉCRANS SUR LE LANGAGE ORAL DES ENFANTS

Les spécialistes tirent la sonnette d’alarme

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Kouceila TIGHILT Publié 21 Novembre 2021 à 00:12

Les enfants sont de plus en plus exposés à la nocivité des écrans de tablettes et de smartphones. © D. R.
Les enfants sont de plus en plus exposés à la nocivité des écrans de tablettes et de smartphones. © D. R.

Les enfants passent de plus  en plus  de temps devant les écrans, ce qui les expose inéluctablement  à des effets néfastes, notamment sur leur développement.

Les liens entre l’exposition aux écrans et les troubles du langage oral chez les enfants a été au centre des débats lors d’une rencontre de formation et de sensibilisation organisée, hier, au Centre de loisirs scientifiques (CLS), par l’établissement spécialisé en psychiatrie de Tizi Ouzou, l’EHS  Fernane-Hanafi, au profit du personnel de la sûreté de wilaya.

L’animateur de cette rencontre de formation, Rafik Hammadi, psychologue orthophoniste principal à l’EHS, s’est intéressé plus particulièrement aux effets des écrans sur le développement du langage oral chez les enfants âgés entre 4 et 6 ans. 

À ce propos, il a d’emblée expliqué que le temps passé devant les écrans, qu’il s’agisse des écrans fixes ou mobiles, ne cesse d’augmenter, et ce phénomène n’épargne pas les enfants. “Pourtant, les enfants ont des besoins spécifiques. Les interactions, les échanges et les manipulations sont essentiels pour leur développement”, a-t-il affirmé.

Pour ce spécialiste, les écrans ne peuvent se substituer aux stimulations vécues dans le monde réel. “Les enfants sont de plus en plus tôt exposés aux écrans. Cette exposition précoce et massive a des effets sur le développement de ces êtres en devenir”, a-t-il indiqué, tout en évaluant qu’il est important de connaître les conditions nécessaires au bon développement de l’enfant d’un point de vue cognitif et langagier pour comprendre en quoi il peut être entravé par l’utilisation excessive et inappropriée des écrans. 

“De manière générale, les stimulations proposées par les écrans sont moins riches que les interactions entre l’enfant et le monde qui l’entoure, ce qui n’est pas sans conséquences”, a-t-il développé.

“Les écrans ont une influence délétère quand ils apportent à l’enfant des stimulations cognitives, physiques ou sociales plus pauvres que celles potentiellement contenues dans son environnement physique”, a-t-il poursuivi, tout en estimant qu’en plus, le temps passé devant les écrans est un temps durant lequel l’enfant ne joue pas, ne nourrit pas des capacités primordiales pour son développement.

“Les interactions parents-enfants ou au sein de la fratrie sont moins nombreuses, il y a donc moins de verbalisation. Cependant, les échanges verbaux intrafamiliaux sont nécessaires au développement du langage”, s’est-il étalé à ce sujet, tout en insistant sur le fait que les enfants de moins de 2 ans n’ont pas encore la capacité de représentation symbolique pour comprendre le contenu de ce qu’ils voient sur les écrans.

“En revanche, ils apprennent intensément lors des interactions avec leurs parents et avec les personnes qui s’occupent d’eux”, a-t-il insisté. Selon ce spécialiste, une étude américaine a montré que pour les enfants de la tranche d’âge allant de 8 à 16 mois, chaque heure quotidienne devant la télévision appauvrit chez l’enfant le lexique de l’ordre de 10%, alors que pour les écrans mobiles interactifs, une étude canadienne a montré que chez les enfants de 18 mois, une augmentation de 30 minutes par jour d’utilisation était associée à un risque multiplié par 2,3 de retard de langage.

“Une étude française axée sur tous les écrans a montré qu’être exposé à des écrans le matin avant l’école et discuter rarement ou jamais du contenu de l’écran avec les parents multipliait par six le risque d’apparition des troubles de langage”, a-t-il encore présenté.

Pour ce qui est des écrans, R. Hammadi a expliqué qu’il existe deux types d’écrans, à savoir les écrans non interactifs et les écrans interactifs. “Les écrans non interactifs comprennent la télévision, mais également les écrans de cinéma.

Face à ce type d’écrans fixes, la personne n’interagit ni par le toucher, ni avec le contenu visionné, ni avec les membres d’un groupe”, a-t-il expliqué.

Pour ce qui est des écrans interactifs, ils correspondent, a-t-il souligné, à l’ordinateur, à la console de jeux et, plus récemment, au smartphone avec accès à internet et aux tablettes tactiles. “Ces écrans occupent désormais une place de plus en plus importante dans les foyers et dans le quotidien des individus”, a-t-il poursuivi. Ainsi d’ailleurs, 

M. Hammadi a prôné la prévention qui fait partie intégrante, a-t-il insisté, du métier d’orthophoniste. “Le but n’est pas de bannir les écrans du quotidien, mais de contrôler leur utilisation pour éviter les conséquences sur le développement de l’enfant, qui est un être en devenir, et dont le cerveau est encore immature”, a-t-il conclu.  
 

K. TIGHILT

 

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