L’Actualité L’importation des véhicules crée la polémique

Les urgences de la crise remises à plus tard

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Ali TITOUCHE Publié 22 Janvier 2021 à 23:42

© D. R.
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Les déficits budgétaire et courant se maintiendraient à des niveaux élevés avec une tendance au creusement si les réformes et les ajustements de fond tant attendus venaient à être, à nouveau, remis aux calendes grecques. Les indicateurs sont préoccupants. 

Le directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce a indiqué, la semaine dernière, que le déficit de la balance commerciale a atteint 10,6 milliards de dollars en 2020, en nette hausse par rapport au déficit de 2019 qui s’était chiffré à 6,11 milliards de dollars.

Le déficit du compte courant devrait, quant à lui, s’établir à environ 10 milliards de dollars en raison essentiellement de la balance du poste “services”, marqué par le caractère incompressible de certaines importations et sorties de dividendes. Cela revient à dire que le solde global de la balance des paiements devrait afficher un déficit d’environ 20 à 22 milliards de dollars en 2020. 

Le résultat ? À fin 2020, les réserves de changes devraient chuter à environ 42 à 44 milliards de dollars, contre une estimation officielle de 62 milliards de dollars à fin février 2020. L’Exécutif a moins de deux années pour devoir inverser la tendance, autrement les réserves de changes, en lien avec le déficit du solde global de la balance des paiements, ne tiendront pas au-delà de 2022.

L’autre indice de dérapage sournois des finances publiques porte sur la hausse du déficit budgétaire dans un contexte de tensions financières et de raréfaction des ressources. Les prévisions de clôture de l’exercice 2020 tablent sur un déficit de près de 2 400 milliards de dinars.

Cela fait quelques années déjà que les déficits structurels de la balance des paiements et du budget siphonnent les disponibilités financières sans qu’aucune parade soit décrétée aux fins de ralentir cette érosion. Les motifs d’inquiétude sont réels. Les effets du choc pandémique n’ont fait qu’aggraver la situation. 

Cependant, alors que la situation vire au rouge vermeil, le gouvernement se paie le luxe de ressusciter les vieilles et sempiternelles polémiques autour de l’importation de véhicules ; les uns s’interrogeant sur l’absence de communication autour des concessionnaires agréés, les autres déterrant le projet d’importation des voitures de moins de trois ans.

Les uns et les autres faisant fi des dangers qui guettent le pays dont la solvabilité ne tient qu’à des réserves de changes qui correspondraient désormais à moins de deux ans d’importation. 

Plutôt que d’expliquer aux Algériens que l’excès de la dépense intérieure brute par rapport au revenu national — autrement dit l’excès des importations de biens et services par rapport aux exportations — est préjudiciable pour la viabilité des comptes extérieurs, les ministres se noient davantage dans une polémique stérile autour de l’importation des véhicules neufs et de moins de trois ans. 

Tout est fait pour entretenir les Algériens dans l’illusion que le pays peut encore se payer le luxe d’importer des véhicules neufs à coups de milliards de dollars.  Alors que la question de l’importation des voitures usagées est antiéconomique car favorisant le marché informel des devises, voire contraire à la réglementation de change et de transfert de devises via le canal bancaire.

Concoctée dans les cuisines du gouvernement des affaires courantes, la loi autorisant l’importation des véhicules de moins de trois ans, figurant dans la loi de finances 2020, a été gelée pour non-conformité à la réglementation en vigueur.

Elle serait aussi en parfaite contradiction avec les engagements extérieurs de l’Algérie en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, tant il est vrai que le marché parallèle de change servait en partie à blanchir des capitaux en dinars dont l’origine n’est jamais déclarée. 

Aussi, l’Algérie ne peut prétendre vouloir s’engager dans un processus de réformes en entretenant un marché parallèle de change qui complique la gestion macroéconomique, alimente les anticipations inflationnistes, fausse la formation des prix et affaiblit les canaux de transmission de la politique monétaire.

Du reste, les notions les plus basiques quant à la rigueur budgétaire supposent que l’on fasse table rase des précédentes politiques et que l’on s’oriente vers des réformes et des ajustements de fond en mesure de rétablir la viabilité des comptes publics.
 

Ali TITOUCHE

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