L’Actualité Marche du vendredi à Oran

“Nous sommes pacifiques et ne menaçons personne”

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Samir OULD ALI Publié 26 Mars 2021 à 23:08

Hier, à Oran, des citoyens incommodés par les gaz lacrymogènes. © C. E.
Hier, à Oran, des citoyens incommodés par les gaz lacrymogènes. © C. E.

Arrivés  à  la  trémie  du  lycée  Lotfi,  les  manifestants  ont  trouvé  des dizaines de policiers anti-émeutes  empêchant l’accès  vers  le siège de la wilaya.

De  nombreux  manifestants, dont  des   femmes  et  des  enfants, ont  été aspergés de gaz lacrymogène, hier après-midi, lorsqu’ils ont tenté de forcer le cordon policier interdisant le passage vers le siège de la wilaya, à hauteur du lycée Lotfi. Atteints en plein visage, certains sont tombés, comme Hadj Bouabça, hirakiste de la première heure, qui est resté au sol de longues minutes avant de se relever. 

La petite  Sabila Bahi, figure  emblématique  du Hirak oranais en  dépit de ses 13 ans, a également  longtemps  lutté  contre  les nausées  et  les  brûlures causées  par  le  gaz  toxique.  “ L’usage  de  gaz  lacrymogène contre des manifestants pacifiques est un crime. Les responsables de ces actes et les donneurs d’ordre doivent être sanctionnés. C’est une honte, une honte !”, s’est insurgée une femme en joignant sa voix aux slogans fustigeant les “hagarine et protecteurs de la îssaba”.

Incapables de contenir leur colère, quelques jeunes manifestants ont voulu en découdre avec les forces anti-émeutes avant d’en être fermement dissuadés par les plus sages des hirakistes qui leur ont rappelé la “silmya” (pacifisme, ndlr) du mouvement. “Il ne faut pas tomber dans le piège de la violence. Notre mouvement est pacifique et il le restera”, leur ont-ils dit.

La marche d’hier avait pourtant démarré dans le  calme vers 14h30 à la place du 1er-Novembre. Après s’être regroupés autour d’un drapeau national géant, des manifestants, munis de leurs pancartes de revendications, ont traversé le boulevard  Émir-Abdelkader  et  la  rue  Larbi-Ben M’Hidi  en scandant les traditionnels  slogans  appelant  à  la  primauté  du  civil  sur  le  militaire, l’indépendance de  la  justice, la  liberté  de  la presse... Les marcheurs ont également réaffirmé leur hostilité à l’organisation des élections législatives et réitéré leur volonté de poursuivre la lutte pacifique pour un État démocratique. 

La présence d’éléments de  la  police  en uniforme, à  l’avant  et  à  l’arrière du cortège, n’a pas empêché les manifestants de fustiger les services de sécurité qui répriment la liberté de s’exprimer et de manifester.

Arrivés à la trémie du lycée Lotfi, les manifestants ont trouvé des dizaines de policiers anti-émeutes, derrière leur bouclier, qui empêchaient l’accès vers le siège de la wilaya. Un interdit que les contestataires n’ont pas accepté. “Nous avons le droit de nous rendre devant la wilaya. Nous sommes pacifiques et ne menaçons personne, pourquoi nous opposer aux forces de l’ordre ?”, a lancé un jeune. Les marcheurs tenteront de forcer le cordon policier mais n’arriveront jamais à le franchir.

Devant  l’intransigeance  des  hommes  en  bleu  et  l’usage  de  gaz lacrymogène, les manifestants multiplieront les slogans vexatoires en direction de la police en citant, comme exemple de dignité, Toufik Hassani, ancien policier ayant rejoint le Hirak, aujourd’hui derrière les barreaux.

Comme les deux précédents vendredis, les manifestants se résigneront finalement à reprendre leur marche vers la place du 1er-Novembre en empruntant le Front de mer. “Ce n’est pas une défaite. Simplement, nous voulons rester dans la silmya qui a toujours caractérisé notre révolution”, insiste un manifestant qui affirme que “tôt ou tard, le peuple imposera sa volonté”.
 

Samir OULD ALI

 

 

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