L’Actualité NAZIHA LAAZIZI, PRÉSIDENTE DE L’APC D’OULED SIDI BRAHIM (BORDJ BOU-ARRÉRIDJ)

“On a toujours plus à prouver quand on est une femme”

  • Placeholder

Chabane BOUARISSA Publié 19 Janvier 2022 à 00:04

© D. R.
© D. R.

À l’occasion de la Journée nationale des communes, l’unique femme maire de la  wilaya de Bordj Bou-Arréridj, Naziha Laazizi, avocate  de profession, sportive  et  très  active  dans  le  mouvement  associatif, nous  livre  ses impressions de première magistrate de la commune d’Ouled Sidi Brahim, sise à une soixantaine de kilomètres à l’ouest du chef-lieu de wilaya.

Liberté :  Que  représente  pour  vous  l e fait  d’être  maire dans une commune rurale ? Que pouvez-vous dire  de votre petite expérience après votre élection ?
Naziha Laazizi : Être maire d’une commune rurale quand on est une femme reste une minorité et cela apparaît encore pour certains comme une incongruité. On a toujours plus à prouver quand on est une femme. Mais nous sommes dans une région progressiste et j’ai souvent entendu, y compris par des hommes, la fierté d’avoir une femme maire. Depuis mon installation, le 20 décembre 2021, j’ai réussi à dissiper tous les préjugés et à me faire accepter par tous les habitants, même par mes détracteurs. Je suis une fille de la région et ses habitants sont ma famille. J’ai réussi aussi à tisser de bonnes relations avec l’administration locale et mes confrères des autres communes de la wilaya. Je ne trouve aucun problème dans mes démarches. Mais le travail est énorme car la commune a besoin de tout. Durant cette période, avec mes adjoints et la société civile, nous avons relevé les principales préoccupations des citoyens de la commune, dont l’assainissement, l’emploi, le logement sous toutes ses formes, les aires de loisirs, le lycée... Vous savez, pour se rendre au lycée, nos jeunes sont obligés de faire 30 km tous les jours vers El-M’hir ou Ath Mansour (dans la wilaya de Bouira). Cette situation a poussé plusieurs filles à quitter l’école. C’est pour cela que je vais tout faire pour qu’un lycée soit implanté dans la commune. Pour ce qui est du chômage qui frappe de plein fouet la région, la seule solution est dans les microzones d’activité.
Certes, le manque de foncier freine toutes les initiatives, mais l’État doit trouver une solution à ce problème et revoir sa copie avec les forêts.

Quels sont les plus grands défis à relever lorsque les femmes essaient d’accéder au poste de maire ?
Pour moi, le plus dur a sûrement été de me battre contre une mentalité. Lors de mon engagement pour les locales de 2021, plusieurs personnes me disaient : jamais une femme ne sera maire à Ouled Sidi Brahim, une région conservatrice, et jamais une femme n’a pu accéder à ce poste. Constat : je suis maire. Il faut s’imposer dans un monde masculin et il faut également réussir à se faire bien voir auprès du monde féminin. Il faut savoir rester calme et prendre la parole, non pour un discours de faire-valoir, mais pour apporter du concret. Il est important de développer une force de travail pour une bonne connaissance des dossiers. Le problème est le suivant : pourquoi une femme doit-elle prouver sa compétence plus qu’un homme ?

Connaissez-vous toutes les bonnes pratiques du maire ?
Je suis arrivée dans cette “aventure” après des expériences comme avocate au barreau de Tizi Ouzou et comme dirigeante d’une association sportive. En fait, depuis le collège j’ai souvent été soit la première, soit la seule femme. Je pense ou j’espère qu’aujourd’hui que cela va être plus fréquent dans la région.
 
Pensez-vous qu’il y ait des avantages à avoir une femme maire ? Les communes dirigées par des  femmes  sont-elles  plus  sensibles aux besoins et aux droits de la femme ?
Un des avantages est qu’une femme peut penser en même temps à différents sujets et réfléchir dans une globalité. De plus, une femme voit plus l’avenir. J’ai toujours essayé de donner des responsabilités aux femmes de la mairie. Donc, en tant que maire, j’ai laissé des places aux femmes comme aux hommes. Cela a permis un travail auprès des jeunes, des handicapés et des anciens. Des actions non visibles de l’extérieur, mais indispensables pour le bien vivre ensemble. Les hommes et les femmes sont complémentaires.

Quelle est votre stratégie pour réussir dans votre démarche ?
Je ne suis pas pour plus de discours, mais dans la conciliation pour du concret. J’ai confiance en les nouvelles générations pour améliorer les conditions de vie du citoyen et développer la région. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux investisseurs pour venir investir à Ouled Sidi Brahim et à tous les citoyens pour adhérer au processus de développement de la commune.
 

Entretien réalisé par : CHABANE B.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00