L’Actualité CONDAMNÉ EN APPEL À UNE ANNÉE DE PRISON DONT SIX MOIS AVEC SURSIS

Rabah Karèche libre dans une semaine

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Samir OULD ALI Publié 12 Octobre 2021 à 00:09

Le journaliste Rabah Karèche incarcéré depuis le 19 avril 2021. © D. R.
Le journaliste Rabah Karèche incarcéré depuis le 19 avril 2021. © D. R.

Le  journaliste  retrouvera, donc, sa  liberté  et  ses  proches  le  19 octobre   prochain  après  avoir  passé  un  semestre  derrière  les barreaux pour avoir simplement exercé son métier.

Une  semaine  après  avoir  jugé  Rabah  Karèche,  la  cour  d’appel  de Tamanrasset vient de rendre  son verdict : le  journaliste  de  Liberté est condamné à 12 mois de prison, dont six avec sursis. Pratiquement la même sentence qui avait été prononcée le 12 août dernier par le tribunal de première instance, à deux mois près.

Rabah retrouvera donc la liberté et ses proches le 19 octobre prochain, après avoir passé un semestre derrière les barreaux pour avoir simplement exercé son métier de journaliste. Car, au cours du procès en appel qui s’est tenu le 4 octobre dernier, il est clairement apparu que la liberté de la presse était au ban des accusés.

Depuis la prison où il comparaissait en vidéoconférence, Rabah Karèche l’avait, une nouvelle fois, rappelé en répondant à une question sur ses écrits : “Je n’ai fait qu’exercer mon métier (…) Rapporter les faits et les événements liés au quotidien de la population est le cœur de mon métier.”

Pour avoir rendu compte dans son journal et sur les réseaux sociaux d’une manifestation populaire dénonçant le nouveau découpage territorial en avril 2021, Rabah avait dû faire face aux accusations d’“administration d’un compte électronique consacré à la diffusion d’informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société”, “diffusion volontaire de fausses informations susceptibles d’attenter à l’ordre public” et “usage de divers moyens pour porter atteinte à la sûreté et à l’unité nationales”. Rien que cela.

Dans leurs témoignages, Oumaïli Bloulen, Lahimi Salem, Mesk Abdelkader et Ourzik Mouloud, des acteurs de la protestation du 17 avril, ont admis avoir tenu les propos repris par Karèche dans son article “L’Ahaggar, la bataille des territoires” et reconnu au journaliste “la rigueur et le professionnalisme” dans l’exercice de son métier. Interrogé sur le démenti qu’il avait fait au lendemain de la parution de l’article et qui avait apporté de l’eau au moulin de l’accusation, Oumaïli Bloulen, maire de la commune de Tazrout, à Tamanrasset, surprendra l’assistance en révélant avoir agi sur instruction du wali de Tamanrasset qui, a-t-il affirmé, lui avait demandé de revenir sur ses déclarations.

“C’est moi-même qui ai appelé le journaliste pour lui faire part des préoccupations de la population particulièrement inquiète des répercussions du nouveau découpage administratif. Je reconnais avoir dit alors à Rabah Karèche que les autorités devaient en effet intervenir (…)”, a notamment déposé le maire repentant.

Déclarations qui n’empêcheront pas le représentant du parquet de requérir la peine de 18 mois de prison ferme, certes moins lourde que les trois années réclamées en première instance par le tribunal de Tamanrasset, mais que la vacuité du dossier d’accusation ne justifie absolument pas. Ce que la défense a, d’ailleurs, affirmé en plaidant la relaxe de Rabah Karèche.

Pour les avocats qui se sont succédé au prétoire, l’accusation n’a pas apporté d’éléments de preuve soutenant les charges retenues. “Toute cette affaire est une honte pour l’institution judiciaire (…) Ce n’est pas seulement Rabah Karèche qui est ciblé mais toute la corporation. Une quinzaine de journalistes a été mise en prison depuis ces deux dernières années (…) On a installé un climat de terreur parmi les journalistes”, a notamment dénoncé Me Abdelghani Badi, résumant le sentiment général qui animait le collectif de défense.

Rabah Karèche – qui avait déjà été convoqué à quatre reprises par la police locale pour ses écrits – a été placé sous mandat de dépôt le 19 avril dernier, une incarcération – en violation de l’article 54 de la Constitution algérienne stipulant que le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté – qui a suscité un vaste mouvement d’indignation chez les professionnels de la presse, mais également dans la société civile.

Plusieurs sit-in et manifestations exigeant sa libération ont été organisés en Algérie et à l’étranger, mais ces appels n’ont pas eu l’effet escompté. Fin avril, la chambre d’accusation de la cour de Tamanrasset rejettera, d’ailleurs, la demande de liberté provisoire introduite par la défense.
 

S. OULD ALI

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