L’Actualité LA KABYLIE SORT DOULOUREUSEMENT DU SINISTRE

Revivre après les feux

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Samir LESLOUS Publié 08 Septembre 2021 à 00:16

© D. R.
© D. R.

Près   d’un  mois  après   la   tragique  semaine  des   incendies  qui  ont  ravagé  la  région  et  fait des  dizaines  de  morts , l’heure  est  à  la reconstruction. La population retrousse ses manches et enchaîne les opérations de nettoyage et de réhabilitation des habitations. Les citoyens s’accrochent à l’espoir, même ténu, d’un avenir qui leur fera oublier le déchaînement des feux.

Comment reprendre une vie normale après le passage des feux ravageurs emportan t vies  humaines, bêtes et  forêts  entières ?  Pas  si  simple.  Le sinistre qu’a connu la région de Tizi Ouzou est d’une ampleur qui marquera pour longtemps le corps et l’esprit des populations. 

Les lendemains sont traumatisants. Près d’un mois après la tragique semaine des incendies qui ont rasé les collines, les populations n’ont plus de temps à perdre. L’heure est à la reconstruction. Ils retroussent les manches et enchaînent les opérations de nettoyage, après celles du recensement des dégâts. 

À Ikhlidjen et Ath Mimoun, deux villages parmi les plus endeuillés  par les incendies, les habitants multiplient les actions de nettoyage pour tenter de redonner à leurs lieux de vie une image qui pourrait aider à faire oublier, un tant soit peu, l’état de désolation laissé par les flammes. “Nous devons nous débarrasser des arbres calcinés, nettoyer les ruelles noircies par les cendres et venir en aide aux familles ayant leurs habitations touchées pour ainsi recréer un cadre vivable pour les habitants et atténuer leur tristesse”, explique M. Belkalem, un habitant d’Imatoukène, un des quatre hameaux d’Ikhlidjen. Des associations, des bénévoles viennent nombreux et de différentes régions pour prêter main-forte à ces malheureux rescapés. 

À Irdjen où le CEM Mahiouz-Ahcène a été partiellement touché par les flammes, le directeur de l’établissement a eu l’agréable surprise de voir une équipe de bénévoles venue de Beni Ouartilane, dans la wilaya de Sétif, pour prendre en charge la réhabilitation de cette structure. Un volontariat est prévu pour ce vendredi dans cet établissement pour achever de le remettre en l’état avant la rentrée scolaire. 

Cet établissement fait partie des 25 édifices publics touchés par les flammes à Tizi Ouzou. Parmi ces derniers figurent 3 CEM, 3 lycées et 15 écoles primaires. Mais la solidarité citoyenne et les volontariats ne suffisent pas sans l’aide des pouvoirs publics tant les dégâts sont immenses. 

Les habitants craignent d’ores et déjà que l’aide promise par l’État ne puisse permettre de prendre en charge les ravages causés par les incendies. C’est le cas de la famille Djefel au village Aït Hague, dans la commune d’Irdjen, dont un membre de la famille a lancé un cri de détresse sur les réseaux sociaux.

Selon des proches de la famille, leur bâtisse, comprenant quatre logements répartis entre quatre frères, est partie en fumée lors de l’incendie qui a dévasté le village et qui a fait l’objet d’une seule fiche technique. Une inquiétude légitime si l’on se fie à certaines sources qui soutiennent que les aides pour la reconstruction des habitations classées “vert” et “orange” varieraient entre 200 000 et 700 000 DA. 

Les situations complexes sont à vrai dire nombreuses dans la région, mais pour beaucoup, l’heure est surtout à la mobilisation pour tenter de reconstruire ce qui peut l’être encore. Si du côté officiel, le nouveau wali de Tizi Ouzou, Djilali Doumi, a pris son bâton de pèlerin pour se rendre auprès des familles des victimes et des sinistrés des différentes localités de la wilaya, dans les villages, ce sont surtout les opérations de nettoyage qui se multiplient. 

Afin d’assurer une rentrée scolaire dans de bonnes conditions dans ces villages sinistrés, des équipes de psychologues continuent de se relayer pour prendre en charge les enfants et leurs parents.

Pas plus tard qu’avant-hier, l’Association des psychiatres du Djurdjura s’est rendue à Ikhlidjen pour rencontrer les habitants. À l’approche de cette rentrée scolaire, le formidable élan de solidarité qui visait au lendemain des incendies à assurer des denrées alimentaires aux habitants se focalise désormais sur le trousseau scolaire pour les enfants des régions sinistrées. Avant-hier, le village Ikhlidjen a reçu un don de 110 trousseaux scolaires, a-t-on appris de sources sûres. 

Au-delà de ces situations d’urgence, beaucoup se mobilisent pour une grande campagne de reboisement dans cette région où 42 000 hectares de couvert végétal ont été détruits. “Nous nous sommes réunis ce lundi avec le ministre de l’Agriculture, les représentants de la Direction générale des forêts (DGF), des fédérations de chasse et des associations écologiques des wilayas touchées par les incendies au sujet de l'opération de reboisement des wilayas touchées par les derniers feux de forêt, et nous avons insisté sur la nécessité d'un reboisement massif qui touchera aussi bien les terrains domaniaux, forestiers que privés. Nous avons convenu de lancer cette opération le 25 octobre prochain”, a expliqué le fédéral de l’organisation des chasseurs de Tizi Ouzou, qui compte plus de 20 000 chasseurs. 

Ils comptent se mobiliser massivement pour cette campagne. Concernant la chasse, M. Aïder considère qu’elle n’est pas ouverte officiellement pour appeler à sa fermeture. “Nous savons que nous pouvons compter sur la conscience des chasseurs pour préserver la région”, dit-il, non sans souligner que sa fédération participe déjà à la reconstitution de la faune à travers des lâchers de faisans communs et des lâchers expérimentaux de perdrix. 

Protéger Taksebt
Selon les spécialistes, reste la question de la protection du barrage de Taksebt durant cette saison hivernale à venir qui pose un sérieux problème. Selon l’universitaire Malika Dendane, le reboisement relève d’une lutte à long terme et, par conséquent, des actions doivent être entreprises en urgence contre l’érosion des sols et ses effets. 

“Un risque d'envasement dans le barrage est majeur vu la situation que nous avons vécue ces derniers jours, des incendies qui ont fait des ravages, le couvert végétal est absent dans le bassin versant qui alimente Taksebt. Le phénomène géomorphologique d’érosion risque de s’aggraver et de s’accélérer dans les mois à venir”, alerte cette universitaire qui estime qu’une qualification d’érosion est désormais indispensable. 
 

Samir LESLOUS

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