Pour la Coordination, le peuple aspire à l’exercice plein et entier de sa souveraineté, à la réécriture des textes fondamentaux et au changement radical du mode de gouvernance du pays.
Dressant le bilan de la situation politique du pays à la veille de la célébration du deuxième anniversaire de l’insurrection populaire du 22 février 2019, la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement, (Cnuac) a estimé que “rien n’a changé en Algérie”.
“À quelques heures du deuxième anniversaire du soulèvement populaire, le bricolage et la fuite en avant du pouvoir continuent”, a relevé, d’emblée, la Coordination, qui s’appuie, dans son constat, sur la situation des libertés publiques, de la liberté d’expression et des droits fondamentaux des citoyens dans le pays.
“L’espace public demeure confisqué. La liberté d’expression est toujours muselée. Les journalistes sont constamment emprisonnés, et sans état d’âme, les détenus d’opinion sont maltraités, torturés et parfois même violés. C’est par cette répression violente, abjecte et aveugle que le pouvoir en place tente de faire taire toute voix libre qui s’élève discordante ou dissonante”, ont analysé les rédacteurs du document à ce sujet. Mais pas seulement.
La liberté de l’exercice politique est, soutiennent-ils, “encore et toujours négociée dans les arcanes du pouvoir, et les institutions de l’État continuent d’être contrôlées d’en haut… à coups d’ateliers, de commissions, de décrets, le tout encadré par une gestion sécuritaire et autoritaire”.
Pour cette même Coordination, même le droit de manifester, pourtant inscrit dans la Constitution, n’est qu’un “leurre”, car, citent-ils, pour le lundi 22 février 2021, leur collègue Fatma Boufenik, enseignante universitaire, militante féministe et inconditionnelle des causes justes, est convoquée par la justice pour avoir participé à un sit-in.
“Quelle possibilité a la société civile d’exister et de s’exprimer, dans un climat d’arrestations arbitraires diligentées par une justice aux ordres ? Cela continue de se dérouler alors que les Algériennes et les Algériens ont cru que rien ne serait plus jamais comme avant, alors qu’on leur martèle des velléités d’un pseudo-changement avec l’avènement d’une Algérie nouvelle”, a déploré la Coordination.
Réagissant aux dernières mesures prises par le président Tebboune, la Coordination estime que, concernant la libération des détenus d’opinion,“le cynisme d’une grâce présidentielle ne saurait cautériser les profondes blessures infligées à des personnes qui se sont retrouvées embastillées par le fait d’une justice instrumentalisée” et qu’au sujet de la dissolution de l’APN “il est vain de vouloir gommer par une tardive dissolution l’illégitimité légendaire d’une Assemblée nationale dont les membres sortent plutôt de la chkara que de l’urne”.
S’agissant du remaniement du gouvernement, la coordination s’est contentée de déclarer : “Que peut, raisonnablement, apporter au pays un prétendu remaniement ministériel opéré par des dirigeants qui ne sont pas investis de la confiance du peuple qui, massivement, a boycotté les deux derniers scrutins ?”
Tout en rappelant que le peuple aspire à l’exercice plein et entier de sa souveraineté, à la réécriture des textes fondamentaux et au changement radical du mode de gouvernance du pays, la Coordination soutient que la solution est dans le passage immédiat et sans tutorat à une transition démocratique.
Samir LESLOUS