L’Actualité MARCHÉ ALGÉRIEN DU BLÉ

Russes et Français se livrent bataille

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Youcef SALAMI Publié 23 Octobre 2021 à 00:27

© D. R.
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L’Algérie vient d’importer  60 000 tonnes de blé de Russie. Des quantités expédiées “depuis le port russe de Taman, sur la mer Noire, vers deux ports en Algérie, et la cargaison a déjà été acceptée par l’acheteur”, a déclaré Demetra Trading, dans un communiqué repris par l’agence Reuters. Demetra Trading est l’un des plus grands négociants en céréales de Russie.

Il fait partie d’une holding du même nom, dans laquelle VTB, une banque russe, a consolidé des participations dans plusieurs terminaux d’exportation de céréales russes de la mer Noire. Demetra Trading est le troisième exportateur de Russie.

Le communiqué ajoute qu’il s’agit de “la première fourniture majeure de la Russie à l’Algérie depuis 2016”. L’Algérie était l’un des rares grands importateurs de blé auxquels Moscou n’avait pas accès jusqu’en octobre de l’année dernière, lorsque l’OAIC a assoupli ses conditions d’importation de blé, en élaborant des appels d'offres moins exigeants en ce qui concerne la limite des taux de grains punaisés pour le blé à haute teneur en protéines. Cela a permis de proposer du blé de la mer Noire plus riche en protéines.

“L’Algérie importe traditionnellement des céréales de France, d’Allemagne, de Lettonie, de Lituanie et d’Argentine, et a des exigences de qualité élevées”, a rappelé Roman Kron, directeur de Demetra Trading, ajoutant que “la diversification de nos marchés d’approvisionnement fait partie de notre stratégie de croissance”.

En allégeant les conditions d’achat de blé sur le marché international, l’OAIC élargit, en fait, le spectre de la concurrence entre fournisseurs de blé, espérant obtenir des prix plus bas à l’importation. Cela ne peut être que bénéfique et pour les négociants et pour l’OAIC.

Autrement dit, en révisant les règles d’éligibilité pour l’importation de blé, définies dans les cahiers des charges, l’OAIC ouvre la voie à beaucoup plus de soumissionnaires intéressés par le marché algérien du blé, notamment aux producteurs de la mer Noire.

Évidemment, dans un marché mondial hautement volatil, en raison de la crise sanitaire, plus il y a de fournisseurs, mieux c’est. Cela fait, toutefois, grincer des dents, suscitant même des inquiétudes parmi les fournisseurs de blé traditionnels de l’Algérie, notamment français, qui ne voient pas d’un bon œil le fait que la Russie ait repris la main sur le marché des céréales en Algérie, estiment des observateurs.

La fédération de Russie fait partie des plus gros producteurs au monde de produits céréaliers ; elle voit grand, envisageant d’exporter vers l’Algérie un million de tonnes de blé d’ici à la fin de la saison 2021-2022 en juin prochain. Jusqu’ici, la majorité des besoins d’importation en blé de l’Algérie est satisfaite par l’Union européenne (UE).

Selon les statistiques de Trade Data Monitor (TDM) relayées par le Département américain de l’agriculture (USDA), les pays de la zone euro lui ont fourni environ 5,94 millions de tonnes de blé en 2020-2021, soit 78% du total de ses achats (7,54 millions de tonnes). Et ces importations ne pourront être réduites, dans le court terme, que si le pays parvient à développer, sur une grande échelle, la filière céréalière. Il s’agit d'un défi colossal, d’autant plus que la culture des céréales a toujours été exposée aux aléas du climat.

Selon des données établies par Agritel, un organisme spécialisé dans la gestion des risques des marchés agricoles, “dans trente ans, l’Europe occidentale fera face aux pays du Maghreb encore plus pénalisés qu’actuellement par le climat en vigueur, pour produire des céréales et du blé en particulier”. Or, note Agritel, “cette région est actuellement la première région importatrice de blé de la planète (30 millions de tonnes en 2019-2020)”.
 

Youcef SALAMI

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