L’Actualité Poursuite du procès du montage automobile

Sellal et Yousfi se dérobent

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Karim BENAMAR Publié 10 Janvier 2021 à 23:07

© Archives Liberté
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La juge près  la Cour d’Alger  s’est  penchée, hier, sur  la  gestion  de l’ex-ministre  de  l’Industrie,  Youcef  Yousfi,  accusé  d’avoir  octroyé  des avantages à de nombreux opérateurs en infraction avec la loi. 

Le procès en appel de l’affaire rocambolesque du montage automobile et du financement  de  la  campagne  pour  le  5e  mandat  du  président  déchu, Abdelaziz Bouteflika, s’est poursuivi, hier dans la matinée, avec l’audition de l’ancien Premier ministre, Abdelmalek Sellal, accusé d’octroi d’indus privilèges, de blanchiment d’argent et d’abus de fonction.

Après  avoir  nié,  la  veille, toutes  les  charges  qui lui  sont reprochées, en affirmant avoir agi en application de  la loi et n’avoir fait  qu’encourager l’installation  de  l’industrie  automobile  en  Algérie, Abdelmalek  Sellal a été interrogé, hier matin, sur son patrimoine. En réponse à la question de la juge, le prévenu a affirmé qu’il n’avait aucun bien en dehors de ses déclarations de patrimoine habituelles.

“Je n’ai aucun bien particulier. J’avais un appartement à Constantine que j’ai vendu, il y a de cela quelques années, et une villa sur les hauteurs d’Alger (Golfe), que j’ai également vendue, il y a plus d’une dizaine d’années”, répond Sellal. “Avez-vous des biens à l’étranger ?”, demande la présidente de la séance. M. Sellal nie avoir un quelconque bien à l’étranger.

“Non Mme la présidente. Il n’y a aucun bien à mon nom à l’étranger ni d’ailleurs de comptes bancaires”, affirme l’ancien Premier ministre, avant de quitter la barre et de céder sa place à l’ancien ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi, sommé de s’expliquer sur sa gestion du dossier de montage automobile au niveau du département qu’il a géré depuis sa nomination de 2017 à 2019. La juge l’interroge notamment sur les critères de sélection des opérateurs automobiles par le ministère de l’Industrie.

“Comment expliquez-vous la confection par votre département d’une nouvelle liste de 40 opérateurs, alors que le décret de 2017 régulant l’activité du montage automobile limitait le nombre d’investisseurs à 5+5 ?”, demande la juge.  Le prévenu répond qu’il s’agit d’une liste établie par la Commission d’évaluation technique auprès du ministère de l’Industrie, et que cela avait pour objectif d’encourager l’investissement et de lutter contre le monopole.

“Quand je suis arrivé au ministère de l’Industrie, en octobre 2017, j’ai trouvé les dossiers dans un état lamentable.Les opérateurs entraient et ressortaient comme bon leur semblait. J’ai limogé la secrétaire générale, Rabéa Khalfi. 

La priorité pour moi était de mettre de l’ordre. On a confectionné alors un nouveau cahier des charges et il fallait avancer dans le montage automobile”, soutient Yousfi. “L’essentiel pour moi était de produire un véhicule de qualité répondant aux normes internationales.

Il fallait, pour cela, encourager les investissements dans ce secteur, en luttant contre le monopole qui risquait de se mettre en place avec le 5+5, d’où l’idée de confectionner un nouveau cahier des charges permettant à d’autres opérateurs d’investir dans le montage automobile”, affirme Youcef Yousfi, en niant, par ailleurs, avoir accordé des avantages à certains opérateurs au détriment d’autres.

La juge lui fait observer que cette nouvelle liste (40) a été confectionnée en infraction à la loi. “Nous avons dû, en effet, prendre un nouveau décret. Je reconnais que c’était une erreur, mais j’ai agi en tant que ministre, avec des prérogatives, dans le seul objectif de diversifier l’industrie et de développer l’économie nationale”, soutient l’ancien ministre de l’Industrie. 

La juge revient à la charge et l’interroge sur le dossier d’Ahmed Mazouz qui, malgré sa non-conformité avec le cahier des charges, a pu, toutefois, bénéficier d’un prolongement de “délais de 6 mois”.

En réponse, Youcef Yousfi explique qu’Ahmed Mazouz a une usine implantée dans la région de Sétif, “une wilaya connue pour sa dynamique et son apport au développement économique.

J’avais le choix entre annuler le dossier de Mazouz, et donc perdre un opérateur, ou le laisser investir et participer au développement du secteur du montage automobile, et donc créer des emplois et des richesses pour le pays”, dit-il en insistant sur son rôle dans l’encouragement de l’investissement.

“Mon rôle, en tant que ministre, est de faire fonctionner l’économie”, explique-t-il, en faisant savoir, en outre, qu’il remettait en cause le rapport d’expertise des services de sécurité. “C’est une expertise orientée et, qui plus est, ignore la loi sur l’investissement. Je remets en cause ce rapport.” 

Durant son audition, Yousfi a également été interrogé quant à un lien entre le dépôt d’argent (39 milliards de centimes), effectué par Ahmed Mazouz, le 19 février 2019, à la direction de la campagne pour le 5e mandat de l’ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, et la signature, le lendemain, de la décision technique, au ministère de l’Industrie, en faveur du dossier de l’opérateur.

“Je n’ai pas entendu parler de cette affaire Mme la présidente. Je n’ai aucun lien avec les opérateurs. J’étudie uniquement leurs dossiers. Je n’entretiens aucun rapport particulier avec les investisseurs”, a répondu le prévenu, Youcef Yousfi, en niant, dans la foulée, avoir travaillé sous une quelconque pression exercée par les opérateurs. 
 

K. BENAMAR

 

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