L’Actualité les algériens retrouvent enfin leurs espaces extérieurs

Soulagement

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Imène AMOKRANE Publié 03 Février 2021 à 23:01

© Yahia Magha/Liberté
© Yahia Magha/Liberté

La Promenade des Sablettes n’a pas connu de rush hier pour son premier jour d’ouverture. Pas de file d’attente pour cette journée printanière.

“On pensait, en venant, éviter une foule. On n’avait jamais vu, hors temps pluvieux, aussi peu de monde. Est-ce la période qui ne prête pas à faire des promenades, ou est-ce juste parce qu’ils ne sont pas au courant de l’ouverture ? Je ne sais pas, le temps nous le dira.” La quarantaine consommée, le visage bronzé, l’agent de sécurité que nous avons croisé table sur une affluence le week-end. “De plus, au  journal télévisé, ils ont surtout insisté sur l’ouverture du Jardin d’Essai d’El-Hamma”, tente-t-il d’expliquer. Pour les commerçants des Sablettes, en tout cas, l’attente fut longue, mais le dénouement semble proche. 

Propriétaire d’une buvette, Boualem, 44 ans, a profité de cette matinée ensoleillée pour procéder au nettoyage de son kiosque. Pour lui, la situation était devenue “intenable”. Il assure qu’il a “été touché économiquement”, non sans rappeler que son activité est saisonnière. “On travaille, en principe, en été, lorsqu’il y a affluence.” Mais sa situation financière, comme pour d’autres, est loin d’être reluisante. Il a dû s’endetter pour subvenir aux besoins de sa famille. “On ne nous a pas fixé de date de reprise, donc on ne pouvait travailler ailleurs en attendant.

Au terme des quinze jours de restriction, chaque fois renouvelés par les autorités, on souhaitait que le couvre-feu soit levé, en se disant qu’on allait rouvrir notre buvette...” Peut-être que cette fois c’est la “bonne”. “On l’espère et nous souhaitons qu’il n’y ait plus de restrictions”, dit-il sur une note positive. Vendeur de babioles, Billel, 30 ans, semble souffler un peu, lui qui a passé des moments difficiles, comme il l’avoue. “Dieu merci, ils ont ouvert. Nous avons été patients et nous sommes passés par des moments très difficiles. On travaille ici depuis 2015, avant même l’ouverture officielle de la Promenade”, affirme celui qui fut un ancien joueur du CRB. Toutefois, malgré ce temps printanier en plein hiver, ce n’est pas encore le grand rush.

Le site est moins fréquenté que d’habitude. Seules quelques familles sont venues profiter du bon air marin qui fleure bon les vacances. C’est le cas de Khadidja, 30 ans, maman de deux enfants, qui s’amuse avec sa fille de trois ans. “On a passé les mois de confinement à la maison. On achetait beaucoup de jouets aux enfants pour les occuper, mais maintenant, ils sont aux anges, ils peuvent enfin se dépenser”, se réjouit-elle. Certaines personnes sont venues même de très loin. C’est le cas de ce groupe d’adolescents venus de la Chiffa, habitués de la Promenade des Sablettes, qui ont pris la peine de se déplacer parce que “nous aimons cet endroit”, disent-ils.

Mais le peu d’engouement pour cet endroit, d’ordinaire plein de monde, contraste avec un autre endroit, de l’autre côté de la capitale : le Jardin d’Essai. En début d’après-midi, la route y menant était embouteillée par d’interminables queues de visiteurs en quête d’endroits pour pouvoir stationner leurs véhicules et profiter du premier jour d’ouverture du jardin. Talkie-walkie à la main, un agent du Jardin d’Essai d’El-Hamma croisé à l’entrée ne dissimule pas ses regrets de la période où les gens affluaient par milliers. “Si seulement on leur ouvrait le téléphérique et le métro pour qu’ils puissent se déplacer sans souci.

Les gens n’en peuvent plus, ils étouffent”, dit-il. De son côté, Djabali Sanâa, chef de service de communication du Jardin d’Essai, soutient que “pendant une fermeture qui a duré deux mois et demi, le staff et le personnel du jardin étaient à jour”. Elle affirme également que le jardin était ouvert au public officiellement, mais que le nombre était limité à 3 000 personnes par jour. Ainsi, pour cette chargée de communication, cette fermeture était bénéfique : “On peut dire que les plantes et les animaux se sont reposés pendant cette période de confinement.” Dans l’enceinte, le jardin fourmillait de monde. L’affluence est remarquable. Des citoyens sont venus de plusieurs wilayas pour profiter de ce havre de paix, de sa fraîcheur et de son climat. 

Pour Fatima de Batna, âgé de 73 ans, cette réouverture était une occasion de revisiter ce jardin, elle qui n’est pas venue depuis dix ans.
Quant à Nassima, habitant à Béjaïa, cette virée ne lui a fait que du bien. “On a visité Maqam Echahid (le monument aux martyrs) et de là-bas, on s’est dirigés vers le jardin. Au début, c’était stressant, mais maintenant, on a pris le pli. On doit apprendre à vivre avec ce virus”, dit-elle un tantinet philosophe. Un soulagement, cependant, après ces longs mois de contraintes. “Les enfants sont soulagés, ça leur fait du bien.

Les vacances à la maison étaient un peu pénibles. Je faisais de mon mieux pour les occuper avec des activités ludiques et des jeux vidéo, car ils avaient du mal à étudier, ils en avaient marre.” Une joie que n’a pas retrouvé tout le monde. Au parc de Ben Aknoun, la déception était de mise chez certains qui ont espéré la réouverture. “Tout est fermé, on s’est déplacés pour rien. Il n’y a que le train qui marche. Nous sommes vraiment déçus. Les manèges ne sont pas ouverts”, déplore une maman accompagnée de ses trois filles adolescentes. Elle révèle même avoir fait une insolation à cause des allers-retours à la recherche d’un endroit où manger. “On n’aurait pas dû venir, mais c’est un mal pour un bien, ça nous a permis de faire une petite marche.” Venues de Soustara à 9h30, elles ont dû patienter jusqu’à 11h45, en vain. “C’est sécurisé, c’est le seul point positif !”

Reportage réalisé par : Imène Amokrane

 

 

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