Chargé de couvrir la manifestation d’Alger, notre reporter Karim Benamar a été retenu pendant de longues heures au commissariat de Bab El-Oued. Son ordre de mission n’a pas suffi à lui éviter d'être interpellé. Relâché au bout de quatre heures, il n'a pas pu accomplir sa mission.
La semaine dernière, plusieurs journalistes ont également été emmenés au commissariat. Il devient ainsi de plus en plus difficile pour les professionnels de l'information de travailler dans des conditions normales. Ils sont sous un risque permanent de se faire arrêter où de se retrouver accusés de "troubles à l'ordre public".
C'est le cas de notre journaliste Jamila Loukil qui, chargée de couvrir un meeting électoral lors de la campagne présidentielle de 2019, se retrouve au banc des accusés. L'affaire de Rabah Karèche est encore plus édifiante sur le climat d'incertitude dans lequel les journalistes exercent leur métier.
Pour avoir couvert une manifestation publique qui s'est déroulée au vu et au su de tout le monde, il se retrouve sous mandat de dépôt depuis plus d'un mois maintenant. De lourdes accusations pèsent sur lui.
Faut-il rappeler aux autorités que les journalistes ne sont nullement partie prenante dans une quelconque bataille politique et conflit social. Ils ne sont ni juges ni partie. Mais des rapporteurs d'informations se basant sur la vérité des faits.
Plus qu'une mission, un devoir garanti par la loi fondamentale du pays qui protège le journaliste dans l'exercice de ses fonctions. Mais face au risque qui pèse sur eux, cette mission est constamment menacée. Se pose alors la question : faut-il renoncer ou continuer d'informer le citoyen dans des conditions extrêmement difficiles ?
Une centaine de nos confrères et collègues ont laissé leur vie en bravant les menaces terroristes durant la décennie noire. Ils sont le modèle et la source d'inspiration pour des journalistes d'aujourd'hui, du moins ceux qui restent viscéralement attachés aux valeurs d'éthique et d'indépendance éditoriale. Ils ne renonceront pas.
Liberté
