L’Actualité Inflation pendant le mois sacré

Une exception algérienne ?

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Said OUSSAD Publié 12 Mai 2021 à 00:52

© D. R.
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En 2017, Abdelmadjid Tebboune, alors ministre du Commerce par intérim, avait menacé tous ceux qui oseraient toucher aux besoins alimentaires de base du citoyen. À ce sujet, il avait annoncé sa volonté de faire la guerre aux spéculateurs, promettant des mesures répressives “rigoureuses” contre les commerçants en infraction durant le Ramadhan. Cinq ans plus tard, le constat est malheureusement le même, puisque ce mois de jeûne n’a pas dérogé à la règle générale de l’inflation des prix des produits de première nécessité. Alors, fatalité ou exception algérienne ? 

Pour le Dr Adda Guecioueur, fondateur et directeur général d’International Business School-IBS-Oran et consultant international dans le domaine des marchés financiers, ce phénomène, qu’il qualifie de saisonnier, ne fait que répondre à la sacro-sainte loi de l’offre et de la demande, caractérisée par une consommation plus importante pendant le Ramadhan.

“J’ai vécu la même chose que ce soit en Jordanie, en Angleterre ou aux Émirats pendant la guerre du Golfe et, à cette occasion, le prix du pack d’eau a été multiplié par dix”, explique-t-il en comparant ces commerçants à des marchands de guerre. “C’est un phénomène universel qui veut qu’à chaque occasion festive ou religieuse les prix sont revus à la hausse”, précise notre interlocuteur. Si les prix connaissent des augmentations exagérées, c’est l’œuvre des spéculateurs, ajoute-t-il, estimant par ailleurs que la fermeture des frontières et le gel des importations des produits finis et des matières premières, conjugués aux ruptures de stocks, entraîneront inéluctablement une augmentation des prix de beaucoup de produits, à l’image des cosmétiques. 

Quant aux promesses du gouvernement de réguler les prix du marché, le Dr Adda Guecioueur constate qu’elles ne sont annoncées que pour une consommation interne. “Le ministre du Commerce ne peut pas réguler les prix, et personne ne peut garantir l’uniformité des prix d’une région à une autre, parce que cela dépend de beaucoup de paramètres, dont le transport”, affirme-t-il.

Reste que l’incapacité des différents ministres du Commerce à juguler la frénésie des prix des produits alimentaires pendant le Ramadhan pose la pertinente question sur la compétence d’un gouvernement qui n’est même pas capable de maîtriser l’inflation des prix, alors que la situation n’est pas nouvelle en soi.

Cette mercuriale si spéciale qui fait de chaque mois de carême un enfer quotidien pour les ménages algériens à moyens revenus est d’autant plus attendue et redoutée qu’elle est cyclique. Donc, le gouvernement a onze mois pour se préparer et proposer des mécanismes de contrôle à même de limiter les marges bénéficiaires prohibitives du marché des fruits et légumes.

Ainsi, chaque année, on assiste impuissant à l’effondrement de toutes les promesses tenues par les responsables algériens quant à des prix fixes, abordables pour la majorité.

À croire que les responsables sectoriels découvrent, pour la première fois, les pratiques scandaleuses d’un marché carnivore quadrillé par une faune de spéculateurs qui multiplient les prix par quatre, voire cinq à chaque événement religieux ou national.

Certes, les pouvoirs publics pointent du doigt l’anarchie qui caractérise ce secteur, mais ils oublient vite que c’est cette déliquescence de l’État qui a encouragé l’émergence d’un véritable empire parallèle d’une économie informelle qui réduit à néant toute tentative de le réguler un tant
soit peu.

 

SAÏD OUSSAD

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