L’Actualité JOUR DE VACCINATION SOUS LE CHAPITEAU À DAR EL BEÏDA

UNE PRISE DE CONSCIENCE À PETITES DOSES

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Lyes MENACER Publié 07 Juillet 2021 à 22:31

© Yahia Magha/Archives Liberté
© Yahia Magha/Archives Liberté

La campagne de sensibilisation, mais surtout la reprise inquiétante des cas de contamination par la Covid-19 semblent avoir eu de l’effet sur l’opinion des Algériens qui sont  de plus en plus nombreux à se rendre dans les centres de vaccination.

Après sa visite médicale, Âami Ahmed (71 ans) patiente une demi-heure avant d’avoir sa première dose de Sinovac sous l’un des chapiteaux réservés à la campagne de vaccination contre la pandémie de coronavirus et installés sur la place Zaouchi-Kaddour à Dar El-Beïda, à l’ouest d’Alger.

“J’ai eu un petit pic de tension. J’ai donc attendu qu’elle baisse pour me faire vacciner”, explique-t-il, souriant, mais un peu étourdi à cause de la chaleur accablante sous ces chapiteaux exigus et non ventilés. Malgré une chaleur caniculaire, Âami Ahmed et une dizaines d’autres personnes âgées ont attendu leur tour pour se faire vacciner.

“Je me sens plus serein maintenant”, explique son ami Mustapha, qui habite le même immeuble que lui à la cité AADL de Bab Ezzouar. “J’ai longtemps hésité avant de me décider. Je dois dire que ce sont mes enfants qui m’ont mis la pression pour le faire avec tout ce qui se dit sur les vaccins. Mais je ne le regrette pas finalement”, dit-il, en rangeant sa carte de vaccination et sa pièce d’identité. “Je le fais parce que mon entreprise me l’a exigé”, explique, pour sa part, Noureddine, la trentaine, technicien dans une société de télécom étrangère.

Noureddine est venu avec deux autres collègues, profitant de la pause déjeuner pour s’inscrire sur une deuxième liste, en attendant l’arrivée d’une deuxième équipe de médecins et d’infirmiers de l’EPSP d’Aïn Taya. Il est presque midi et les gens continuent d’affluer, qui pour se faire vacciner, qui pour se renseigner.

Le mercure continue de monter, atteignant 34° à l’ombre. Mais ce temps caniculaire ne semble pas les dissuader face à une situation sanitaire qui ne cesse de se dégrader depuis quelques semaines, avec un nombre de cas de contamination par la Covid-19 toujours en augmentation, frôlant officiellement la barre des 500 cas par jour.

La patience est de mise, comme chez Âami Omar. “Ils m’ont demandé d’attendre au moins une demi-heure de plus pour voir si je n’aurais pas d’effets secondaires. C’est la procédure ! m’ont-ils expliqué”, nous dit-il, assis à l’ombre. “Il y a deux lits ici, en cas de besoin”, lui dit un infirmière, venue s’enquérir de son état. 

Affluence 
À côté, Manel, la quarantaine, aborde une des deux infirmières mobilisées pour cette opération et lui demande si elle peut s’inscrire sur la liste d’attente et revenir en fin d’après-midi pour se faire vacciner. “Il faut demander au chef du centre !” ui rétorque l’infirmière qui disparaît aussitôt sous l’un des chapiteaux destinés aux visites médicales.

Sa collègue de l’EPSP de Dergana (Bordj El-Kiffan) est plongée dans sa liste de personnes déjà vaccinées, n’ayant même pas le temps de répondre à toutes les sollicitations de citoyens qui l’ont assaillie de questions sur le programme de vaccination, les vaccins et les éventuels effets secondaires qu’ils pourraient provoquer.

Mohamed, le chef du centre, tente, tant bien que mal, d’expliquer à d’autres personnes qui ont l’air pressé que le centre reste ouvert jusqu’à 18h. Il garde un œil vigilant sur le respect du tour de chacun et exige, toujours le sourire aux lèvres, à certains le port correct du masque. “Nous avons ouvert ce centre le 8 juin dernier et nous sommes déjà à 3 088 vaccinés.

Aujourd’hui, je crois que nous avons battu le record avec 156 personnes vaccinées depuis ce matin”, dit-il fièrement, après avoir confirmé ces chiffres chez ses collègues médecins, se réjouissant aussi du fait que toutes les catégories d’âges sont présentes, même si la plupart sont d’un âge avancé.

Mohamed a de quoi être fier de ce bilan journalier dans ce centre qui fonctionne avec deux médecins, deux infirmières et une informaticienne qui alimente le fichier national des citoyens vaccinés, six mois après le début d’une campagne de vaccination que la majorité des Algériens a boudé et l’insuffisance du nombre de doses acquises par l’Algérie pour répondre aux besoins de la lutte anti-Covid.

“Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les gens ont moins peur des vaccins et ceux qui voyagent n’ont pas tellement le choix. Donc, ils viennent se faire vacciner pour pouvoir voyager tranquillement”, souligne Mohamed, tout en essayant, cette fois, de rassurer un quinquagénaire qui hésitait toujours entre l’AstraZeneca et le vaccin chinois Sinovac. “J’ai eu écho que l’AstraZeneca provoquait des thromboses. Je veux bien le Sinovac, mais il n’est pas encore homologué par les pays européens où je dois voyager bientôt”, renchérit Saleh, gérant d’une entreprise spécialisée dans l’agroalimentaire à Blida, en regardant à maintes reprises sa montre et demandant l’avis de son ami s’il était opportun de patienter sous les chapiteaux aménagés en salle d’attente ou revenir avant 18h, l’heure de fermeture de ce centre de vaccination.

Smaïl, ferronnier, a quitté son atelier pour quelques minutes avec l’intention de recevoir une dose de vaccin. Mais la longue liste d’attente pour l’après-midi l’a vite dissuadé. À 13h, une quarantaine de personnes était déjà inscrite, n’ayant pas pu le faire sur la première liste de la matinée. “Je reviendrai avant la fermeture”, dit Smaïl au chef du centre, libérant le passage à des employées de la compagnie aérienne nationale Air Algérie, venues, elles aussi, se renseigner. 

Quel vaccin choisir ?
“Les gens nous interrogent systématiquement sur le vaccin et sur sa probable dangerosité sur leur santé. Mais nous faisons de notre mieux pour les rassurer”, affirme Nadia, médecin, regrettant les mauvaises conditions dans lesquelles travaille l’équipe médicale, à commencer par la chaleur suffocante et le manque d’aération sous les chapiteaux qui font office de salles de vaccination. “La mairie de Dar El-Beïda nous a promis de nous déplacer dans un autre endroit le 17 juillet prochain. Mais c’est encore loin”, affirme Kahina, sa collègue, tout en s’épongeant la sueur du visage avec un mouchoir en papier, avant de reprendre : “La corbeille est pleine et il y a encore deux autres sacs poubelles qui traînent ici depuis trois jours.” Réaction aussitôt de sa collègue informaticienne qui travaille dans ce centre depuis son ouverture.

“Ces poubelles sont là depuis au moins deux semaines. Personne n’est venu débarrasser les lieux de ces déchets médicaux et donner un coup de balai dans cet endroit, censé être un exemple d’hygiène parfaite pour une lutte efficace contre la Covid-19”, affirment en chœur les membres de cette équipe médicale, dont la journée de travail allait se poursuivre dans leur établissement, l’EPSP de Dergana. Outre la saleté visible à l’œil nu, les médecins dénoncent le comportement de certaines personnes qui font valoir leur fonction et statut professionnel pour passer en priorité, alors que la règle est la même pour tous, qu’ils soient jeunes ou âgés, hommes ou femmes.

Toutefois, ces médecins et infirmiers tirent aussi un brin de satisfaction lorsqu’on leur offre de l’eau, du jus et même des roses en signe de remerciements pour leur disponibilité, leur écoute et leur attention, malgré les conditions de travail et d’hygiène qui laissent à désirer. “Une dame m’a offert ce matin ces roses et ce jasmin”, dit Kahina, en ouvrant une boîte en plastique d’où s’échappe le parfum doux et agréable de ces fleurs fraîchement cueillies.
 

Reportage réalisé par : LYÈS MENACER

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